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Nouvel agenda, nouvelle carte d’étudiant et nouvelle carte orange.

Beau petit dessin d’Emma, collé en deuxième page, d’après le masque de léopard que j’avais rapporté d’Equateur.

Mardi 27 août, nous déménageons avenue Gambetta, pour venir habiter avec Valérie et Carmelo. Le reste de la semaine est consacré à l’accrochage de mon expo dans l’espace Dark’n’Wild, et les deux semaines suivantes à son gardiennage. Ce qui me laisse le temps d’en faire un croquis. Dans le premier dessin (semaine du 2 au 8 septembre), on peut voir que profitais de ces journées pour lire et prendre des notes, et je crois reconnaître la mise en page des éditions Jacqueline Chambon (le livre posé sur la table est probablement Langage de l’art de Nelson Goodman, l’épaisseur du livre correspond).

Pour ceux qui ont suivi les semaines précédentes, on voit ici à quoi me servaient tous ces petits projecteurs diapositives que j’avais accumulés.




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Agendas # 6 - 1996/1997

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Dimanche 16 février, tiens on dirait que le documentaire animalier du dimanche après-midi devient une habitude. Nous rencontrons ensuite pour la première fois les colocataires d’Anne-Gaëlle, Lola, Sarah et Ophélie, aux Couleurs (leur crémaillère sera le dimanche 2 février). Je m’en souviens parce que j’avais fait un petit croquis en fin d’agenda que je montrerai dans quelques semaines.

Mercredi 19 février, Deng Xioping est mort. Je le dessine le jeudi 20, d’après la photo de la Une de Libération, qui restera longtemps punaisée sur le mur de ma chambre. J’ai toujours eu une petite fascination pour les photos officielles des dignitaires chinois, je ne sais pas pourquoi. On doit pourtant à ce compagnon de route de Mao pendant la Longue Marche, le massacre de Tian’anmen en 1989.

Samedi 22 et mardi 25 février, manifestation contre la loi Debré. Votée finalement en avril, elle autorise la confiscation du passeport des étrangers en situation irrégulière et la mémorisation des empreintes digitales des réfugiés qui demandent un titre de séjour. Déjà.

Mercredi 26 février, montage de mon exposition au lycée Maximilien Vox (et causerie devant les élèves le lendemain). Le soir nous retournons au repaire anarchiste La bonne descente, regarder un film sur des chaises en plastique.

Samedi 1er mars, ascension de la face légitime de la culture, nous allons voir une opéra : To Be Sung de Pascal Dusapin est mis en scène par James Turrell aux Amandiers de Nanterre. Je reste suspendu à la subtilité magnétique de la composition visuelle de James Turrell. Souvent en partie légèrement éblouis par une rampe de lumière qui nous fait face, les silhouettes des trois chanteuses semblent suspendues dans un écran de couleur où l’espace profond disparait. A la toute fin seulement, elles traversent un écran de lumière venant révéler, pour la première fois, leurs visages. Sidérant.

Nous enchainons par une fête dans notre ancienne collocation de Laplace. J’avais eu la mauvaise idée de porter une combinaison de travail intégrale qui s’ouvrait tout du long par une fermeture éclair. Zip, zip, ziip, ziiiiiip, ziiiiiiiiip, pffff vous êtes lourds.

Mardi 3 mars, j’expose au Salon de Bagneux. J’avais candidaté aux trois Salons d’art contemporain qui semblaient être un passage obligé des « jeunes artistes » : Bagneux, Montrouge et Jeune Peinture. Celui de Bagneux s’est arrêté l’année suivante je crois, ce qui est dommage car j’en garde un bon souvenir, même s’il n’était possible de montrer qu’un seul travail.



Mardi 8 avril, nous avions été « castés » dans un bar pour faire de la figuration dans le film Le pari des Inconnus. 3 jours d’ennui dans un sous-sol, à manger du pauvre cake industriel. Un mini rôle m’avait été attribué, « l’ami d’Isabelle (Otero) » (et on constate alors que même dans une scène muette de 5 secondes, j’arrive à démontrer que je suis très mauvais comédien).

Mardi 15 avril, première participation au Salon Jeune Peinture (aujourd’hui Jeune création) dans l’Espace Eiffel-Branly. Je présente une installation un peu compliquée à mettre en œuvre, avec des projections diapositives et une projection en boucle d’un film super 8. Je reviendrai presque chaque jour pour changer une lampe ou réparer la boucle du film.

Dimanche 20 avril, concert de Cat Power au Café de la danse, peut-être le plus beau concert de ma vie. Chan Marshall est restée les yeux fermés ou cachés derrière sa frange. Elle avait un tic nerveux consistant à balayer le câble de sa guitare d’un mouvement de pied. Son groupe était hyper prévenant (avec Steve Shelley à la batterie quand même). On la sentait au bord de la cassure, et nous sommes tous restés en suspension dans une attention fascinée que je n’ai jamais revécue depuis (le concert suivant de Cat Power sera une catastrophe).

Jeudi 24 avril, Emma et Damien font de la figuration pour une fête organisée par les montres G-Shock à la salle Wagram. Je m’improvise photographe. Drôle.

Samedi 26 avril, je me fais élire un peu par hasard au comité d’organisation de Jeune Peinture. J’avais été convaincu par le caractère autogéré du salon et les volontaires étaient rares. Je ne me rendais pas compte du travail que cela signifiait et heureusement car sinon je serai parti en courant.

Mardi 29 avril, vernissage du Salon de Montrouge dans des conditions minables. Les œuvres sont collées les unes à côtés des autres (une seule par artiste). Ce soir-là, un visiteur (la cinquantaine, barbu et ventru) est tombé de tout son long en butant sur une sculpture. Edifiant. La sélection avait déjà été un drôle de truc : chaque artiste installait son travail pour un échange de 30 secondes. Je me souviens que l’artiste qui « passait » après moi était Edouard Levé, qui présentait sa série de portraits d’homonymes. Il exposait au salon Jeune Peinture également.


Lundi 5 mai, j’avais complètement oublié ce plan « Jet Service » que nous avait indiqué Sébastien : un type faisait Paris-Nantes tous les jours depuis la Porte d’Orléans et prenait des passagers pour une somme modique. Il roulait très vite. C’était bien avant qu’on parle de covoiturage.

Dimanche 11 à Noirmoutier, nous trouvons un vieux monsieur totalement ivre couché au milieu de la route. Nous le relevons et le raccompagnons chez lui. Il nous dit vivre avec « sa femme qui a la jaunisse ». En effet, une femme au visage jaune comme un pissenlit ouvre la porte et engueule son mari. Leur petit fils fait tranquillement du vélo dans le jardin. Ambiance.

Mercredi 14 mai, j’ai encore le souvenir du réveil difficile chez les grands parents d’Emma. Avec Cécile et Emma, nous étions allés manger chez eux à L’Herbaudière depuis Barbâtre en vélo, avec l’ambition de retraverser l’île après le diner. Mais André avait décidé de nous faire goûter ses expérimentations alcoolisées diverses et exotiques, en particulier son « rhum arrangé » concocté à partir de son eau-de-vie, qui nous laissa un goût prononcé de vanille et un mal aux cheveux insistant. Terrassant.

Samedi 24 mai, mon oncle Jean-Paul nous reparlera souvent de ce « tennis ballon » endiablé dans son jardin, qui a détruit sa belle pelouse pour toute la saison. Oups.

Mardi 27, Mazar-i-Sharif était un enjeu décisif dans la guerre des Talibans contre la résistance du commandant Massoud, mais la victoire fut de courte durée (la ville chutera réellement seulement en août 1998).

Mercredi 28 mai, première réunion (hebdomadaire) du comité Jeune création dans l’atelier de Sophie, rue Ternaux. Je me souviens qu’à cette occasion, des artistes du comité sortant ont distribué un texte qui dénonçait certains abus de pouvoir de la direction de l’association. Un peu inquiétant.

1er juin, enchaînement des bars Le Soleil, Le Pascalou, Le Montagnard, L’Eurobar, concerts de l’Echo-râleur et des Fils de Teupu : un concentré du Ménilmontant des années 90.


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Dimanche 19 janvier 1997. Nous allons danser au Palais de Chaillot au Bal Moderne, un projet qui mêle la danse contemporaine et le bal (depuis 1993 déjà, je ne sais pas si ça existe encore). Bob, un copain de Jocelyn, était « moniteur » mais je ne souviens plus de qui était la chorégraphe.

Mercredi 29, Franck nous emmène à « La bonne descente » rue Rébéval (19e), un local du réseau anarchiste qui se définissait comme « centre de documentation rebelle ». D’après mon dessin, on y avait regardé les Monty Python (que j’orthographe Monthy Pyton) sur une télévision, assis.e.s sur des chaises de jardin. Le militantisme, le vrai.

Jeudi 30 janvier, Pierre et Christine nous annoncent qu’ils attendent un enfant. Ce jour-là je visite le lycée Maximilien Vox pour y organiser une exposition. C’est le lycée où ira Olga, ma fille qui a 18 ans demain.

Dimanche 2 février, nous passons la nuit à l’Eurobar, le ramadan n’est pas encore terminé. C’est dingue mais je me rappelle parfaitement ce documentaire animalier qui décrit le rapport entre lions et hyènes (et pas hyennes). La sororité des hyènes (qui chassent le mâle dès que possible) est terriblement redoutable, même pour un lion.

Mercredi 5 février, encore une nuit à l’Eurobar.

Samedi 8 février, nous faisons une grosse chorba à l’appart pour la fin de ramadan. Le lendemain, Hafid offre le couscous à l’Eurobar pour la même raison. Nos nuits vont reprendre un cours normal.


Vendredi 27 septembre, les Talibans prennent Kaboul, Massoud se réfugie dans le nord du pays. Je dessine le corps de Mohammad Najibullah, l’ancien leader mis en place par l’occupant soviétique. Il était réfugié depuis 4 ans dans un bâtiment de l’ONU. Les Talibans l’ont arrêté, torturé, exécuté et pendu.

Lundi 30 septembre : ah le voilà le dernier concert des Voleurs de poules dont je me souvenais ! C’était en plein air, dans le forum des Halles. Il y eu quelques larmes dans le groupe. Juste avant dans la journée, j’envoie mon dossier de candidature au salon Jeune Peinture.

Vendredi 11 octobre, je reprends l’enseignement à la fac de Strasbourg. Et j’oublie mes notes pour mon premier cours. 1h d’impro devant un amphi plein.

Samedi 12 octobre, Massoud a abandonné Kaboul mais il résiste dans son fief du nord.

Jeudi 17 octobre : deuxième cours, l’amphi qui m’a été attribué ne permet pas de faire entrer tout le monde. L’année a du mal à commencer !

Dimanche 20, Emma part en tourner en Bulgarie avec sa compagnie de théâtre.

Le soir, nous regardons Urgence à la télévision.

Mercredi 23 octobre, j’assiste à ma première soutenance de thèse en Arts plastiques, à la Sorbonne. Le candidat (je n’ai pas noté son nom) se fait démonté par Thierry de Duve, qui dit, en gros : « vous vous présentez comme artiste et chercheur. Ce que vous faites comme artiste ne m’intéresse pas et ce que vous dites comme chercheur manque de rigueur et de sérieux. Je me souviens qu’il avait parlé de « provincialisme ». Le verdict était clair et autant adressé à la thèse en arts plastiques en général qu’au candidat en particulier. Gulp, j’étais en 3e année de doctorat d’Arts plastiques.

Mercredi 30 octobre, Emma rentre de Bulgarie. Ce même jour, L’Express révèle que Charles Hernu, ancien ministre de l’armée de Mitterrand (et maire PS de Villeurbanne) avait été recruté dès 1956 par les Bulgares comme agent du KGB.

Jeudi 7 novembre :  la collocation strasbourgeoise est un peu reconfigurée, Mathias a pris la place de Florent, et Mathilde s’installe ce jour-là dans l’appartement pour prendre ma chambre. Mathilde est une amie d’amie, qui a travaillé dans la production musicale et qui reprend les études aux Arts déco. Mes cours étant groupés sur le premier semestre, nous avions convenu que je squatterai dans l’appart jusqu’à la fin de l’année pour lui laisser la place. Je fais un premier déménagement vers Paris le samedi 9.

Samedi 16 novembre, je note « NTM condamnés ». Joey Starr et Kool Shen venaient d’être condamnés à 3 mois de prison fermes, pour outrage à policier (pendant un concert dans le Var, suite à la victoire FN à Toulon).


Mercredi 20 novembre. Nous jouions beaucoup à l’Assassin à cette période, un jeu qui ne nécessite aucun matériel spécifique. Nous nous disions, avec Valérie, Mouss, Emma, que nous devrions inventer un système de cartes pour jouer à l’Assassin, et que nous pourrions faire fortune avec ce jeu. Mais nous n’avons jamais rien fait bien-sûr. Quelques années plus tard, j’ai découvert le Loup-garou, une version « avec carte » de l’Assassin. Le jeu a été inventé un an plus tard (1997) aux Etats-Unis (Werewolf) puis adapté en 2001 en France, avec un succès immense. Nous aurions pu être riches.

Gaëtan, Manu, Jean-Marc, avaient été nommés pour leur premier poste dans un lycée d’arts appliqués à Amiens. Je découvre alors Amiens à l’occasion d’une fête dans leur collocation, le samedi 23 novembre. Le lendemain nous partons marcher dans la baie de Somme. Je ramasse des coquilles d’oursins, qui me serviront pour une future installation. Le soir, Manu, Gaëtan et Jean-Marc nous proposent un exercice de dessin : manipuler des objets dans le noir puis essayer ensuite de les dessiner. Avant de faire une partie d’Assassin.

Mardi 26 novembre, je prends des livres en photo (diapositives) pour mon cours magistral. C’était une pratique habituelle et chronophage : se constituer une précieuse banque de diapositives pour ses cours !

Je n’ai aucun souvenir d’avoir vu cette pièce de Nabokov ce soir-là, avec Bruno Ganz dans la distribution. J’ai oublié que j’avais vu Bruno Ganz !

Mercredi 27 novembre, je m’énerve au téléphone contre l’inspectrice générale d’arts appliqués, mais c’est un peu trop long à expliquer ici. La conclusion de la conversation, c’est qu’à la fin de mon contrat doctoral, je vais aller enseigner les arts plastiques en collège plutôt que les arts appliqués au lycée.

Dimanche 1er décembre, pour les 20 ans de ma cousine Sylvaine, je me souviens bien de ce plat de brochet froid mais pas de la projection des films super 8. L’inverse aurait quand même été plus compréhensible.

Mercredi 3 décembre, nouvel attentat dans le RER à Paris, non revendiqué mais attribué au GIA algérien.

Mardi 10 décembre, Jan Dibbets joue de la perspective dans ses photographies exposées dans la galerie Lelong.

Vendredi 13 décembre, je fais dessiner le palais universitaire à mes étudiant.e.s de Licence 1 pour mon atelier de perspective.

Mardi 17 décembre, les immeubles du haut de la rue Robineau sont en démolition. Nous allons apprendre à nous rendormir avec des bouchons d’oreilles après 7h du matin.

Ce jour-là, j’achète des cadeaux de noël à ma sœur : un livre d’Amadou Hampâté Bâ et un CD de Khaled. Politiquement correct. Mais oups, je mange chez Mc Do ensuite.

17 décembre toujours (et pas le 18), le groupe armé révolutionnaire Tupac Amaru prend plus de 600 personnes en otages à l’occasion d’une réception dans la résidence de l’ambassadeur du Japon à Lima (ministres, ambassadeurs, et aussi la mère et la sœur du président Fujimori). 72 resteront prisonniers pendant 4 mois. Imaginer des guérilleros marxistes dans les dorures d’une ambassade m’amusait (je dessine une sorte de Picaros surgissant d’un pièce montée). La situation a été tellement particulière qu’on a parlé de « syndrome de Lima » : une amitié s’est nouée entre les jeunes combattants peu instruits et les riches otages cultivés, qui débattent, jouent aux échecs, partagent leurs repas, fêtent ensemble les anniversaires des captifs. Le 22 avril 1997, les 14 membres du commando sont exécutés par les forces spéciales.

19 décembre (et pas le 18), Marcello Mastroianni est mort et c’est bien triste.

Mercredi 25 décembre (noël quoi), souvenir inoubliable : tomber en panne sous le tunnel de Fourvière.

Mercredi 1er janvier, je commence l’année en vomissant. Tiens déjà.

Vendredi 3 janvier : vague de grand froid un peu partout en France. Le mont St Michel est pris dans la glace. Sublime.

Jeudi 9 janvier, réunion de profs à Strasbourg. Je dessine des feuilles de notes, des moustachus, un kouglof, et je trouve ça long.

Vendredi 10 janvier, c’est ramadan et donc nos bars favoris de Ménilmontant (Eurobar, Soleil) sont ouverts toute la nuit. Période éprouvante.

Samedi 11 janvier, Guillaume fait une fête dans son nouvel appart qui prend feu. Pas de souvenir de ça.

Le lendemain, petit croquis aux Couleurs, un bar de la rue St Maur qui n’existe plus et qui manque. C’était un endroit beau et calme où nous aimions passer nos dimanches d’hiver avec parfois, comme ici, un musicien soufi qui enchantait nos gueules de bois. Merde dimanche soir, l’Eurobar est encore ouvert.



Ce début de période de vacances estivales est principalement occupé par la rédaction de ma thèse, ce qui donne une série de semaines assez répétitives. Moins de cinéma mais un bel enchainement : Mean Street (Scorsese), Une passion (Bergman) et Riz amer (De Santis).

Mardi 1er juillet 1997, rétrocession de Hong Kong à la Chine.

Dimanche 6, je ne pense pas que les sœurs d’Emma, encore petites, s’étaient rendues compte que leur grande sœur avait eu une nuit très difficile et que sa présence avec elles dans le jardin de Mennecy était une sorte de performance héroïque !

Samedi 26, grosse fête chez Lionel et Stéphanie à Vendôme, et toute la bande de Vincent.

Je ne me souvenais pas porter autant d’intérêt au Tour de France !


Mercredi 12 mars, concert de Bästard à Confluence. Le groupe produit par Lee Renaldo de Sonic Youth, jouait sans scène, au milieu du public. Le leader, Eric Aldéa, était un copain de lycée que je n’avais jamais revu et que je ne reverrai jamais après ce concert.

Dimanche 16 mars, après-midi chill aux Couleurs, pour un petit concert de Jasmine Band (et pas Jasmin). J’ai lu que cette année-là, en 1997, Bertrand Belin jouait dans ce groupe. Mais je n’ai dessiné que Jasmine alors peut-être était-elle seule ce jour-là, je ne m’en souviens plus.

29-30 mars : week-end familial « ski de randonnée » mémorable tant nous avons tous souffert dans nos chaussures. Dimanche, j’écris : « Terrasse + tong = bonheur ». Spéciale dédicace à mon oncle Jean-Paul qui avait rapporté de Jamaïque un bonnet avec dread locks. La classe.

Mardi 1er avril, redécouvrir sa ville en touriste pour un semaine lyonnaise avec quelques étapes obligées : le Chanteclair sur le plateau, le Bock’son et l’Atmosphère (et son baby-foot), sur les pentes.

Samedi 5 avril, mort d’Allen Ginsberg.

Dimanche 6 avril, petit croquis chez ma grand-mère, dans son appartement de St Symphorien-sur-Coise dont je me rappelle chaque détail encore.




Samedi 7 juin, à la Ménagerie de Verre, « Les Inaccoutumés IV » (déjà !). Olivia Grandville avait organisé un parcours intitulé « Il nous faudra quand même un peu d’argent. J’ai fait des économies ». J’ai du mal à comprendre ce que j’ai dessiné, peut-être la dernière partie de la déambulation qui comprenait des projections vidéos.

Mardi 10 juin, ce concert de Natacha Atlas avait été épuisant tant le Café de la danse n’était pas adapté à la chaleur. La salle était suffocante et la chanteuse n’en pouvait plus, nous avions tous hâte que ça cesse. Je crois que j’ai boudé le Café de la danse depuis !

Mercredi 11 juin, je note que Jeff Buckley est mort car c’est ce jour-là que je l’apprends mais sa noyade date du 29 mai et son corps a été retrouvé le 4 juin. Il avait improvisé une baignade nocturne tout habillé dans la Wolf River (port de Memphis) et aurait croisé un bateau…

Vendredi 13 juin, première fête dans le local de l’Association, la jeune maison d’édition de BD indépendante où bosse Guillaume. La police interrompt les festivités.

Mardi 17 juin, j’apprends par Minitel (!!) que je suis nommé professeur dans l’Académie de Créteil.

Samedi 21 juin (fête de la musique), concert des Voleurs de Biques, le groupe de Bastien (Lallemant), Natacha et Thierry. Nous finissons la soirée au Pascalou où nous rencontrons un homme qui prétendait être (ou ressemblait à) Gaston Bachelard.

Samedi 28 juin, grosse fête chez la mère d’Anne-Ga à St Arnoult. Nous arrivons le vendredi soir et le samedi matin, j’ai un souvenir très précis de notre réveil : elle nous avait réveillé en mettant le disque (vinyle) de Hair à plein volume. Let the Sunshine In.

Dimanche soir, je note « Mathilde me ramène mes affaires ». Je pense qu’il s’agit des derniers trucs de mon appartement de Strasbourg qu’elle me ramenait en même temps que ses propres affaires. Elle était accompagnée de son compagnon, qu’elle avait retrouvé après une longue rupture : Cédric Klapisch.



Le 31 juillet, départ pour Noirmoutier avec un sac à dos rempli de livres et de photocopies. Je partais pour finir d’écrire ma thèse et je n’imagine même pas comment je ferais aujourd’hui : sans internet ! Tout devait être avec moi : notes de lecture, photocopies d’articles ou de chapitres d’ouvrages. Je me dis aussi que c’était plus facile de rester concentré sur son écriture, sans les dérives tellement rapides des recherches internet, sans les messageries, les réseaux sociaux. Juste des notes et des textes.

Cette fin d’été consacrée à la rédaction de ma thèse, donne des pages d’agenda paradoxalement plutôt dessinées. Les journées sont répétitives, il n’y a pas beaucoup d’activités à consigner donc cela laisse de la place à des croquis. Ces moments de dessin devaient être pour moi des petites parenthèses salvatrices, et ces 4 semaines d’agenda voient se succéder des vues de la maison de Barbâtre :  dedans, dehors, devant, derrière, autour…

Dans la tranquillité de cet été studieux, je note la mort de l’intranquille William S. Burroughs lundi 4 août, sans doute informé par Libération, que je lisais chaque jour à cette époque (Burroughs est en fait mort le 2 août).

Le lendemain, mardi 5 août, une voisine nous avait déposé des anguilles vivantes (je note « immortelles ») qu’il me fallut tuer, vider et peler… dans une scène digne du combat mené par Bernard Menez dans le film Du côté d’Orouët de Jacques Rosier.

Echappant quelques heures à la chaise et au bureau, nous fûmes initiés par le grand-père d’Emma à la pêche aux palourdes, « au trou » (lundi 11 et jeudi 22 août).

Nous avions également bricolé un petit terrain de badminton (dimanche 17) qui nous valut quelques parties effrénées avec Vincent et Julie. Indispensable après une journée de clavier.



Dernières pages de l’agenda : seulement 2 semaines.

29 août, on fête pour la première fois la naissance de Noé et l’anniversaire de Dominique.

Samedi 30 août, visite de la biennale de Lyon confiée à Harald Szeeman, dans la Halle Tony Garnier. Beaucoup de très grands noms cette année-là, Pipilotti Rist, Gary Hill, Bruce Nauman, Stan Douglas, Douglas Gordon, Valie Export, Chris Marker, Gabriel Orozsco... J’ai dessiné les rats géants de Katharina Fritsch mais c’est l’œuvre de Yukinori Yanagi qui m’a le plus marquée et dont je parle encore régulièrement aux étudiant.e.s : une large surface de papier au sol, recouverte de lignes de stylos billes, résultat du suivi de la déambulation d’une fourmi.

Mardi 2 septembre, je reçois ma nomination comme professeur d’arts plastiques dans deux collèges du Val de Marne.

Vendredi 5 septembre, week-end familial à La Grave. Une association de St. Symphorien-sur-Coise, le village de mes parents, est propriétaire du Dahut, un grand Chalet aux Hières, un hameau au-dessus de la Grave, pour moi un des plus beaux endroits des Alpes, dans les Ecrins, face à la Meige.

J’avais oublié un détail que je note ici : pendant tout ce week-end, mon neveu Robinson était devenu bègue… je crois que ça n’a pas duré longtemps mais je me souviens bien maintenant de ce drôle de phénomène qui m’avait un peu inquiété.

Sur les pages blanches en fin d’agenda, quelques croquis d’expositions, projets, références bibliographiques et deux citations (Robert Smithson et Pierre Bourdieu).

Et aussi en double page, le croquis des Couleurs dont j’ai parlé il y a quelques semaines. Le bar n’existe plus sous ce nom mais il est encore là, rue St Maur, je suis passé devant cette semaine et le bel escalier en colimaçon est toujours en place. A gauche contre le mur, c’est Lola et sans doute Ophélie en face d’elle, mais ça ne lui ressemble pas du tout.

J’avais couvert mon agenda avec une feuille de papyrus rapportée d’Egypte l’été précédent.