Nouvel agenda et quelques changements qui instaurent des règles définitives.

1.La filière « sociale traître » étant tarie (agenda CFDT), c’est la marque du Grand Capital qui s’impose pour les 28 années suivantes (agenda Quo Vadis). L’organisation hebdomadaire du nouveau format place le dimanche en bas de la double page. Je déplace alors systématiquement ce septième jour de la semaine en haut à droite, offrant au dimanche plus d’espace que pour les autres jours. La fin du modèle CFDT est aussi synonyme de disparition des citations de bas de page (désolé Philippe).

2.J’ai décidé, pour ce nouvel agenda, d’utiliser un stylo encreur à pointe tubulaire de 0,25 mm d’épaisseur (Rotring). Là encore, l’outil s’impose définitivement.

Vendredi 14 janvier, j’évoque la loi Falloux, dimanche 16, je manifeste sous la pluie pour l’école laïque : aucun souvenir de cela.

Mardi 25 janvier, j’ai un souvenir assez enchanté du film « Ruby in Paradise » dans le cadre d’un cycle « Cinéma américain indépendant » de l’Action Christine. Je n’ai pas vraiment suivi le travail de son réalisateur Victor Nunez, mais régulièrement croisé le sourire d’Ashley Judd qui n’était pas étrangère à mon enchantement.

Bon sinon j’ai aussi essayé à nouveau la couleur, pour ces 4 premières semaines seulement. Ce sera la dernière tentative colorée.



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Agendas # 3 - 1993/1994

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Jeudi 23 juin : « intervention française au Rwanda ». Les images à la télévision étaient troublantes, je me souviens de certain.e.s journalistes qui exprimaient leurs malaises devant les populations civiles fuyant les avancées du F.P.R. Des Hutus donc, chassés par l’armée tutsi, étaient protégées par les forces de l’opération Turquoise ; des civiles certes, mais combien de génocidaires parmi eux ?

Lundi 24 juin, j’ai noté « interview France inter », et je me demande bien de quoi il s’agit. J’ai cherché mais rien trouvé.

Ce jour-là, nous partons en voyage en Thaïlande, retrouver un ami. Cet ami nous avait dit qu’il avait compris, depuis son arrivée, qu’aucune femme thaïlandaise n’acceptait de se montrer publiquement avec un Européen car elle serait considérée comme une prostituée aux yeux de ses compatriotes. Cette information a orienté mon expérience du pays, car des Européens avec des Thaïlandaises, j’en voyais partout, et pas seulement dans les quartiers de prostitution. Ce tourisme sexuel gerbant semblait banal, comme le fait d’aller rendre visite aux « minorités ethniques » dans les villages du Nord (dans les hôtels on nous montrait des photos d’Européens posant avec des « femmes girafes »). Notre départ au Vietnam, le 14 juillet, n’était pas prévu mais il s’agissait clairement d’une fuite hors du « Pays du sourire ».

Suite du voyage au Vietnam. Je ne me souvenais pas que nous avions passé autant de temps avec « Daniel et Valérie », un couple de touristes français croisé en début de séjour (sans plus jamais de nouvelle depuis évidemment). Ils habitaient Rennes, Daniel était prof et Valérie au moins dix ans de moins. C’était un « vieux » à mes yeux, il devait avoir au moins 35 ans.

Vendredi 29 juillet, notre petit déjeuner dans le boui-boui du coin se passe au rythme de Boby Lapointe. Étonnant.

Dimanche 31 juillet : j’ai toujours eu une petite sympathie coupable pour Hô Chi Minh, ça se voit un peu.

Samedi 6 août, je ne sais pas par quelle connexion mais nous avions atterri en bord de Marne pour une soirée barbecue chez Stéphane, le chanteur des Voleurs de poules (plus connu aujourd’hui sous le nom de Sanseverino) sans y avoir été invités. Nous étions avec une copine qui venait de se séparer. Elle était mal et avait demandé à Stéphane si elle pouvait utiliser son téléphone. Elle avait appelé un ami…à Londres, pendant longtemps, puis avait laissé un billet de 50 francs. Tout ça m’a semblé suffisamment gênant pour en avoir un souvenir très précis. Je crois aussi me souvenir que l’ambiance n’était pas au mieux non plus chez les Voleurs de poules, Stéphane avait annoncé la séparation prochaine du groupe. Mais je ne suis pas certain de ne pas avoir reconstruit ce souvenir.



Seulement deux semaines présentées ce dimanche, parce que c’est la fin de l’agenda n°3.

Le modèle Quo Vadis de l’époque avait quelques pages blanches à la fin (ce n’est plus le cas), qui permettaient quelques croquis.

Petit détail important : dans la dernière journée de la dernière page de cet agenda 1993-1994, je rencontre pour la première fois celle qui sera la mère de mes enfants…Olala !!

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Lundi 23 mai, je note le palmarès du festival de Cannes (de la veille) : Tarentino, Zhang Yimou, Moretti : beau cru !

Du 13 au 17 juin : je pense que c’est la seule fois dans tous mes agendas où je signale l’écoute d’une émission de radio. Pour la mythique Là-bas si j’y suis sur France inter, Daniel Mermet était parti en reportage au Rwanda. Je me souviens encore des descriptions sidérantes de ce qu’ils découvraient. Des corps flottant sans fin dans le fleuve, un charnier près d’une église, l’odeur insoutenable (et l’écoute de l’émission qui le devenait toute autant). Et, Valentine, une adolescente trouvée vivante parmi les morts à Nyarubuyé. Je vois aujourd’hui qu’elle vit au Texas avec ses deux enfants. Toute cette semaine-là, le temps s’arrêtait pour écouter la radio. C’était avant les podcasts. Aujourd’hui ces émissions sont en ligne, je ne sais pas si j’aurai le courage de les réécouter.

Cette même semaine, je vois Nick Cave à l’Olympia et je termine la lecture de Moby Dick.

Grosse fête à Laplace samedi 5 février, à l’occasion du départ d’un des colocataires. Ça méritait bien quelques verres.

Dimanche 20 février 1994, « fin de l’ultimatum de l’Otan à la Serbie ». Le siège de Sarajevo durait déjà depuis avril 1992, et suite à une série de bombardements particulièrement meurtriers, l’OTAN avait exigé des forces serbes le retrait des armes lourdes des collines surplombant la ville. Ce fut fait, mais le siège ne fut levé qu’en 1995, peu après le massacre de Srebrenica. Guerre en Europe, impuissance de l’OTAN, cibles civiles, arrogance nationaliste, les mots et les images du déchirement yougoslave font douloureusement écho à ce qu’on entend et voit aujourd’hui de l’invasion russe en Ukraine.

Mercredi 23 février, Georges Didi-Huberman à la Sorbonne ; et le soir Bernard Tapie à la télévision.

Samedi 26 février, concert des Voleurs de poules. C’était l’époque de l’association Life live in the Bar, et de Lylo qui répertoriait tous les concerts gratuits dans les bars parisiens. On leurs doit pas mal de soirées…

Le rythme des 2 séances de cinéma par semaine en moyenne reprend.

Vendredi 4 mars, « Kurt Kobain dans le coma ». Je ne me souvenais plus de cette première tentative de suicide.

Samedi 5 mars. Après une soirée un peu molle chez une amie d’ami, nous avions enjambé les grilles d’un square du 13e arrondissement pour prolonger la bamboche. Un vélo d’enfant abandonné dans un bac à sable nous permit de passer une grande partie de la nuit à descendre une allée, façon Jackass. Je n’ai aucune idée de où se trouve ce square que je n’ai jamais recroisé. Le seul indice que j’ai, c’est qu’il y a une allée en pente.

Jeudi 10 mars, mort de Charles Bukowsky (mais je note Bukovsky)

Jeudi 17 mars puis mardi 22 et mercredi 23 mars, étudiants et lycéens voient leurs manifestations contre le CIP perturbés par des « casseurs », phénomène nouveau. Je pensais avoir participé à ces manifs… mais en fait non.

Des événements internationaux importants : Berlusconi gagne les élections en Italie (3 mars), Kurt Cobain se suicide (9 avril) et surtout J. Habyarimana, président du Rwanda, et Cyprien Ntaryamira, président du Burundi, sont assassinés avec les douze passagers de leur avion. Je m’intéressais déjà beaucoup au Rwanda, je ne sais plus trop pourquoi sinon que j’avais le projet d’y aller. Je ne pouvais imaginer, en notant cette information le 6 avril, que l’attentat déclencherait un génocide.

Jeudi 31 mars, j’ai encore en tête des images précises du film "Le château de la pureté" du cinéaste mexicain Arturo Ripstein. Un père enferme sa famille dans une grande maison pour les protéger de la violence extérieure du monde.

Les concerts dans les bars rythment nos soirées, Les Voleurs de poules encore, à l’Oreille cassée, La Tordue et Yan et les Abeilles (oubliable) au Wait and See. Le Wait and See était un nouveau bar avec un cave pour les concerts, avenue de la République je crois. Nous le découvrons ce soir du 15 avril et je note « fin de soirée avec les barmans ». J’en ai un souvenir bizarre : à la fermeture, après avoir sympathisé avec les 3 ou 4 serveurs (dont l'un ressemblait à Nick Cave), nous avons été invité.e.s à poursuivre la soirée chez l’un d’eux. Nous nous sommes serré.e.s dans une voiture, pour aller je ne sais plus où. L’autoradio diffusait à fond le dernier album d’Eddy Mitchell (je trouvais ça assez naze). Puis nous sommes arrivé.e.s dans un appart neuf et vide. Assis.e.s sur le sol, contre les murs, au pied de 2 immenses enceintes, nous ne pouvions rien faire d’autre qu’écouter de la musique très forte (plus Eddy Mitchell bien heureusement) en sirotant des bières tandis que nos hôtes roulaient des pétards à la chaine. J’ai ensuite imaginé que toutes leurs fins de soirées terminaient de manière aussi triste…

Sinon le 21 avril, j’apprends que je vais être tonton pour la première fois.

Lundi 25 avril, nous regardons « Les meilleurs copains » à la télévision. Ce film (en fait « MES meilleurs copains ») de Jean-Marie Poiré deviendra un peu notre film culte dans la collocation de Laplace.

Le lendemain, départ pour un séjour de « travail » à Venise. J’y ai traqué un maximum de peintures dans les musées et églises, et les pages de l’agenda témoignent mal de cette boulimie d’expériences artistiques. Jeudi 28 avril, j’ai par exemple la chance de voir la Citta ideale d’Urbino, exceptionnellement à Venise pour une exposition temporaire au Palazzo Grassi. Cette œuvre sera centrale dans ma thèse. Aucun dessin non plus pour la découverte des œuvres du Musée de l’Académie le lendemain ni pour la visite des fresques de Giotto de la chapelle Scrovegni à Padoue le jour d’après. Et je me souviens ne pas avoir été très satisfait de mon croquis de la Chiesa Della Misericordia effectivement un peu maladroit.

Alors que j’enchaîne les expériences esthétiques les plus raffinées, je note que les massacres commencent au Rwanda.

Jeudi 5 mai : passage à Lyon, fin de soirée à la « La plume noire », un bar discret de la Fédération Anarchiste. C’est la première fois que je vois, dans les toilettes, une affichette demander aux hommes de pisser assis par respect pour les femmes. Je me demande bien pourquoi je me souviens de ça…

Samedi 7 mai : concert des Porcs, un groupe de potes du lycées qui existe encore.