Je commence donc par l’agendas 1991-1992. Mais lui aussi a des particularités : il débute en septembre mais n’est rempli qu’à partir de janvier 1992 (l’agenda précédent va de septembre 1990 à décembre 1991). De ce fait, les premières pages ont été utilisées comme carnet de note et de croquis (d’expositions exclusivement). Voici ces premières pages.


Une autre bizarrerie de cet agenda est que les premières pages montrent des tentatives de colorations abandonnées après quelques semaines.

Voici les 8 premières semaines. Peu de dessins, aucun croquis d'observation. Et une 6e semaine presque illisible, où j'avais, si je me souviens bien, peint la semaine en blanc car je m'étais trompé de page, ou un truc comme ça...

La suite la semaine prochaine, je vais essayer de me contraindre à publier le dimanche.


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Agendas # 1 - 1991/1992

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Alors voilà le rituel du dimanche commence. Je publie 4 semaines de mon agenda. Plus de couleur mais pas encore l'outil définitif (rötring 0,25). Vendredi 28 février, j'ai griffonné une expérience esthétique qui m'a marquée : c'était au musée st Pierre de Lyon, une expo James Turrell. Dans une des salles, il fallait s'asseoir sur une sorte de siège de dentiste qui nous hissait sous une coupole blanche. Puis la lumière puissante et épaisse, comme toujours chez Turrell, passait du rouge au bleu sans qu'on ne perçoive le passage de l'un à l'autre. Une expérience de 10 min en tête-à-tête avec la lumière. Je ne pense pas qu'il soit encore possible de vivre cela aujourd'hui (sans faire la queue 2h, ou être sur une liste select). Et après j'ai acheté un CD des Smiths chez Bouldingue.

Voici les 8 premières semaines. Peu de dessins, aucun croquis d'observation. Et une 6e semaine presque illisible, où j'avais, si je me souviens bien, peint la semaine en blanc car je m'étais trompé de page, ou un truc comme ça...

Voyage d’étude à Rome, nous étions hyper au point sur le programme d’histoire de l’art de l’agrégation, des Caravage plein les yeux, le clair-obscur n’avait qu’à bien se tenir. Mais sur la dernière semaine de l’agenda montrée ici, bordel de merde, c’est le cubisme qui tombe (impasse généralisée, trop marre du cubisme).

Et un petit rappel historique que j’avais oublié, La 5 de Seydoux-Berlusconi (merci Tonton) ferme définitivement son écran le jour où Disney ouvre son Parc à Marne-La-Vallée.

La fin du premier tour de l’agrégation, la mort de Francis Bacon, des émeutes à Los Angeles, une tribune qui s’effondre à Furiani, le voisin qui apprend à jouer « Elisa » de Gainsbourg tôt le matin… et un truc le samedi 9 dont je me souviens encore parfaitement alors que c’est complètement anodin : en sortant du cinéma Saint-André des Arts (je crois), pour voir Persona de Bergman, nous avons croisé Irène Jacob qui était également dans la salle. J’ai noté « déception », je l’avais trouvé très petite. C’est pas gentil.

J’allais beaucoup (beaucoup) au cinéma mais c’est parce que ça me donnait bonne conscience : j’avais choisi l’option cinéma à l’agrégation. Je constate que je jouais souvent au foot aussi, et en regardais pas mal à la TV, sans alibi (pas encore option foot à l’agrégation).

J’avais donc vu « Le crime était presque parfait » d’Hitchcock en relief (?!??)… Et je garde un fort souvenir du concert de Violent Femmes (30 mai), la veille du jour où nous avons trouvé une nouvelle maison à louer, à quelques pas de la Maison des examens d’Arcueil, et l’avant-veille de mon oral désastreux pour l’épreuve de la « Leçon ». 3 semaines plus tard, déménagement dans la mythique collocation « Laplace » et première fiesta improvisée. Début d’une belle série.

Voyage en Inde. Je me tonds le crâne pour la première fois avant de partir, je le regretterai la semaine suivante sous le soleil du Cachemir. Un peu frustré de voir ce voyage avec beaucoup de petites cases et pas beaucoup de dessins. Lundi 27 juillet, n’ai noté « Adorno est con ». Ce n’est pas un jugement péremptoire sur le grand philosophe mais nous avions surnommé ainsi un jeune touriste allemand solitaire qui faisait un bout de chemin avec nous ; il s’était montré particulièrement con et arrogant. Et c’est étonnant comme le séjour à Srinagar ne mentionne nulle part (à l’exception du 30 juillet tout en bas) le contexte inquiétant de la région : barrages militaires partout, explosions, fusillades, regards inquiets de nos hôtes, impossibilité de se déplacer seuls. Nous avions été embarqués là-bas par un réseau de sympathiques et convaincants Cachimiris qui voulaient à tout prix maintenir une activité touristique mais nous n’avions clairement rien à faire là.

Fin du périple en Inde. Ce qui ne se voit pas sur le carnet, c’est que j’avais perdu 7kg. Au retour je note que Michel Berger et Felix Guattari sont morts pendant l’été.

Non mais quelle drôle d’idée de prendre la peine de noter « Mitterand (Grrr orthographe) opéré de la prostate » lundi 14 septembre !!

Le 29 septembre, je consigne « Brésil. F. Color (Grrr orthographe) destitué ». En réalité le président populiste Fernando Collor est seulement poussé à la démission ce jour-là, sans être destitué… Peut-être une connexion magique avec la situation actuelle de Bolsonaro ?

Quelques détails vintage : le 12 octobre j’essaye de réparer l’antenne de la télévision, puis je regarde Bourdieu sur un magnétoscope. Le lendemain je termine ma compilation Divers 13 sur une cassette audio. Samedi 17 octobre, nous allons faire des courses chez Mammouth pour la première grosse fête dans la maison d’Arcueil (où on constate que nous avions suffisamment la forme pour jouer au foot avant et après la bamboche…). L’arrivée de la rentrée universitaire (encore mi-octobre à cette époque-là) me rappelle à quel point ces cours de DEA à Paris 1 St Charles étaient globalement mauvais…

Dimanche 8 novembre, après une série de nuits festives, je note « trop fatigué pour le foot », je regarde Starsky & Hutch à la télé avant de finir la soirée devant un James Bond. Humain trop humain 

La même semaine, j’achetais des CD de Ministry, Cheb Kader et the Frank & Walters (je l’ai écouté en boucle celui-là alors que j’ai rapidement donné le Ministry).

Mardi 24 novembre, je lis Walter Benjamin à la laverie.

Mercredi 2 novembre, séance « Interface » à la Sorbonne (elles existent toujours), avec l’artiste Paul Armand-Gette. Je me souviens que c’était très tendu avec les étudiant.e.s, le « toucher du modèle », les culottes de petites filles, ça avait du mal à passer déjà (tandis que les vieux profs ricanaient en disant que les nouvelles générations étaient décidemment un peu coincées… il y a 30 ans).

Samedi 5 décembre, je confie à mon agenda mon addiction à TETRIS !!

Ce même soir, nous allons rue de Vaugirard dans une « fête bourg’ ». Dans cet immense appartement plein de boiseries, teintures, et lourd rideaux (c’est ça que j’ai griffonné je crois) je me souviens avoir découvert la pratique consistant à exposer, chez soi, des « beaux livres » ouverts sur des sortes de présentoirs idoines. J’ai trouvé cela tellement…fat (ah merde, « idoine », « fat », parler de la vieille bourgeoisie parisienne me fait utiliser du vocabulaire un peu désuet ah ah ah).

Fin du premier agenda.

Pas mal de private joke dans ces dernières pages. Je ne me souviens plus comment mais j’avais récupéré une invitation pour la soirée des 20 ans d’Art Press au Palais de Chaillot. Il y avait deux conférenciers, Pierre Bourdieu qui avait été passionnant comme toujours, et Philippe Sollers qui pérorait dans un nuage de fumée (j’ai noté « chiant »). À en croire mon agenda, Il semble même que j’avais fuis au Mc Do (c’est mal et c’est bizarre parce que je précise qu’il y avait un buffet…). Le lendemain, la séance Interface à la Sorbonne est annulée pour cause d’alerte à la bombe.

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