©

Nouvel agenda, 10 ans déjà. Dans le rabat, mon passeport périmé (la préfecture découpait le coin supérieur droit). Sur la première double page, un autocollant de Próxima estación... Esperanza, récupéré à l’occasion d’un concert/conférence de presse de Manu Chao à Madrid pour présenter son disque (avril 2001).

Comme souvent, les premières pages de l’agenda me servent de carnets de notes, avec ici des idées d’installations, croquis d’expos, listes et adresses…


Vendredi 15 septembre, 5e biennale de Lyon par Jean-Hubert Martin, Partage d’exotisme. Je me souviens d’une scénographie (de Patrick Bouchain) un peu trop présente. Je pense que c’est ici que j’ai vu les tapis de Michel Aubry, et aussi la grande installation de Thomas Hirschhorn où un sombre paysage de guerre en cartons noircis est parsemé de rutilants 4x4 blancs de l’ONU.


Mardi 19 septembre, Hou Hanru croisé à la fondation Paul Ricard, me dit tout le mal qu’il pense de ce « partage d’exotisme ».

Le soir, départ pour Balazuc et son super gîte.


Vendredi 22, l’affaire de la cassette Mery : des révélations concernant des détournements au profit du RPR, enregistrée sur VHS. « Abracadabrantesques » dira Chirac (mis en examen quand même).


Dimanche 24, la Serbie écarte Milosevic du pouvoir et la France votre contre le septennat présidentiel.


Samedi 30 septembre, vernissage de l’expo Pourquoi ? à Heutrégiville. Un groupe d’étudian.t.es des Beaux-Arts (de Reims ?) est à l’initiative de l’expo, dans un grand moulin à blé hors d’usage, sous le parrainage de Camille St Jacques (leur prof ?). Je n’ai aucun souvenir des noms de cette super équipe, c’est bien dommage. Le vernissage se conclu par une mémorable fiesta dans le bar/dancing clandestin du voisin, un fan de Johnny Halliday, maitre en air guitar, et généreux distributeur de ratafia maison servi en jerrican. Ouch !


Lundi 2 octobre, je note 50 morts en Palestine. Je ne sais pas à quoi correspond ce chiffre, mais c’est le début de ce qui sera appelé la seconde intifada. Dans la presse, je lis qu’en 2 jours, 35 Palestiniens et 1 Israéliens sont morts. Déjà. Encore.


contactmailto:mail@ericvalette.net?subject=objet%20du%20courrier
contactmailto:mail@ericvalette.net?subject=objet%20du%20courrier
contactmailto:mail@ericvalette.net?subject=objet%20du%20courrier
 

Agendas # 10 - 2000/2001

actualitéActualite.htmlActualite.htmlshapeimage_8_link_0


Dimanche 1er avril, le taxi qui nous ramène du mariage de Muss et Rachèle nous rappelle que notre enfant à venir est un « don de Dieu ». Call me Joseph.


Mardi 3 avril, Je note discrètement « amniosynthèse Emma  » (pour amniocentèse). La prise de sang de début de grossesse a révélé un risque statistique important de trisomie 21, nécessitant cet examen. Un obstétricien formidable nous explique que les signes visuels rassurants de l’échographie sont plus déterminants mais moins quantifiables que la prise de sang. 


Lundi 8, début du montage de Jeune création à la Villette. J’expose une projection vidéo sur tapis et diapo sur asticots (vivants).


Mercredi 11, en voyant Orlan fendre la foule de badauds du parc de la Villette pour venir au jury Jeune création, je me dis qu’il faut quand même un certain courage pour vivre en elle tous les jours. Antonio Gagliardi gagne le prix Jeune création (dessiné juste au-dessus) et Morgan Tschiember le prix Ricard (photos imitant des polaroïds géants). Le lendemain nous constatons que les pompiers de la Halle ont volontairement cassé un bonhomme en cire de Lionel Scoccimaro. 


Jeudi 12, vernissage, je pense que c’est Jean-Paul Gauthier que j’ai essayé de dessiner (marinière et favoris).


Samedi 14, H-F. Debailleux écrit à propos de l’expo Jeune création dans Libération : « La plupart font dans le sous-sous et les œuvres exposées ont des allures de déjà-vu (version tendances à la mode, avec les peluches par-ci, les prothèses par-là, les bricolages laborieux par ailleurs). Au final la peinture est barbouillée, le concept fatigué, la photo et la vidéo complaisantes ». C’est méchant et assez à côté de la plaque, parce qu’il y a dans cette sélection beaucoup d’artistes qui ont fait du chemin depuis. 


Mercredi 18 avril, Christophe Girard visite l’expo et promet de nous trouver un local. 


Jeudi 19, nous organisons aussi des expositions à Rennes. J’apprends là-bas les résultats de l’amniocentèse : nous attendons une fille qui a tous ses chromosomes là où il faut. Je dors avec Werner Bouwens qui ronfle diablement.


Les asticots doivent être changés régulièrement avant de devenir des mouches. Je stocke dans un frigo de la Villette des boites d’asticots gozzer achetées en magasin de pêche, mais aussi une espèce plus petite… qui se révèle beaucoup trop active. Les gozzer restent tranquillement dans mon installation mais les autres s’enfuient massivement en direction de la lumière, se glissant jusque dans les œuvres de mes voisin·e·s. L’enfer.



Mercredi 25 avril, je dessine la triple projection vidéo Drunk de Gillian Wearing. L’artiste filme dans son atelier des gars qui trainent dans son quartier. Les corps sont maladroits, marqués, au bord de la chute, souvent à la limite de l’endormissement. Je me souviens être à la fois dérangé par le côté freak show de l’installation, et impressionné par l’attention très chorégraphique portée à ces individus que nous préférons ne pas voir, et surtout ne pas accueillir chez soi.


Jeudi 26, départ chez Christophe à Madrid. Découverte de la nuit madrilène, qui commence par une fête chez Isabelle (compagne de Carmelo ?) où on nous jette des glaçons, et se termine au petit matin à jouer au baby-foot dans un bar.


Le lendemain, nous ne sommes pas très frais quand Emma arrive. Le soir, Manu Chao fait une conférence de presse et un concert au Morocco où Christophe arrive à nous incruster. Classe.


Samedi 28, 2e visite au Prado. Emma (enceinte) va se coucher et je continue ma découverte de la nuit madrilène avec une bande de personnes dont je n’ai plus aucun souvenir mais qui doivent être en grande partie des corésidents de Christophe à la Casa Velasquez.


Dimanche 29 avril, je note « La Kabylie en flamme ». L’assassinat d’un jeune lycéen par des gendarmes le 18 avril a déclenché ce qui sera appelé le printemps noir.


Jeudi 3 avril, nous regardons l’événement télévisuel français du moment, Loft Story, tandis qu’Emma a fait une « drôle de quiche » (et lundi 7 mai, une « tarte bizarre »).


Mardi 8, diner chez Gaëtan et Véro, Manu nous pose un lapin (je ne comprends pas les sortes d’ailes que j’ai dessinées derrière Gaëtan).


Samedi 12, petit croquis de l’appart de Tom et Yannick rue de la Réunion.


Mardi 15, nous allons voir Zweiland de Sasha Waltz. C’est un peu triste car je n’en ai aucun souvenir et les images que je retrouve aujourd’hui ne ravivent pas plus ma mémoire. Alors que j’ai encore clairement en tête quelques scènes du Roberto Succo de Cedric Kahn vu 2 jours plus tard.


Dimanche 20, arrivée à Noirmoutier dans notre Twingo de location. La chambre du fils de Nanni Moretti remporte la palme d’or à Cannes.



RetourAgendas.html
AgendasActualite.htmlAgendas.htmlshapeimage_10_link_0


La semaine dernière, je n’ai pas relevé un détail du lundi 2 octobre. Je me suis dessiné souriant au téléphone, c’est-à-dire que j’apprends une bonne nouvelle mais je ne dis pas laquelle. Et je ne l’ai pas écrit non plus rétrospectivement (ce que je fais parfois).


Mardi 10 octobre, je nous dessine triste, Emma et moi, mais je ne précise pas non plus pourquoi. Je ne sais pas si cela est lié au fait qu’à cette période, nous essayons d’avoir un enfant et que ça ne se passe pas aussi simplement que nous l’espérons.


Mercredi 11, Emma doit faire un casting à St Arnoult et la production lui a confié une voiture trop grosse (enfin c’est son point de vue). Elle me sort du lit pour faire de moi son chauffeur du jour. Bonne pâte je suis.


Dimanche 15, décrochage de l’expo à Heutrégiville, ce n’est pas la même ambiance que pour le vernissage. Je suis avec Katerine G, Stéphane et Sophie (qui sont ce deux derniers ?).


Mercredi 18 octobre, nous découvrons une interview de Fabrice Bousteau qui nous énerve. Sur une chaîne du web, le rédacteur en chef de Beaux-Arts Magasine dit qu’il vient souvent au salon Jeune création et que c’est très mauvais, parce que les artistes payent pour exposer… Samedi 21, je prépare un communiqué de presse et le 28, nous profitons de sa participation à un débat à la FIAC, pour distribuer un tract offensif titré « Fabrice Bousteau raconte n’importe quoi ». C’est efficace : l’homme au chapeau nous envoie des excuses et nous négocions un article sur la prochaine expo dans Beaux-Arts.


La veille, je note qu’Emma fait 200 balles de courses à Auchan (200 francs). Sur le site de l’Insee, un convertisseur qui tient compte de l’inflation, informe que le pouvoir d’achat de 200 francs en 2000 est le même que celui de 42,74€ euros en 2023. En 2000, faire des courses pour 42,74€, c’est un truc de ouf (et le caddies déborde). Je veux retourner en 2000.


Vendredi 3 novembre, Adèle et Simon G dorment dans deux couffins suspendus. Je note que Fred (Joao) est « futur papa ». Samedi, je dessine pour Léonie et Robinson. Je souffle ma 31e bougie et l’ambiance est à la reproduction de l’espèce.

Mardi 7 novembre, Emma ne peut pas aller à la fête de fin de tournage du Vélo de Ghislain Lambert de Philippe Harel, alors j’y vais avec Christophe. C’est à l’Étoile, une boite dans un hôtel particulier en face de l’Arc de triomphe (l’Arc, aujourd’hui), et je me souviens juste de Benoit Poelvoorde et José Garcia qui avaient bien soif. Soirée ethnologique.


Samedi 11 novembre, week-end chez Nat&Sylvain dans leur nouvelle grande maison de Millery. Je leur empreinte une tente pour une expo prochaine.


Mercredi 15, préparation d’une installation dans l’église Saint-Germain à Amiens. J’apprends que le service culturel de la ville refuse ma projection sur asticots dans cet édifice désacralisé (j’en avais acheté la veille). Censure !!

Le soir, je vais écouter Wim Delvoye à l’espace Paul Ricard où il projette Sybille, une suite d’irruptions de comédons filmées en très gros plans sur une musique de film érotique. Love.


Vendredi 17, nouvelle exposition au Local 77, la galerie de Jeune création, qui rassemble 4 artistes dont Mélanie Perrier et Isabelle Ferreira, que j’ai recroisées par la suite. J’avais oublié Nora Merniz, qui a fait des études d’infirmière avant d’aller aux Beaux-Arts. Si je me souviens bien, elle présente des photos de malades en gros plans (plaies, blessures, sutures, etc). Je vois qu’elle a écrit par la suite Famille nombreuse, un roman sur ses 7 frères et sœurs algérien·nes vivant en France. Je crois qu’elle a continué dans le médical plutôt que dans l’art. Je ne sais plus qui est la 4e, Vassilia. Visite des époux Toubon.


Jeudi 23, après mes cours, vernissage de l’exposition Élémentaire dans l’église amiénoise, organisée par Sandra Vandremeersch. Les étudiant·e·s viennent en nombre et je me retrouve un peu seul à fermer les lieux, en leur proposant d’emporter des bouteilles pour finir la soirée ailleurs.


Mardi 28, j’achète un CD de Fat Boy Slim ; mercredi, on fait un point sur le site Internet de Jeune création avec Alain K ; jeudi nous allons au Théâtre de la danse ( ?) voir un « Jean-Claude » (je ne connaissais aucun JC à cette époque ??)  et samedi, nous partons danser à St Jean-de-Maurienne.

Fin du week-end devant Urgences avec Emma et Nadia. Routine.



Samedi 9 décembre, soutenance d’HDR de Françoise Coblence. Ce jour-là, Ehud Barak démissionne, début d’une suite d’échecs du parti travailliste israélien.


Dimanche 10, fin de lecture des Grands singes de Will Self. Les premières pages décrivent un monde de chimpanzés dans un vernissage d’art contemporain. Décoiffant.


Semaine du 11, retour intensif au cinéma avec un beau trio Wong Kar Wai, James Gray, Alain Cavalier.


Mercredi 13, Georges W. Bush (fils) élu président.


Samedi 16, réunion de profs à La Coupole (!?) puis visite au CNP de Bruit de Fond (titre emprunté au roman de Don DeLillo qui m’a tant marqué) par F. Piron. J’ai souvent parlé en cours de Tian’anmen 69, vidéo de François Nouguiès découverte dans l’expo. L’artiste se plante devant le bus 69 et filme les réactions, dehors et dedans (avec une caméra complice parmi les passagers). La violence grandissante des réactions est assez terrifiante. Je me souviens de beaucoup d’autres œuvres de l’expo, dont une vulve géante de Wang Du un peu ratée, les dessins de mémoire de Vic Muniz, Gianni Motti, Allan Sekula, Martha Rosler…


Mardi 19, Emma fait beaucoup plus la fiesta que moi ces derniers temps (le 16, le 18, le 21) et je me dessine en ménagère énervée qui attend son mari avec un rouleau à pâtisserie… Je prends ça à la rigolade sur l’agenda mais j’étais plutôt préoccupé… Je vois d’ailleurs que je me dessine souffrant de maux de ventre toute la semaine.


Dimanche 24 décembre, visite de l’expo Au-delà du spectacle (Debord et Vaneigem mis sous cloche) dans un Centre Pompidou presque désert. Je dessine My Lonesome Cowboy de T. Murakami mais il y avait quelques pièces plus marquantes dans l’expo, comme celle de Paul McCarthy qui fait le lien entre Disneyland, Las Vegas et l’Allemagne nazi.


Mardi 26, départ en montagne, à Combloux (chez Cécile) et à Domancy (location). Je dessine Cyril plié par une colique néphrétique (pas néfrétique) qui l’envoie aux urgences.


Dimanche 31, premier essai de snowboard avec Christophe. Nous mettons 2h à descendre une piste bleue en tombant à chaque virage. Après une saucisse-frites en haut des pistes, nous re-tentons une descente et tout va mieux.

Le soir, un petit groupe de gars commence la soirée chez Dudu, un bar de Combloux… et arrive très tard pour « notre » réveillon, non sans petites tensions…







Jeudi 24, journée grise à Noirmoutier achevée par le pénible Destin d’Amélie Poulain.


Samedi 26, je place une feuille de papier sur une souche qui abrite une grosse fourmilière et filme l’invasion progressive de la surface. Je me servirai de ces images pour une installation vidéo prochaine à Toulouse.


Mardi 29, Annick m’apprend par mail qu’elle attend un 3e enfant.


Jeudi 31, je représente Jeune création au Ministère de la culture pour une réunion de la fédération des Salons de Paris, avec les dinosaures des salons d’Automne, des Indépendants, Réalités nouvelles, etc. C’est « chiant à mourir » écris-je. Le soir, anniversaire de Julien à l’Association.


Vendredi 1er juin, nous représentons pour la première fois la FRAAP dans une réunion du CIPAC aux Beaux-Arts de Paris, avec les Kamarades Antoine P. et Katerine L. Nous en profitons pour faire un tour dans l’expo annuelle des Félicités.


Mercredi 6 juin, signature du B.A.T chez l’Harmattan (publication de ma thèse).


Dimanche 10 juin, le méchoui familial à Châtelus tombe à l’eau pour cause de pluie insistante. Abdel découpe la bête et on fait griller la viande au barbecue sous une bâche.

Chez Nat et Sylvain, Emma C se cache dans le panier en osier et nous faisons semblant de ne pas voir le chapeau qui bouge à son sommet. Drôle.


Mardi 12 à Lyon, tournée des potes et de leur nouvelle progéniture : nous découvrons la maison avec piscine de Pierre et Christine à Diémoz ; puis faisons connaissance de Violette C avant de fêter une 3e fois l’anniversaire d’Emma chez Dom et Didier. Propriétés, enfants… nous vieillissons.


Samedi 16, crémaillère de Violaine&Bruno et Karine&Fabrice dans leur maison de Montreuil. Cette fête deviendra un rendez-vous annuel. Nous (qui ?) ramenons Emma dormir et repartons danser all night long. Je rentre en moto avec Tom et j’ai l’impression d’avoir toujours le casque sur la tête au réveil.


J’ai quand même le courage d’aller au foot à Cachan l’après-midi. Nous jouons avec un groupe déjà présent sur le terrain, parmi lesquels se déclenche une bagarre qui finit en poursuite avec un gros bâton d’après mes souvenirs, même si ce que j’ai dessiné ressemble plus à une machette !





Jeudi 23 août 2001, l’été parisien est caniculaire.


Vendredi 24, nous allons à la piscine pour nous rafraîchir et soulager Emma dans sa fin de grossesse. Je me souviens avoir donné ce jour-là maladroitement un grand coup de pied dans son ventre. Oups pardon Mia.


Lundi 27, je termine une compilation de musique (zen) du monde qui nous accompagnera pendant l’accouchement.


Mardi 28, Emma a des contractions toutes les 7 minutes, mais elle veut manger de la purée-jambon avant de partir à la clinique. Je cours faire quelques courses, prépare le dîner et nous prenons un taxi pour faire le petit kilomètre qui nous sépare de la clinique des Bluets. A l’arrivée, Emma vomit sa purée-jambon.


Mercredi 29 août, après une longue nuit de travail mais aussi de somnolence (on m’avait posé un matelas au pied du lit), naissance de Mia à 7h38. Je la dessine avec sa jolie tête de tatare et sa petite cicatrice sur la joue.


Lundi 3 septembre, Mia arrive à la maison et j’ai l’impression d’être passé de l’adolescence à l’âge adulte en quelques heures.

Stéphane me conduit à la gare en moto pour aller faire passer un examen de rattrapage à Amiens, dont j’invente le sujet dans le train. Le soir Julie nous apporte des tomates farcies et ça c’est gentil !


Mercredi 5, mes parents nous donnent leur voiture. Un enfant+une voiture la même semaine, pas de doute je suis passé de l’autre côté de la barrière.

Et voilà, je critique les gens qui publient des images de leurs enfants sur les réseaux (gnagnagna les enfants mignons gnagnagna) et je vais commencer à publier chaque dimanche mon agendas remplis de dessins de Mia. Je ne me lasse pas de regarder les deux croquis de cette dernière double page. Je suis devenu adulte et neuneu, for ever.


Fin de l’agenda n°10. La couverture (déchirée) est une vue de l’immeuble d’en face. Dans le revers de l’agenda, une carte de visite de Selima optique, magasin de lunettes dans le Marais où travaillera Hervé l’année prochaine.

En ce premier jour de l’année 2001, mon corps tout entier me rappelle les joies du surf.


Mercredi 3, nous restons avec Emma dans le chalet de Cécile, dessiné ici, face au Mont Blanc et aux fascinantes grandes Jorasses. Après une journée de ski, il se met à neiger, puis pleuvoir. Je n’aurais donc pu m’essayer au snowboard qu’une seule journée… et je ne vais jamais plus avoir l’occasion de recommencer.


Jeudi 4, je note qu’Emma croise F. Barthez et L. Evangelista dans un 4X4… Peu probable car le couple est séparé depuis 1999.


Lundi 8 janvier 2001. Emma m’apprend qu’elle est enceinte. Je ne l’ai pas écrit ce jour-là : je me suis dessiné sourire au téléphone, et ajouté l’information quelques semaines plus tard.

Il est clair que les premières semaines de la future Mia furent secouées, enfumées et alcoolisées. La pluie a finalement permis d’éviter des chutes de ski. Merci Éole !


Samedi 13, nous terminons dans le bar africain clandestin de la rue Sainte Marthe. La grossesse d’Emma, encore secrète, ne limite pas nos soirées parisiennes…


Lundi 15, « réunion Post ». Post était un journal d’actualité de l’art contemporain, disponible gratuitement dans les galeries, à l’initiative de l’artiste Camille Saint-Jacques. Il est question d’un entretien sur Jeune création. Je crois me souvenir qu’un des rédacteurs présents est David Cascaro, ensuite passé par le Palais de Tokyo, la Hear, le Centre Pompidou. Je ne trouve aujourd’hui aucune trace de ce journal mensuel, sauf 2 images sur le site de C. St Jacques. Oublié.


Mardi 16, je me dessine à mon bureau tandis qu’Emma prend très au sérieux son début de grossesse en restant au lit. Ce jour-là, Laurent-Désiré Kabila est assassiné.


Lundi 22, une étudiante apporte un rongeur (chinchilla ?) et le pose sur une table de l’atelier. La bête, confiée par une amie, essaye de s’enfuir alors elle l’attrape par la queue qui lui reste dans la main. Oups.


Mercredi 24, réaménagement de mon atelier : ranger, repeindre, acheter un iMac, puis monter un bureau (le 26).


Vendredi 26 janvier 2001, la terre tremble dans le Gujarat. Qui s’en souvient ? Moi pas. Il y aurait eu autour de 20 000 morts. La mémoire collective des événements se fiche du nombre de morts. Oublié.





Mercredi 31 janvier, Alfred Sirven, l’ex numéro 2 de l’entreprise Elf (depuis fusionnée avec TotalFina) est arrêté aux Philippines. Il a détourné des centaines de millions (de francs), soudoyé la maitresse de Roland Dumas et abreuvé les régimes amis de la Françafrique via des paradis fiscaux. Beurk.


Vendredi 2 février, encore un truc du siècle dernier : opération 18 h / 18 francs.


Mardi, Ariel Sharon, le responsable du massacre de Sabra et Chatila, est élu premier ministre en pleine seconde intifada. Beurk beurk.


Samedi 10, je fais la queue à la poste pour retirer une grosse somme d’argent. Le frère de Ouafi me vend un vidéoprojecteur « tombé de camion ». Les appareils étaient encore très chers à l’époque et je vais pouvoir travailler avec pour mes installations.

Mardi 13 février 2001, j’achète chez H&M un sweatshirt avec un 8 brodé, qu’Olga porte aujourd’hui, 22 ans plus tard ! Faire durer la fast fashion !


Samedi 17 février, 900 kurdes clandestins échoués à St Raphaël. Je n’ai aucun souvenir de cet événement. François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, déclare alors : « Il ne faut pas leur donner l’illusion et l’espoir d’une intégration dans notre pays car ce serait une formidable incitation à tous les trafics ». Beurk beurk beurk.


Samedi 17 toujours, je dessine la vidéo performance Chrysalide d’Adel Abdessemed où l’artiste détricote une burqa noire dévoilant peu à peu le corps nu de celle qui la porte.


Dimanche, Pascal nous fait une de ses légendaires sortie de terrain théâtrale.


Lundi 19, Emma commence à travailler au casting du prochain film de Cédric Klapisch.

Ce soir-là j’apprends que ma grand-mère Joséphine s’est cassée le col du fémur. Le lendemain, je visualise pour la première fois le corps qui grandit dans le ventre d’Emma. Êtres fragiles.

En sortant de cette première échographie, assez bouleversés, nous allons manger chez Prune et je me souviens qu’il y avait Roschdy Zem à la table d’à côté.

Mardi 27 février, l’Angleterre brûle des milliers d’animaux en réponse à une épidémie de fièvre aphteuse, peu de temps après la crise de la vache folle.


Mercredi 6 mars, seconde journée du colloque « La fonction critique de l’art » avec Sarkis (dessiné ici à côté de Françoise Coblence je pense). Je me souviens du retour en train avec Elisabeth Lebovici mais pas que Camille Saint-Jacques était parmi les intervenants.

Les journées sont denses entre les cours, le travail pour Jeune création, la préparation des expos à venir, la publication de ma thèse… Je rate me train jeudi 1er mars et jeudi 8 mars, c’est un signe.

Autre signe peut-être, je n’ai absolument aucun souvenir de la pièce October 13th de Sam Louwyck vu le samedi 10. Je reconnais bien l’esthétique des Ballets C de la B du génial Alain Platel dans mon dessin (guitare etc.) mais cela n’évoque aucune autre image. Effacée.


Jeudi 15 mars, une étudiante se sent mal dans ce bizarre cours « théorie pratique » inventé par mon toxique collègue Boris E. Il s’agissait d’entendre chaque étudiant·e·s de première année parler d’un de leur travail pendant 30 minutes, une fois par semestre. Ils·elles étaient terrorisé·e·s et pendant des années, Boris a occupé une part importante de son service dans ce face-à-face dont la note était souvent déterminante. Pour la première année, il accepte qu’un autre enseignant partage ce cours.


Vendredi 16, l’espace Paul Ricard a gentiment proposé d’accueillir une conférence de presse pour présenter la prochaine exposition Jeune création. Je ne suis pas certain qu’il y ait eu même un seul journaliste.


Le lendemain au contraire, l’amphi des Beaux-Arts est plein pour la réunion préparatoire de l’exposition : rencontre avec les artistes (enfin ceux de la région), présentation du fonctionnement horizontal de Jeune création, écoute des demandes particulières, premier plan d’accrochage.


Dimanche 18, Delanoë est élu maire de Paris.


Lundi 19, j’imprime mon tapuscrit et l’envoi chez l’Harmattan le lendemain. Ça, c’est fait.


Vendredi 23, j’apprends que la SEMAPA, qui héberge le local de Jeune création et sa galerie, nous vire en septembre prochain alors que nous faisons les démarches pour créer un emploi jeune (qui impose un local). Ça, c’est pas fait.


Dimanche 25, anniversaire surprise de Thomas, qui ne l’amuse pas du tout.

Lundi 18 juin, inscription en crèche à la mairie, samedi 23, achat d’un lit et d’une table à langer, mercredi 27, repérage de maxi-cosi. Oulala ça devient sérieux.


Mardi 19, réunion de la fac à la Villette. Pourquoi là-bas ?


Mercredi 20, nous rencontrons une attachée de Presse pour Jeune création. Je ne sais pas si c’est elle, mais nous avions eu la candidature spontanée d’une certaine Baya Kasmi, qui depuis est devenue cinéaste.

Le soir, fête de fin de tournage de L’auberge espagnole à la Guinguette Pirate (Emma a travaillé sur le casting). Je note que nous rentrons avec « Fleur », je ne sais plus qui c’est mais juste qu’elle habitait vraiment en face de chez nous. Et que nous ne l’avons plus jamais revue.


Dimanche 24, création officielle de la FRAAP chez Immanence (qui manque de chaises).


Jeudi 28 juin, la sage-femme dit à Emma qu’elle ne doit plus trop bouger. Elle peut partir à Noirmoutier mais ensuite, repos.

Samedi 30, l’escalier de la maison de Noirmoutier est gagné par la végétation comme jamais.


Lundi 2 juillet, j’emmène Emma à la plage avec la Diane des grands-parents (et plusieurs fois ensuite) !


Vendredi 6, nous libérons la poule et le canard enfermés par Ben dans le poulailler depuis trop longtemps sans nourriture suffisante. Trop tard. Le lendemain, nous retrouvons la poule morte, alors que mercredi 11, le canard baptisé Kinkin fait des conneries.


Vendredi 13, visite de la 6e Biennale de Lyon aux Subsistances, co-commissariée par Yvane Chapuis (que je ne connais pas encore). Je dessine le sport aux règles obscures de la vidéo Infinity d’Uri Tzaig. Et aussi un Barrage de Steve McQueen qui photographie les morceaux de tissus ou de moquette utilisés dans la rue pour guider l’eau vers les égouts. J’y pense chaque fois que j’en croise sur un trottoir parisien.


Samedi 14 juillet, crémaillère de Pierre et Christine à Diemoz. Nous faisons, sous la pluie, un concours de ricochets dans la piscine avec des capsules de bière et Eric C « veut dormir sur l’eau ». C’est moche.


Dimanche 15, retour à Nantes en train de nuit (il existait encore !).

Lundi 16 juillet, je retrouve Emma, reine-de-la-chaise-longue à Noirmoutier. Une goutte d’encre de chine s’invite sur la plage, maudit Rotring !


Vendredi 20 juillet (et pas 21), Carlo Giuliani a été tué par la police en marge du sommet du G8 à Gênes. Les altermondialistes (dit-on encore ça aujourd’hui ?) sont très violemment réprimés dans « la plus grande violation des droits humains et démocratiques dans un pays occidental depuis la 2nd guerre mondiale » écrit Amnesty International. C’est un peu devenu une habitude depuis non ?


Dimanche 22, nous quittons Noirmoutier pour une dernière échographie. Le mois d’août sera parisien dorénavant.


Lundi 23 juillet, je note « Mia trop prête ». Elle s’appellera donc Mia. Je ne me souvenais pas que nous avions dévoilé le prénom choisi avant sa naissance !


Jeudi 26, mon livre La perspective à l’ordre du jour. Fonctionnements symboliques et esthétiques de la perspectiva artificialis est imprimé !!


Samedi 28 juillet, j’emprunte le scanner d’Anne-Ga pour commencer ma série Les figurants, ou j’isole et agrandi toutes les personnes anonymes présentes dans les cartes postales touristiques que je collectionne. L’artiste Mathieu Pernot aura la même idée (série Les témoins, 2006) et l’exposera avant moi. Tant pis !


Mercredi 1er août, je ne comprends pas bien pourquoi j’ai tant de choses à emporter à Noirmoutier… Suffisamment en tout cas pour louer un camion et faire l’aller-retour. J’ai un souvenir assez précis de cette partie de pétanque avec Franck, Joël et Didier jeudi 2 août, sur le terrain de l’Herbaudière à côté de la poste.


De retour à Paris, je dessine le salon et le bazar pendant le tournage de la vidéo Love Train 3 ou 4.


Lundi 6, gros ménage ; mardi 7, repérage de poussette ; mercredi 8, nettoyage des vitres et séances « à propos de la douleur » à la clinique des Bluets ; jeudi 9, séance « derniers conseils » à la clinique des Bluets… Sur les starting block.


Vendredi 10 août, 5e semaine consécutive où je dessine Emma alitée. C’est ce qu’on appelle « attendre un enfant ».