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La page de garde est couverte de traits de Rotring (pfff, ça se bouche tout le temps) et décorée de timbres. Comme d’habitude, les premières pages recueillent quelques notes et un petit croquis de Mia qui dort sur la plage de Mayotte.

L’agenda commence lundi 10 septembre. Ce jour-là, nous apprenons que la veille, de faux journalistes d’Al-Qaïda qui vivaient à Bruxelles, équipés d’une caméra de France 3 volée à Grenoble, se font exploser en interviewant le commandant Massoud en Afghanistan.


On dit souvent : tout le monde se souvient où il était le 11 septembre. Alors voilà, Nous sommes chez nous, dans cette suspension vaporeuse qui suit l’arrivée d’un premier enfant. André et Armande sont venus de Noirmoutier visiter leur arrière-petite fille. Je crois me souvenir que ce sont eux qui reçoivent un appel d’Hervé, depuis New-York. Il y a une catastrophe en cours mais il va bien. Nous allumons la télévision et regardons en direct la chute des tours du World Trade Center. Nous restons assez longtemps devant l’écran, sonné. Puis Mia se réveille, la vie reprend et nous trinquons à sa naissance. Avec ce dessin qui prouve que nous ouvrons le champagne le 11 septembre 2001, je vais être fiché S !


Jeudi 14, je décide d’arrêter pour un temps le foot chronophage du dimanche pour faire du badminton en soirée.


Samedi 15, Massoud est officiellement déclaré mort.


Vendredi 21, l’usine AZF explose à Toulouse, tuant 31 personnes et blessant plus de 2500. Je ne me souvenais pas que c’était aussi proche de l’attentat new-yorkais.


Dimanche 7 octobre, visite de la rétrospective Dan Graham au Musée d’Art moderne. Ce jour-là, les Etats-Unis appuyés par 40 pays bombardent l’Afghanistan des talibans qui ont soutenu et héberge Oussama Ben Laden. L’opération s’appelle Enduring freedom : Liberté immuable.


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Samedi 30 mars 2002, suite à des d’attentats en Israël (22 morts) les unités spéciales d’Ariel Sharon attaquent le siège de l’autorité palestinienne à Ramallah pour « détruire l’infrastructure terroriste ». Quand les chars repartent après 6 mois de siège, sans avoir capturé les « terroristes », il ne reste plus qu’une seule maison de la Mouqataa, celle des appartements privés de Yasser Arafat. Tout le reste est en ruine. C’était il y a 12 ans. J’écris cela alors que l’armée israélienne occupe Gaza et massacre ses habitants, pour « détruire l’infrastructure terroriste ».

Dans la nuit du mardi 2 avril, une étagère pleine de documents (dont plusieurs exemplaires de ma thèse) s’écroule sur mon bureau, déformé sous le poids. En journée, j’aurais été dessous ?

Jeudi 4, retourner au cinéma en matinée et à tour de rôle. Aujourd’hui c’est mon tour pour le grand Hou Hsiao Hsien. L’après-midi nous découvrons l’installation Nowhere-Lands de Jan Kopp (qui n’était pas encore un ami). Deux espaces délimités par des cloisons constituées de disques 33t abritent chacun une platine et quelques coussins invitant à l’écoute. Un fil tendu relie les bras de chaque platine et la mélodie est ainsi déformée par le mouvement de l’autre disque. Dans mon souvenir il était possible de choisir des disques et changer la musique. Nous y avons passé pas mal de temps avec Mia.

Vendredi 5, j’ai peu de souvenir de Images of Affection de Jan Lawers. Je vois aujourd’hui que Tijen Lawton était sur scène, je ne la connaissais pas encore. C’est drôle, en deux jours, j’ai croisé le travail de deux artistes, Jan et Tijen, avec qui je collaborerait bien plus tard.

Samedi 4, nous arrivons dans la maison des grands parents d’Emma à l’Herbaudière (dessinée ici) avec vue sur le port (dessinée la semaine suivante).

Dimanche 21 avril 2002. Le fameux « 21 avril ». Le Pen est au second tour de l’élection présidentielle, Jospin est dans les choux. C’est depuis cette date que commence la grande farce électorale, où nous (enfin je) votons pour le pitre qui nous évitera de voir gagner le pire.


Samedi 27 avril, je suis resté longtemps à marcher sur Lava floor installée par Ólafur Elíasson au Musée d’Art moderne, parce que Mia que je portais en porte-bébé aimait beaucoup le son des pierres de lave. C’est la première fois que je vois le travail de celui qui deviendra une star de l’art contemporain, avec l’impression d’être au Palais de la découverte… Ooh un éclair, aah une tornade !

Mercredi 1er mai, la traditionnelle manifestation se transforme en mouvement contre le FN. Beaucoup de manifestants portent le journal de Libération du lundi 22 avril, où s’affiche un grand NON. Nous avions hésité et n’étions pas totalement rassurés de venir avec Mia sur le ventre.

Vendredi 3 mai, Jeune création expose à Rennes, je dessine la belle installation de Séverine Cauchy et Nathalie Tacheau au Centre Culturel Colombier.

Samedi 4, j’écoute à la radio la victoire de l’OL sur Lens, qui sacre le club champion de France ce qui me met en joie. Aujourd’hui je pense que j’en aurais relativement rien à foutre.

Dimanche 5, Chirac est élu à 82 %. C’est rassurant et inquiétant à la fois.

Mardi 7 mai, nous ne sommes que deux à être auditionnés pour le poste de Maître de conférence à Amiens, Yann Toma et moi. Nous rentrons ensemble en train et je me souviens que Yann s’était acheté 3 ou 4 pains au chocolat. Grosse faim. Il aura le poste à Paris 1, moi celui d’Amiens. Je jouais à domicile.

Jeudi 8, nous partons en train à Collioure, où j’ai plein de souvenirs d’enfance car j’y allais chaque année au printemps où en automne, quand la foule touristique a un peu déserté. Des fois, Collioure me manque.

A notre retour mercredi 15, nous allons voir (But if a Look Should) April me de Anne Teresa de Keermsaeker.

Dimanche 19, nous allons fêter les 30 ans d’Etienne chez Alexandra. Je ne me souviens plus s’ils étaient séparés déjà ni où habitait Alexandra. Je n’ai aucun souvenir de cette soirée.


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Le 9 octobre 2001, des sénateurs américains reçoivent des enveloppes contaminées à l’Anthrax avec ces mots : « 11 septembre 2001, vous ne pouvez pas nous arrêter. Nous avons cet anthrax. Vous allez mourir maintenant. Vous avez peur ? Mort à l'Amérique. Mort à Israël. Allah est grand ». L’auteur de ces attaques qui tuent 5 personnes ne sort nullement des rangs d’Al-Qaïda. Bruce Ivins est un scientifique militaire américain fragile, qui se suicide en 2008 pour échapper à son arrestation.


Vendredi 12 octobre, Guillaume quitte l’Association. L’ambiance était un peu bizarre, je n’ai jamais bien compris si c’était volontaire ou subi. Je dessine JC Menu qui sourit dans le coin et Christophe qui fait la gueule de l’autre côté.


Samedi 13, je dessine l’installation vidéo interactive (produite par le Fresnoy) de Magali Desbazeille, qui enseigne chez nous, dans l’expo Appellation d’Origine Non Contrôlée à la Maison de la Culture d’Amiens. Des passant·e·s marchent sur un plafond de verre filmé·e·s par en-dessous. Lorsqu’on les suit, on peut entendre leurs pensées, un peu comme font les anges des Ailes du désir.


Lundi 15 octobre, Hervé revient de New-York et offre à Olga une sorte de turbulette en forme de poule qu’elle n’aime pas du tout.


Vendredi 26, bouffe chez Éric C, avec Christophe, Cécile et Merja… À en croire les petits cœurs que j’ai placés au-dessus de la tête de E&M, c’est le début d’une love affair (qui dure encore aujourd’hui).


Mercredi 31 octobre, visite du Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie, Porte Dorée. L’exposition sur l’imagerie des mers du sud, Kannibals et vahinés, revient sur la construction d’une iconographie fantasmée et stéréotypée, née dans le sillon des navigateurs coloniaux Bougainville ou La Pérouse. Ce n’est pas si fréquent que la littérature populaire, la BD, les illustrations, les cartes postales et les produits de consommation s’exposent dans un musée. J’ai le catalogue dans ma bibliothèque.


Samedi 3 novembre, mort du brillant historien de l’art Ernst Gombrich. J’avais eu grand plaisir à être en désaccord avec lui dans ma thèse (il n’en a jamais rien su évidemment).


Lundi 5 novembre, Emma m’offre un graveur de CD pour mon anniversaire. Wouhou c’est la fête . En plus il ne marche pas ah ah (samedi 10).


Samedi 10, l’Alliance du Nord (de feu Commandant Massoud), soutenue par l’aviation américaine, reprend aux Taliban la ville stratégique de Mazâr-e-Sharif au nord de l’Afghanistan. C’est le début d’une reconquête qui aboutira à la prise de Kaboul sans combattre, mardi 13 novembre.


Samedi 17 novembre, vernissage de l’expo La Micro au Local de Jeune création, concept bricolo farfelu d’exposition itinérante de micro-œuvres, concoctée par Jean-Michel H. Alain K nous fait du vin chaud et c’est la première fois qu’il est dessiné sur mes agendas je crois.


Mardi 20, je découvre dans la Galerie chez Valentin un des blockbusters de l’art contemporain de l’époque, la très réussie vidéo Vider Paris de Nicolas Moulin. Dans cette petite tournée des galeries du Marais, nous voyons aussi Claude Levêque chez Yvon Lambert et Vic Muniz au-dessus (galerie Xippas).


Dimanche 25, nous décidons de laisser Mia dormir seule et changeons de chambre pour occuper définitivement ce qui était jusque-là mon atelier. Séparation déchirante (pour Emma d’après mon dessin).

Je pensais que sur ce croquis, Mia était sur mes genoux mais je suis gaucher, donc je n’ai pas pu dessiner ma main gauche… c’est donc la main d’Emma.


Samedi 1er décembre, Pascal S soutient sa thèse (comme pour Sébastien, je n’arrive que pour le pot, c’est un peu cavalier). Anne-Ga et Paco dorment dans le salon, Mia dans sa chambre et Emma finit la nuit dans le placard parce qu’elle tousse et ne veut déranger personne. Drama queen ou sens du sacrifice ?


Dimanche 2 décembre, je me brûle la langue… bon OK là on atteint un sommet dans la banalité de l’information, mais d’une part, avec un bébé de 4 mois, la vie quotidienne perd un peu de coloration aventureuse, d’autre part je déteste vraiment me brûler la langue quand je cuisine. Mais alors vraiment.






Les 7, 8, 9 décembre, nous découvrons comment l’endormissement peut être une arme de guerre. « Mia chiante » osais-je écrire. Lundi 10, nous décidons de résister aux pleurs de l’apprentie tyran. Et « ça marche » !


Mardi 11, Hideo Morié fait une très belle installation dans l’espace Paul Ricard (prix de la dernière expo Jeune création), imposant son esthétique et sa pratique de chantier dans la suffisance bourgeoise de la rue Royale. Efficace.


Mardi 18, nous partons en Corée avec Kang-Ok, invités par Mr Kim de la galerie Artswill à Séoul, pour un projet d’exposition Jeune création. C’est une drôle de semaine, où je découvre trop vite une ville assez infernale. Tous les jours, nous parlons avec Mr Kim des conditions de cette exposition à venir et tous les jours, je sors sans aucune des informations que j’aimerais obtenir.


Mercredi 19, nous terminons la soirée dans un bar où nous buvons beaucoup de bière ce qui n’aide pas à comprendre les possibilités d’exposer.


Jeudi 20 décembre, nous déclinons l’invitation de Mr Kim à poursuivre à nouveau la soirée dans un bar. Kang-Ok m’explique plus tard que ce refus était très impoli. Que le lendemain, à coup sûr, Mr Kim nous proposera une fois encore d’aller boire avec lui. Que je pourrai refuser parce ce que je suis étranger et qu’on me pardonnera cette rudesse. Mais que lui ne pourra pas. Et c’est ce qui s’est passé, Kang-Ok a dû honorer l’invitation bien malgré lui, et je l’ai entendu rentrer tôt le matin, ivre. « C’est une des raisons qui fait que je ne veux plus revenir en Corée » m’a-t-il dit au réveil. Il semble pourtant y vivre aujourd’hui.

Au final, j’ai compris que Mr Kim savait depuis toujours qu’il n’y aurait pas d’exposition (trop cher, trop loin) mais qu’il n’était pas possible de nous le dire. Il fallut donc un voyage puis une semaine de discussion pour enterrer ce projet sans avoir à dire non. Un peu fatiguant quand même.


Vendredi 28 décembre, je dessine le salon de la maison de mes parents à Pomeys, avec Mia et Emma, sur toute la semaine de l’agenda, ce qui n’était pas si fréquent (je le fais plus régulièrement maintenant).


Vendredi 28, Mia rencontre sa jumelle Fanny !


Vendredi 24, Mia n’a pas trouvé la marche à quatre pattes mais elle se déplace partout et rapidement en vol yogique, qui devient légendaire (j’en fait un petit film mercredi 29).

Samedi 25 mai 2002, depuis cinq ans, plusieurs galeries parisiennes ont déménagé rue Louise Weiss dans le 13ème, dont la galerie Almine Rech qui présente James Turrell. Un simple coin de mur éclairé produit une lumière épaisse qui gomme les volumes et trouble la perception. Magique comme souvent. 

Le soir, Alain K inaugure sa cuisine rose par une grosse fête où nous emmenons Mia qui reste dormir au-dessus du salon. Nous avions placé le babyphone pour être alerté en cas de pleure… mais le babyphone clignotait au rythme de la musique (Alyzée plus précisément). Drôle. 

Dimanche 26, heure de gloire de Guillaume et ses Passagers, qui pendouillent en façade du Centre Pompidou !

Mercredi 5 juin, première escapade en amoureux depuis la naissance de Mia (confiée à mes parents). Je pose pour la première fois les pieds en Belgique, où Emma a passé une partie de son enfance et je suis un peu déçu par les fameuses croquettes et fricandelles dont elle me parle depuis si longtemps. 

Je me souviens de la cabine téléphonique où nous avons téléphoné à mes parents pour savoir comment allait Mia sans nous : bien.

Magnifique expo Jan Van Eyck, les primitifs flamands et le sud au Groeningemuseum de Bruges. Retour par Gand où nous restons 2h devant le retable de l’Agneau Mystique. Van Eyck is my Religion. 

Samedi 8, avant-première du film L'auberge espagnole pour lequel Emma a bossé au casting.

Jeudi 13 juin, vernissage au Plateau. Ma vidéo Love train 3 est diffusée dans la vidéothèque mobile de Fabrice Gygi. 

Dimanche 16, vague bleue aux législatives, le RPR fondu dans l’UMP Chirac capitalise la victoire de Chirac contre Le Pen pour une Assemblée très à droite (mais sans élus FN). 



Nouvel an, première fête depuis que nous sommes parents, dans la maison de Fred/Joao à Ancy. Pas beaucoup de changement finalement, Joël tombe de sa chaise (à cause du vent ??), nous faisons la chenille sur Le petit bonhomme en mousse (3e degré bien sûr, hein bien-sûr). Et le lendemain c’est un peu plus dur qu’avant.

Ah oui tiens, le 1er janvier 2022, on passe à l’Euro !


Ces premières semaines de 2002 sont assez répétitives et ça donne des pages d’agenda un peu fades.

L’expo Jeune création se prépare avec la traditionnelle AG dans l’amphi des Beaux Arts samedi 12 janvier. Parallèlement je prépare une installation vidéo un peu énigmatique à partir d’une prise de vue des grandes Jorasses, une carte postale projetée et filmée, la chanson Étoile des neiges que fredonne et des skis trouvés dans la rue sur lesquels j’ai dessiné une séquence de Ric Hochet qui fait du ski.


Lundi 14, Hervé revient de New-York pour un petit séjour parisien.


Jeudi 17 janvier, après six ans de lutte, Le Plateau ouvre pour seulement 4 jours. Ce centre d’art (associé à une crèche et des logements) est une vraie victoire contre un programme immobilier de Bouygues, par une association de quartier et l’artiste Éric Corne qui en prend la direction. Le vernissage est un tel succès que nous n’arrivons pas à entrer.


Nous y retournons samedi 19 mais je n’ai aucun souvenir de l’expo. Le lieu doit accueillir une fois par an les collections du FRAC île-de-France… qui phagocytera l’espace quelques années plus tard.


Lundi 21 janvier, naissance de mon neveu Siméon. Ce jour-là est inauguré le Palais de Tokyo, deuxième nouvel espace d’art contemporain à Paris en une semaine (à l’origine les inaugurations du Plateau et du Palais de Tokyo devaient être simultanées pour que le petit profite de la communication du grand… mais finalement le Palais de Tokyo a retardé l’ouverture et le Plateau n’a pas pu suivre).


Deux jours après, mercredi 23 janvier 2002, Pierre Bourdieu est mort.


Ce même jour, nous découvrons l’immensité du Palais de Tokyo et son joyeux bordel, et je dessine le La-La Minimal Market (Welcome 1 euro) de Surasi Kusolwong.

Tiens, du 28 janvier au 1er février, j’ai rempli mon agenda au crayon à papier avant de repasser à l’encre, ce que je ne fais jamais. J’avais dû tomber en panne de rotring.


Mercredi 6, Alain K m’aide à terminer mon installation à Jeune Création (non sans circonspection à propos de cette connexion Étoile des neiges/Ric Hochet).

Le soir, le jury rassemble les galeristes Emmanuel Perrotin (qui n’avait un avis sur rien) et Philippe Valentin, Bernard Point et Nathalie Magnan (tous deux décédés), Cécile Paris, Judith Cahen, Nicolas Thély et Stephen Wright. Drôle de brochette.


Pour le vernissage, une affiche annonce que la mairie de Paris, malgré ses promesses, ne nous a pas trouvé de solution depuis un an (nous devons quitter le local qui conditionne notre survie).

Le lendemain, l’assistant de Christophe Girard m’appelle, furieux et menaçant.


Vendredi 8, Muss rentre de Martinique avec du rhum et nous annonce sa séparation avec Rachel, ce qui ne l’empêche pas de chanter du Johnny. Nous nous couchons à 5h et le premier biberon est hardcore.


Lundi 11, Mr Maillet, Alain K (et Laurent ?) ont décidé de vivre jour et nuit dans leur stand de la Villette toute la durée de l’exposition. Lundi, ils proposent un atelier sport (dans ce que nous surnommons « le loft »). Mardi, Alain fait des crêpes. Pour une histoire de fille et de cassette volée, Laurent et Stéphane en viennent aux mains. Y’a embrouille à la villa.


Mercredi 13, je participe à la programmation Love vidéo concoctée par Laurent à Glaz’Art, avec Love train.


Samedi 16, un projecteur vidéo a été volé dans l’expo. Nous organisons spontanément une cagnotte. Erreur : quelques semaines plus tard, l’avocat des artistes demandera à Jeune Création un dédommagement, en arguant du fait que si nous avons proposé une compensation, c’est que nous nous considérions comme responsables du vol. Nous avons pris un avocat en retour et les choses se sont arrêtées là.


Samedi 23, départ à Marseille en voiture et en famille pour une délégation Jeune création à La Friche Belle de Mai à l’invitation de Sextant&Plus. Le soir nous mangeons chez Véronique Collard-Bovy et Fabien, dans leur grand appart de Noailles.


Lundi 25 mars, montage de l’expo à la Friche Belle de Mai.

Mardi 26, j’installe pour le vernissage une triple projection diapositive sur asticots vivants.

Samedi 2 mars, j’écris que « Siméon ressemble à un ouistiti ». Pardon Siméon.

Mardi 5, nous avons rendez-vous au PCF pour chercher des soutiens dans notre bras de fer avec la Mairie de Paris à propos de notre recherche d’un local. Idem le lendemain à la mairie du 18e.

Vendredi 8, Denis Lavant m’impressionne dans le monologue de Koltès La nuit juste avant les forêts par Kristian Fréderic dans un décor de Enki Bilal. Il porte un lourd manteau qui, à la première minute du spectacle, se gorge de la pluie battante qui inonde la scène. Pendant l’heure qui suit, l’acteur subit ce costume et cette pluie. J’en garde un fort souvenir alors qu’il y a plein d’ingrédients qui auraient tendance à me faire fuir en courant…

Mardi 12, je participe à l’exposition Campus Euro(pe) Art, prévue pour être itinérante dans les universités (Lang est ministre de l’éducation et de la culture et ce projet est le fruit de cette union). Nous sommes trois de Jeune Création à avoir été sélectionnés (dont Isabelle Cornaro). Le soir, buffet chez Claude Mollard (chargé de mission de Lang) où Orlan et Alain Maneval prennent un grand plaisir à reprendre leur accent de St Etienne.

Vendredi 15, hé hé l’assistant de Christophe Girard qui m’avait raccroché au nez nous accueille dans les dorures de l’hôtel de ville. « Il ne faut pas s’énerver on va trouver une solution ».

Dimanche 17, le parc de Belleville devient notre jardin, celles et ceux qui le fréquentent reconnaitront l’endroit. L’après-midi, géniale expo de Hans Peter Feldman entièrement réalisée avec des photocopies (je crois).

Mardi 19, Mia gagne la station assise et nous gagnons des longues minutes d’autonomie !

Dans l’agenda précédent, je disais n’avoir jamais refait de surf… et bien si pourtant, Samedi 23 mars.

Le week-end se termine en bouquet final : Mia vomit dans la voiture, a la diarrhée dans le train, et je dois terminer ma déclaration d’impôts en arrivant.

Mercredi 19 juin, première soutenance de maîtrise sous ma direction : Maud Domingues a travaillé sur une installation photo et vidéo dans une salle d’attente de médecin. Elle nous invite ensuite à manger un couscous chez elle (avec Michel Séméniako qui est dans le jury et les étudiant.e.s de sa promo). Aujourd’hui Maud vit dans le Morvan avec sa famille, un loup et des rapaces, proposant randonnées, ateliers pédagogiques et effarouchements. Les études en arts plastiques mènent à tout.

Lundi 24, j’achète du champagne avec Sylvie Khatmi pour fêter sa titularisation et mon poste de Maître de conférence à Amiens.

Le soir, spectacle Agua de Pina Bausch, résultat drôle et doux d’une résidence au Brésil. Je me souviens d’un jeu avec des serviettes de plages imprimées de corps sexy et de beaucoup de vidéos projetées. Je lis aujourd’hui des critiques un peu dures de la pièce, qui tomberait dans les clichés exotiques et touristiques… Peut-être que si je la revoyais, je serais plus sévère.

Mercredi 25, départ pour Mayotte. Nous logeons quelques jours chez Marie-Claude et Alain à Mamoudzou puis nous nous installons à Passamainty dans la maison de Marie et Jean-François avec leurs deux chiens Gana et Plume.

Lundi 1er, Mia expérimente son déplacement yogique sur la plage de Sakouli, laissant de longues traces sur le sable, assez proches de celles laissées par les tortues marines.

Samedi 6 juillet, oh Emma arrête de fumer.

Lundi 8, une tête de poisson a été négligemment abandonnée sur la cabane du jardin. En climat tropical, c’est rapidement une arme redoutable.

Samedi 13, Arthur H est en concert à Mamoudzou. Le prix prohibitif des places fait que le public est rare, et blanc. Ce soir-là, une équipe qui a gagné une coupe pour la course de pneu, forte de cette victoire et de son enthousiasme, réussit à entrer dans le concert, ce qui apporte d’un seul coup une ambiance festive qui nous ravit et ravit les musiciens.

Dimanche 14 juillet 2002, le nazillon Maxime Brunerie tire à la carabine sur Chirac et rate sa cible. Le mouvement Unité radicale (fusion du GUD et de Nouvelle résistance) est dissous, il se transforme rapidement en Bloc Identitaire, puis Génération Identitaire (dissous en 2021).


En juillet 2002, il fait bon vivre à Mayotte, pas seulement parce que ce sont les vacances et que le pays est magnifique, mais aussi parce que le partage du territoire entre Français de métropole et Mahorais est simple : les uns sont de passage, les autres restent. C’est une situation coloniale qui n’est pas sans grincements, mais une chose est claire : nous sommes chez eux. À Mayotte, il n’y a pas de communauté blanche installée (juste quelques individus). Ce que nous voyons mal, c’est que l’équilibre de l’île repose en grande partie sur le travail des Anjouanais sans papier. La départementalisation, le durcissement des sanctions contre le travail illégal, et certainement d’autres facteurs que j’ignore, vont terriblement crisper la situation et Mayotte est aujourd’hui devenue presque invivable. Au second tour des dernières élections présidentielles, Le RN a obtenu 59,1% des voix et Darmanin, après avoir annoncé la suppression du droit du sol vient de lancer Wuambushu 2, un programme répressif délirant de destruction massive d’habitations précaires, sensé réduire l’insécurité.

Mercredi 17 juillet, baptême de plongée. Emma force un peu sur l’oxygène et trouve ça troooop bieeeeeen. On y retourne samedi 20 et mercredi 24, dans la fameuse passe en S.

Vendredi 19, un scolopendre (petit) sur ma jambe. Mercredi 23, un scolopendre (version géante) dans le jardin. Les récits de la douleur provoquée par cette bestiole, dangereuse dans ses deux formats) font frémir.

Jeudi 25 juillet, nous laissons Mia à sa grand-mère pour un petit séjour à La Réunion. En guise d’échappée en amoureux, nous nous retrouvons en dortoir dans un gîte au fond du cirque de Mafate, avec ronfleurs, odeur de chaussettes et extinction des feux à 20h10 !

Vendredi 2 août, Marie-Claude nous rejoint à St-Denis avec Mia. Emma fait une crise de panique parce que nous ne les voyons pas sortir de l’avion.

Samedi 10 août, de retour en France, j’achète quelques livres et CD avant de repartir à Noirmoutier (discographie très reggae : Culture, Gladiators, Israel Vibration).

Dimanche 11, nous découvrons la nouvelle cheminée du salon de la maison de Barbâtre.


Agendas # 11 - 2001/2002


Dernières pages de l’agenda, avec seulement 2 semaines ½. Et pas grand-chose à en dire, sinon que l’été file en pente douce sur l’île de Noirmoutier, où Mia apprécie de plus en plus la station debout ce qui provoque des rencontres douloureuses (jeudi 15) et casse un peu le dos des parents (samedi 17).

Mardi 20 août, je note la mort d’Abou Nidal (Sabri Khalil al-Banna), le leader Palestinien qui aurait commandité l’attentat de la rue des Rosiers à Paris (parmi beaucoup d’autres) et fait assassiner plusieurs responsables de l’OLP, dont Abou Lyad, n° 2 du Fatah en 1991. Il se serait suicidé à Bagdad au moment de son arrestation pas les Irakiens qui le soupçonnaient d’espionnage.

Ce jour-là, Benoit nous présente son nouveau chien Tito, un jeune dogue argentin gigantesque qui vomit dans le salon (mardi) et déchiquette la piscine gonflable (mercredi).

Dimanche 25 août, nous soufflons la 1ere bougie de Mia chez mes parents alors que ce n’est pas encore son anniversaire.

Mardi 27, la parisienne Mia découvre les vaches (entendre « oooh une vaaaache » façon Arielle Dombasle) et acquiert sa première paire de chaussure, d’un style… contestable.

C’est bizarre de ne pas avoir terminé la semaine sur cet agenda. En plus je m’embrouille et ce qui est noté mercredi 28 s’est en fait passé mardi 27. Un agenda qui termine un peu dans la panique semble-t-il.