Tiens, je me suis trompé de semaine en débutant l’agenda, j’ai raturé toutes les dates de la semaine du 28 août.

Dimanche 3 septembre, le G.I.A poursuit ses tentatives d’attentat, avec une cocotte-minute remplie de clous et d’explosif sur un marché du boulevard Richard Lenoir, puis Convention (lundi 4 septembre) et le 6 septembre (Villeurbanne).

Lundi 4 septembre, je note aussi « essais nucléaire français » puis le lendemain : « émeutes à Papeete ». Après deux ans de suspension, la France avait repris ses essais souterrains à Moruroa, tir condamné par la plupart des états, provoquant la colère des Tahitiens et des violents affrontements autour de l’aéroport puis dans les rues de Papeete.

Samedi 9 septembre, Emma s’installe en collocation avec Damien, dans un drôle d’appartement aux fenêtres opaque, un entresol du boulevard de Strasbourg.

Dimanche 10 septembre, Charles Denner est mort.

Vendredi 15 septembre, nous nous retrouvons un peu par hasard (amie d’ami.e.s, etc) dans la fête de fin de tournage d’« Un air de famille » de Cédric Klapisch. Je me souviens de Jean-Pierre Darroussin accompagné d’un groupe pour une reprise du « J’ai oublié de vivre » de Johnny Halliday, et d’Agnès Jaoui dansant un raï endiablé avec Damien. Chouette soirée.



contactmailto:mail@ericvalette.net?subject=objet%20du%20courrier
contactmailto:mail@ericvalette.net?subject=objet%20du%20courrier
contactmailto:mail@ericvalette.net?subject=objet%20du%20courrier
 

©

Agendas # 5 - 1995/1996

actualitéActualite.htmlActualite.htmlshapeimage_7_link_0


Jeudi 15 février, petit croquis d’Emma chez le tatoueur.

Lundi 19 février, j’ai donc vu deux fois l’exposition Tony Cragg à Pompidou (déjà vue le 1er février).

Mardi 27 février, réouverture du Palace : super concert de Louise Attaque et de Schultz & les Tontons flingueurs. Schultz, l’ex Parabellum, avait un charisme attachant et une manière de tenir sa guitare qui donnait l’impression qu’elle était un jouet, un peu comme Black Francis des Pixies. Schultz en mort en 2015. « Mort aux vaches, mort aux condés, vive les enfants d’Cayenne à bas ceux d’la sûreté ».

Jeudi 29 février, je dessine une installation de Dan Graham, vue dans l’expo Passion privée au Musée d’Art Moderne.

Dimanche 3 mars, mort de Marguerite Duras. Je ne suis pas certain que j’avais déjà lu un de ses livres au moment où je dessinais ce portrait. Je me suis rattrapé depuis. Léo Malet est mort le même jour, je n’avais pas plus lu ses écrits mais je le connaissais par les adaptations BD de Tardi.

Jeudi 7 mars, concert solo de Dominique A (j’étais fan) dans le cadre ses soirées nomades de la Fondation Cartier. Sans scène ni éclairage, il avait un sampler et créait des boucles pour une version minimaliste des titres de ses quatre premiers albums, dans un esprit qui rappelait l’esthétique low-fi de La fossette. Super souvenir.

Jeudi 14 mars, je rencontre pour la première fois le père d’Emma, qui pose les pieds pour la première fois dans le drôle d’appartement que nous habitions : un gourbi sordide.

Cette même journée, nous découvrons l’aigre-douce mélancolie de The Ballad of Sexual Dependency, le diaporama de Nan Goldin projeté à la Fondation Cartier. Marquant.

Vendredi 15 mars, je m’initie au cinéma expérimental.

Samedi 16 mars : concert de Louise Attaque dans le caveau de l’Archipel, avec en fond de scène le visage qui ressemble à Dominique. Je crois que c’est ce jour-là que nous avons acheté la cassette audio du groupe pour l’offrir à Dominique.

Mercredi 20 mars : La jetée de Chris Marker. Marquant aussi.

Jeudi 21 mars, concert de Sonic Youth au Zénith. Salle trop grande mais les New-yorkais restent impériaux. En première partie, Beck a tenté une performance courageuse : seul sur scène, guitare, chant et harmonica. Très courageux mais très pénible aussi.

Dimanche 24 mars : la crise de la vache folle fait l’actualité, premier gros symptôme des aberrations de l’agriculture intensive. Ce même jour, je vais voir Numéro deux à la Cinémathèque, un film peu connu de Jean-Luc Godard, qui est mort cette semaine. Je crois me souvenir d’une scène de la vie quotidienne d’un couple où un homme pisse dans le lavabo pendant que sa femme se lave les dents. Elle avait particulièrement marqué Pierre S, un ami avec qui j’aimerais pouvoir encore me rappeler la séquence.

Jeudi 28 mars, le proprio-voleur de notre appart-gourbi a coupé l’eau de la salle de bain suite à une fuite, mais ne vient pas faire les réparations. Nous allons donc prendre des douches partout où nous le pouvons pendant plusieurs semaines.

Mercredi 3 avril, je note « fin lecture Goodman ». Je pense que je venais de terminer Manière de faire des mondes, premier livre lu de celui dont je dévorerai ensuite chacun des ouvrages traduis. Nelson Goodman’s my Religion.

Vendredi 12 avril 1996, mon dessin illustre l’opération « Raisin de la colère » : l’armée israélienne bombarde le sud Liban en réponse à des envois de roquettes par le Hezbollah. Je me trompe d’ailleurs en notant « Hamas » (rien à voir pourtant entre le groupe armé libanais chiite et le parti islamiste palestinien sunnite). Je n’en parle pas, mais la semaine suivante, le 18 avril, aura lieu le massacre de Cana : 106 réfugiés civils (camp de l’ONU) sont tués sous les bombes de Tsahal.

Le soir du vendredi 12 avril, je persévère dans mon initiation au cinéma expérimental, conclu par le long plan ralenti de Michael Snow, See You Later – Au revoir. Fascinant.

Mardi 16 avril, je vais seul (très rare) à un concert : Will Oldham (sous la formation Palace) s’accompagne à la guitare, dans les velours intimistes de l’Erotika (aujourd’hui Les trois baudets, moins glamour). En première partie, je ne l’ai pas noté mais c’était pas mal non plus : Bill Callahan s’échappait de Smog pour un set solo. Soirée merveilleusement triste à ravir. Will Oldham’s my Religion.

Mercredi 17 avril, un commando tire sur des touristes au pied des pyramides du Caire : 18 morts et 15 blessés. L’information m’importait tout particulièrement car nous avions acheté des billets pour l’Egypte la semaine précédente (jeudi 11 avril).

Jeudi 18 avril, rapide passage au Printemps de Bourges. Nous voyons dans le programme que Louise Attaque joue gratuitement. Il pleut. Dans un bar sous tente à moitié vide, le concert a commencé mais une bonne partie du public boit des verres dos au groupe. Leur réputation n’a pas encore dépassé le circuit des bars parisiens. Nous arrivons plein d’enthousiasme, chantant « J’t’emmène au vent » comme des groupies. Une sorte de sac-à-vin titubant tente alors quelques pas de danse devant Gaëtan Roussel (il n’y avait pas de scène ni d’estrade), avant de chuter lourdement sur le micro qui vient frapper la lèvre du chanteur. Gaëtan Roussel s’arrête, la bouche en sang, personne (à part nous) ne semble remarquer que le concert s’est arrêté. Le groupe s’en va sous nos seuls applaudissements et dans la cacophonie des discussions du bar qui ont immédiatement repris. Ingrat.

Mercredi 24 avril, je pars à Bologne en train de nuit, rejoindre Cécile D et Christophe G qui n’arrivent que le lendemain. Les jours suivant seront un pèlerinage sur la trace des Maîtres du Quattrocento que j’étudiais pour ma thèse : Masaccio, Piero della Francesca, Pietro Lorenzetti, Paolo Uccello, Fra Angelico… Cœur avec les doigts.

RetourAgendas.html
AgendasActualite.htmlAgendas.htmlshapeimage_9_link_0

Jeudi 18 janvier, « réunion profs » (Université de Strasbourg). Je dessine trois collègues barbus/moustachus, sans doute pour signifier l’ambiance masculo-relou de l’assemblée, qui ricanait sur les photos des étudiantes. Beurk.

Samedi 27 janvier, cette mode des pantalons treillis en motif écossais colorés… acheté le 27 et porté le 30 !

La mémoire fait des tris impitoyables : la semaine du 29 janvier, je n’ai aucun souvenir de la pièce de Pradinas (mardi) ni du film de Chabrol Juste avant la nuit (dimanche) alors que je me souviens de séquences entières d’Adieu Philippine de Jacques Rozier (mercredi 31), que je pourrais encore décrire la scénographie du Tartuffe d’Ariane Mnouchkine (jeudi 1er février), et que No Sex Last Night de Sophie Calle est dans mon esprit comme si je l’avais vu hier. Pourtant le film de Chabrol a l’air super…

Lundi 5 février, oh un concert des Voleurs de Poules, ça faisait longtemps !

Samedi 10 février, cette biennale de Lyon aura un impact important sur mes recherches théoriques (je vais éplucher le catalogue dans les mois suivant) et artistiques : mon désintérêt grandissant pour la peinture sera proportionnel à mon intérêt grandissant pour la vidéo et les installations.

Samedi 27 janvier, « Emma blues » ; mercredi 31, « Emma chez le médecin » ; jeudi 8 février, « Emma malade ». Début d’année difficile.

Jeudi 28 septembre, Khaled Kelkal en fuite est identifié dans la commune de Vaugneray (Monts du Lyonnais, le pays de mes parents), où habitent des cousin.e.s. Il sera abattu le 30 septembre, au lieu-dit "Maison blanche". Vendredi 6 octobre, un attentat a lieu près de la station Maison Blanche à Paris.

Lundi 2 octobre, nous allons voir les 4 premiers épisodes de la mini série The Kingdom de Lars von Trier diffusé en salle (2 épisodes par séance). Je me souviens avoir trouvé la complexité de la narration assez dingue, audacieuse et excitante. En sortant de la deuxième séance, le projectionniste nous a informé qu'il avait inversé les bandes par erreur et que nous avions vu les épisodes 3 et 4 avant les épisodes 1 et 2. 

Mardi 17 octobre, je fais mon premier cours en amphithéâtre sur l'histoire de la perspective. Le micro ne fonctionne pas et le projecteur (diapositive bien sûr) fonctionne mal. Gulp.

Jeudi 18-vendredi 19 : putain de rotring qui coule !

Samedi 4 novembre, Gilles Deleuze se suicide, et Yitzhak Rabin est assasiné. Mais je le note le dimanche 5, jour où les nouvelles ont été communiquées. Jour de mon anniversaire aussi.

Lundi 6 novembre, concert mémorable à La Laiterie. Katerine, encore très sage, était resté assis seul à la guitare en commençant chaque chanson par : "bonsoir je m'appelle Katerine et je fais de la bossa nova". Miossec avait proposé une séquence très rock'n'roll et arrosée. Et Dominique A avait dû subir les taquineries des deux premiers, qui criaient entre chaque morceau  :  " Le twenty-two baaaar!!", depuis les loges (en balcon), pour moquer le succès tubesque de ce titre qui passait alors à la radio !

La prestation magistrale de Vic Chesnutt s'était conclue par une reprise du Velvet, rejoint par Katerine, Miossec et Dominique A. Je ne me souviens plus si c'était All Tomorrow's Partie ou Heroin. Mais ça foutait la chair de poule.

Vendredi 10 novembre, débarquement des ami.e.s parisien.ne.s et lyonnais.e.s pour une fête dans la collocation de Strasbourg.

Histoire de me griller dans mes nouvelles fonctions d'enseignant, ces bons camarades chantent à tue-tête dans les rues de Strasbourg des noms de théoriciens de la perspective suivis de mon nom. La hchouma !

Samedi soir, la police débarque pour nous demander de baisser le son, puis un énergumène énervé nous demande d'arrêter la musique car sa femme malade dort en dessous. Nous suivons le bonhomme : il descend dans la rue, remonte dans sa grosse merco en emmenant une des filles qui tapinait au pied de l'immeuble. C'était l'homme de main de notre propriétaire, un maquereau qui n'était nullement dérangé par nos fêtes mais par la présence de la police qu'elles pouvaient entraîner...


Lundi 27 novembre, début de la grande grève de la SNCF et lde la RATP. Nous marchons pour aller au cinéma, au musée, à la Villette, au théâtre, chez des amis, et c’est plutôt joyeux. Et je ne peux pas aller donner mes cours à Strasbourg ce qui me fait des vacances. Je pars quand même à Strasbourg lundi 4 décembre, en car, et ça me prend la journée entière. Florent, mon colocataire (encore étudiant) occupe la fac et notre appart devient une salle d’AG, un QG, un squat, enfin un truc enfumé et sale avec plein de gens dedans.

Samedi 2 décembre, Emma joue avec mon rotring (et mes nerfs) en dessinant sur mon agenda. Respire Eric, respire.

Samedi 9 novembre, le virus Tetris sévit à nouveau, alors dimanche 10 novembre, je prends la difficile décision de jeter définitivement la disquette (oui une disquette !) sur laquelle le jeu était conservé : écrire une thèse et jouer à Tetris n’était pas compatible.

Entre deux parties de Tetris, je commence une de mes toutes dernières peintures, cadeau pour Emma.

Vendredi 15 décembre, nous sommes soufflés par la prestation de l’acteur qui incarnait Richard III dans la pièce de Mathias Langhoff. Je me souviens encore de sa démarche boiteuse et de son petit accent qui lui donnait un charisme incroyable. C’était Marcial Di Fonzo Bo. J’ai vu des affiches de la pièce en mai dernier dans les couloirs de Paris, le spectacle était repris, 27 ans plus tard.

Samedi 16 décembre, fête à Laplace, où je note quelques anecdotes dont je n’ai plus aucun souvenir (« squetche (sic) du Breton » ??).

Lundi 18 décembre, fin de la grève SNCF et RATP. Pourtant je me dessine allant à Beaubourg à pied, nous avions pris goût à la marche.

Mercredi 20 décembre, je note « invasion baba cool chez Florent ». C’est la suite de ce que j’ai expliqué plus haut : la chambre (et au-delà) de Florent, un de mes colocataires, était devenue la base arrière du mouvement d’occupation de la fac (et de la révolution en cours). Bières tièdes, tabac froid et bonnets péruviens, la face sombre du militantisme :)  J’en profite pour lancer un appel : si celui ou celle qui m’a « emprunté » ma scie sauteuse, mon sac de couchage et Théorie esthétique de Theodor W. Adorno pouvait me les rendre, ce serait super cool.

Dimanche 24, « bain du nain ». Désolé Robinson, je te traitais ainsi pour masquer ma tendresse.

Mercredi 27 décembre, petit croquis de l’appartement des grands-parents d’Emma sur le port de l’Herbaudière à Noirmoutier.

Jeudi 28, je me souviens bien de cette bataille d’algues avec Sébastien. Elles étaient gorgées de sable et le soir, les parties de mon corps qui avaient été fouettées étaient d’une particulièrement grande douceur. Ce jour-là j’ai donc découvert le peeling.

Samedi 30, je filme en super 8 un bloc de béton sur la plage, dans l’idée de le projeter ensuite sur une toile. J’exposerai cette installation l’année suivante.

Dimanche 31, nous fêtons le nouvel an dans la maison de Dominique à L’Herbaudière. Christine est venue avec une amie de fac, Carole, que je reverrai quelques années plus tard présenter le journal du soir à la télévision.

Pendant ce séjour, Jocelyn avait sa guitare. Nous poussions la chansonnette. Je me souviens en particulier de Song for Automn de The Catchers, à deux voix. Je ne vois plus Jocelyn aujourd’hui, et je ne chante plus non plus autour d’une guitare. C’est dommage.

Lundi 8 janvier, Mort de François Mitterrand.

Dimanche 14 janvier, reprise du foot du dimanche, Pascal S et Olivier C terminent à l’hôpital. J’ai encore en tête l’image du choc de leurs deux crânes, mais c’est peut-être simplement parce que je l’avais dessiné.

Lundi 7 mai, visite de la Pinacothèque Brera de Florence. Je dessine Raphaël, mais c’est surtout la splendide conversation sacrée de Piero della Francesca, avec son œuf suspendu sous une voûte en coquille St-Jacques, qui s’est imprimée dans ma rétine.

Dimanche 12 mai, Je ne me souvenais pas avoir appris la mort du grand-père d’Emma le jour où ma mère a eu un accident de voiture.

Jeudi 16 mai, je rentre chez moi à pied dans la nuit après une soirée arrosée et je me perds un peu. Je me retrouve dans la rue Montorgueil déserte et je croise une bande de gars que je ne devais pas croiser. Après quelques politesses, je leur donne bien volontiers mon porte-monnaie. J’ai à la main un sac plein de CD empruntés à Christophe (donc des musiques bizarres). Les garçons ont parcouru les CD un par un et me les ont rendus dégoutés. Ziva cousin c’est quoi cette zicmu ?? (ainsi parlait le jeune lascard autrefois, oui oui).

Lundi 20 mai, on ne peut rester que pour les balances de Louise Attaque, jeudi 22, concert des Voleurs de poules. Il n’y avait que 2 groupes à l’époque ou bien ?

Mardi 28 mai, je vois Emma sur scène, dans Les Fafeluches n’agamorent pas, co-écrit avec des collégien.ne.s d’Aulnay-sous-Bois et de Tulle (mise en scène de Marianne Clévy). Impressionné !

Samedi 1er juin, je visite l’Espace Dark’n’Wild dans le 18e. Dans mon souvenir, l’espace appartenait à deux personnes associées dans une agence d’architecture (ils construisaient des stands pour des salons) et ils proposaient d’accueillir gratuitement des projets artistiques dans leurs murs quand ils n’en avaient pas besoin. J’avais répondu à l’appel à candidature, je ne me souviens plus exactement comment cela c’était passé, mais en conclusion, j’allais pouvoir organiser une expo perso dans ce bel espace. Youpi !

Mardi 11 juin 1996, Je note que Pol Pot est mort. C’est tellement une nouvelle du siècle précédent ! Mais c’est faux. La rumeur sera infirmée par la suite et Pol Pot mourra pour de vrai en 1998.

Emma travaillait au resto du théâtre MC93 de Bobigny et le soir du jeudi 13 juin, elle quitte son service en annonçant qu’elle démissionne. Je note « Emma lutte contre le patronat », je crois me souvenir que le patron jouait le cool mais se comportait… comme un patron.

Samedi 15 juin, gros week-end de fiesta à Compiègne pour les anniversaires d’Emma, Thomas et Vincent.

Lundi 17 juin, j’avais envoyé à Nova Mag (créé par Radio Nova en 1994) une demande pour annoncer ma future expo dans l’Espace Dark’n’Wild. Intéressée, l’équipe m’avait proposé de venir poser avec une œuvre pour une prise de vue en studio. La photo était pas mal, je dois encore avoir le magazine quelque part dans mes archives. C’est la première fois que je voyais ma tête dans la presse.

Mardi 18 juin, je fais mes premières projections diapositives sur pois chiches.

Dimanche 23 juin, je ne me souvenais pas que Damien avait quitté notre sordide appart avant nous !

Lundi 24 juin, je termine le carton d’invitation pour mon expo à Dark’n’Wild que je vais envoyer par la poste en le glissant dans une boîte aux lettres avec un timbre (on faisait comme ça autrefois pour annoncer une expo).

Tiens c’est marrant le 26 juin j’ai noté avoir croisé Carla Bruni ! C’était dans le 16e, vers le consulat d’Egypte où j’allais chercher un visa. A l’époque elle était avec Arno Klarsfeld que je m’attendais à voir surgir sur ses rollers. Brrrrrr.

Jeudi 27 juin, dernier voyage à Strasbourg avant l’été. Premier rendez-vous avec mon directeur de thèse. Et une petite séance dans mon cinéma préféré pour ne pas perdre les bonnes habitudes.


Dernières pages de ce 5ème agenda, qui correspond à la fin des vacances d’été 1996.

Mercredi 31 juillet : nous sommes montés en haut du Mont-Moïse, dans le Sinaï, en fin de journée pour dormir sur place et apprécier au calme la magie du lever du soleil. C’était sans compter l’arrivée massive de touristes malais, bientôt suivis par des hordes bruyantes de pèlerins déchaînés. Nous les avons regardés estomaqués : nous piétiner, jeter canettes et papiers gras par terre, fumer dans la mosquée (!!) puis repartir dès le soleil levé, laissant derrière eux des monceaux de détritus. Moment magique mon cul.

Jeudi 1er août, je repère deux petits projecteurs russes, des appareils semblables à ceux que j’avais achetés en France mais que je n’arrivais plus à trouver (c’était avant internet, je le rappelle). J’en avais besoin pour mon expo de la rentrée, c’était vraiment miraculeux de pouvoir en trouver au Caire. Le marchand m’en dénicha même un 3e (mercredi 7 août). Ce sont des petits projecteurs sans ventilation avec un pas de vis qui permet de les fixer sur un pied-photo.

Lundi 12 août, je ne sais pas si c’est à propos de ce croquis-là mais je me souviens que Marie-Claude avait trouvé que j’insistais un peu trop sur les fissures dans les murs de sa maison.

Les dernières pages de l’agenda me servaient de carnet de bord : des notes de visites d’expos et de musées (ma découverte de Carlo Crivelli) mais aussi de séances de cinéma expérimental (dont le See you later de Michael Snow mentionné il y a quelques semaines).

Puis des croquis de projets en cours.

Le dessin de concert, je n’arrive pas à me souvenir de quoi il s’agit.

Sur la dernière page, deux listes. La première énumère des artistes, et pas des moindres (Dan Graham, Peter Campus, Dennis Oppenheim, Bill Viola, Michael Snow, Hiroshi Sugimoto, Gary Hill). La deuxième, presque illisible, ressemble à une liste de compilation (Urban Spaces, Tricky, Björk, Miossec, Teenage Fanclub, PJ Harvey, Portishead, Dominique A, Red Hot Chili Pepper, Butthole Surfers, Sonic Youth, Violent Femmes, Deus, Jeff Buckley). Je ne sais pas la raison de ces deux listes, mais tout ça dessine assez bien mon paysage visuel et sonore de l’époque.

Et glissé dans le rabat, un billet de train avec des petits croquis qui précisent l’usage à venir des tous mes projecteurs russes !

Dimanche 14 juillet, arrivée à Louxor en Egypte. « C’est Delphine qui l’a dit. Faute 2R !! ». Je ne sais plus qui a écrit cela, Emma sans doute. Je me souviens que l’orthographe avait été un sujet d’engueulade (je défendais que ce n’était pas important. Mais c’est juste que j’ai une orthographe fragile).

Mardi 17 juillet, je note « Maradonna nous aide ». Orthographe fragile disais-je. Il s’agissait, je crois me souvenir, d’un homme portant le maillot de Maradona, qui nous aida de manière particulièrement incroyable. Nous lui avions demandé où était le bus pour Assouan. Mais nous n’étions pas dans la bonne gare routière, alors « Maradona » nous a arrêté un taxi, accompagné dans la bonne gare routière, puis nous a mis dans le bon bus qui était sur le point de partir, tout en allant nous acheter les billets au guichet. Je me souviens qu’il nous les a tendus par la fenêtre tandis que le bus avait déjà démarré. Nous ne savions même pas son nom, il nous a salué après avoir perdu son temps, donné son argent et s’être retrouvé dans une autre gare routière. Quand on pense à l’accueil des étrangers en France, on rougit de honte.

Dimanche 21, nous nous baignons dans le Nil en saluant un groupe de touristes assommés par la chaleur, qui nous regardent envieux depuis leur felouque. Et nous ironisons : « quels crétins coincés, ils ne savent pas ce qu’ils perdent ! ». Le soir, nous lisons dans notre guide touristique une phrase en majuscule « NE JAMAIS SE BAIGNER DANS LE NIL ». Trop tard. C’était trop bon !

Sinon il y a plein d’anecdotes qui me reviennent mais je ne vais pas abuser du récit de vacances.