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C'est reparti pour un 7e agenda. Petite nouveauté, j'ai un «emploi du temps » dans mes nouvelles fonctions de prof de collège en arts plastiques, avec 3h douloureuses le samedi matin (bizutage des jeunes enseignant.e.s). Je m'amuse de retrouver le nom de mes classes du collège Jean Perrin d'Ivry-sur-Seine : 5e Sand, 5e Prévert, 4e Bizet, 4e Puccini. La Principale m'avait expliqué : « comme ça nous savons que nos élèves connaitront au moins les noms de 4 grand.e.s artistes en sortant du collège ! »

Mercredi 1 septembre, je fais ma rentrée des classes au collège Rabelais de Saint-Maur des Fossés, alors que j'ai reçu ma nomination la veille !

Samedi 13 septembre, nous ressortons tous de la projection de La rivière de Tsai Ming Liang avec une sensation de torticolis...

Dimanche 14, je ne sais pas pourquoi j'ai coiffé Valérie d'un masque de bourreau sinon que je crois me souvenir que cette coupe de cheveux « exécutée » sur Emma était un peu catastrophique.

Jeudi 18 septembre, un car de touristes allemands se fait attaquer devant le musée du Caire. Le fait de connaître le lieu de l'attentat me rend particulièrement sensible à ce drame.

Lundi 22 septembre, avec Jeune Peinture, nous avions organisé une exposition à la Fondation Ricard, sur le modèle du cabinet de curiosité, en demandant aux artistes qui le souhaitaient de présenter un « truc » qui leur était cher sans pour autant que ce soit une œuvre. J'avais montré un petit dessin tracé sur un carreau de céramique trouvé par terre en Egypte, justement... A cette époque la fondation avait encore une grosse moquette totalement impossible.

Superbe expo Thomas Ruff au Centre National de la Photo (rue Berryer) jeudi 25, magnifique installation Tadashi Kawamata samedi 17, incroyable concert de Tom Cora et Noël Akchoté aux Instants Chavirés samedi toujours, la semaine fut riche.

Entre tout ça, je travaille encore de temps en temps sur ma thèse (mardi 30 septembre, mardi 7 octobre). 





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Agendas # 7 - 1997/1998

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Mardi 24 février, « chercher Syquest » chez Zaoum. J'ai dû aller sur wikipedia pour retrouver ce qu'était un Syquest (Zaoum je sais, c'est l'agence de graphisme de Delphine, qui s'occupe du catalogue Jeune Peinture cette année là). Alors un Syquest était une sorte de grosse disquette sur laquelle les graphistes avaient enregistré quelque chose (mais quoi?), que j'ai ensuite déposée à la DAP (pourquoi?) avant de rejoindre Catherine et Jean-Pierre Alain à Clichy, qui m'attendaient pour aller ensemble à l'Imprimerie Nationale (nous avions obtenu que le Ministère nous aide aussi comme cela). Tout ça pour un catalogue qui n'est pas terminé puisque le lendemain, je saisi les textes des écrivain.es envoyés par les éditions Baleine pour qu'ils figurent dans le catalogue. J'ai du mal à suivre mais quelle énergie il fallait pour faire un livre ! On oublie quand même  le temps qu'internet et la communication en ligne nous fait gagner (au regard de tout celui qu'il nous vole).

Jeudi 26 février, Dominique et Didier attendent un p'tit (une petite en fait, hé hé hé).

Vendredi 28, les Joueurs de Biques sont de passage à Lyon (à l'Atmo). Je ne me souvenais pas que Pierre S. était avec nous ce soir là.

Mercredi 11 mars, belle exposition-performance d'Alain Fleischer au Credac : un film (16 mm?) est projeté sur un papier photographique qui couvre le mur entier. Puis 4 personnes en tenue de travail viennent révéler l'image à grand coup de balais. Je ne me souviens pas si l'image a été ensuite fixée, probablement que oui.

Samedi 21 mars : quand tu es rentré à 2h30 du matin après une fin de soirée au Cannibale, que tu étais à 8h30 au collège, que tu restes après les cours pour remplir les bulletins, et qu'Emma dort encore quand tu rentres... Tellement injuste.

Le soir : crémaillère chez Albane et dimanche matin, lever tôt pour un grand mailing Jeune Peinture. Sieste méritée.




Mardi 21 avril, « les filles » (Anne-Ga, Lola, Ophélie, Annabelle, Cécile) offrent une voiture à Sarah !! Bon, elle était bien pourrie la voiture, mais quand même... Le lendemain elles viennent toutes à l'Espace Eiffel-Branly pour une visite de l'expo Jeune Peinture.

Lundi 27 avril, Emma commence à travailler avec Jacques Doillon (et pas Doilon) pour la préparation du film Petit frère, en binôme avec Lola.

Lundi 4 mai, concert (fort) de the Ex aux Instants Chavirés, avec vente de pizzas véganes par des militants antispécistes. C'était très nouveau pour moi tout cela.

Mercredi 6, Guillaume nous annonce qu'il va se marier. J'avais complètement oublié... Guillaume ?? WDF ?

Vendredi 8 et samedi 8 mai, tournée parisienne des Joueurs de biques. Je dessine Thomas et Natacha poussés dans le canal par un connard en scooter.

Mercredi 13 mai 1998, je note « émeute en Indonésie ». Ces émeutes à Jakarta auraient causé plus de 1200 morts parmi lesquels un grand nombre de commerçants chinois qui furent particulièrement victimes de violences systématiques. Les étudiant.es amorcent la révolte contre le président Soeharto le 13 mai, mais les incendies et pillages qui suivent, le 14 mai, semblent cibler plus particulièrement les Chinois et les Chrétiens. Soeharto démissionne le 21 mai.

Vendredi 22 mai, il semble que c'est la première fois que nous allons « chez les filles » pour une soirée Friends (en VHS bien sûr).

Mardi 26 mai, je fais ma première sortie scolaire comme prof. Nous partons dans le jura pour un voyage autour de l'eau, en lien avec le cours de SVT. J'ai un souvenir  précis du film documentaire du mardi soir sur les sangliers du Jura (ceux qui prélèvent les sangles d'écorce pour ceinturer le vacherin Mont d'or...) Je me demande bien pourquoi je me souviens de ça, ma passion pour le fromage sans doute.

Mercredi 27, je note « les Bretons attaquent ». Nous logions dans un chalet perdu dans la campagne mais par un malheureux hasard, un autre séjour d'adolescent.e.s était dans les environs et lorsque nous avons croisé leur route, quelques mots doux racistes ont été prononcés par ces voisins un peu bas-du-front. En fin de journée, une petite bande de ces « Bretons » a approché notre camp de base et je me souviens avoir couru après deux élèves de 5ème frêles et timides, soudainement transformés en caïds de cités. Les Bretons d'en face étaient des pré-adultes acnéiques à duvet, plus La vie de Jésus que La Haine. Je leur ai expliqué que leur ennemis du jour avaient 12 ans et qu'il fallait trouver des proies à leur taille. Groumpf.

Samedi 6 juin, la soirée se termine dans les locaux de l'Association par une bataille de tampons. Nous (enfin surtout Yann P dans mon souvenir) avions enroulé Ophélie avec le film qui sert à emballer les bouquins. Et les flics avaient interrompu notre enthousiasme bruyant.

Dimanche 7 juin ; concert de Björk au Zénith. Trop propre, trop pro, trop grand.

Jeudi 11 on boit du schnaps pendant la réunion Jeune Peinture chez Maibritt (tiens je me souviens qu'on l'avait croisée au concert de Björk), vendredi 12 on mange des croques-monsieur en regardant le premier match de la France à la coupe du Monde (nous sommes en 1998), samedi 13 on danse pour l'anniversaire d'Emma et dimanche Eric Tabarly a disparu en mer. Plouf.


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Samedi 31 janvier, il semble que c'est la première fois que nous allons au « Coin de verre », un restaurant rue Sambre-et-Meuse (10e), qui n'avait ni enseigne ni signalisation extérieure, mais une grande cheminée chaleureuse et une carte alléchante. Il n'existe plus.

Mardi 3 février, je ne l'ai pas noté mais j'étais bien avec Emma pour voir Funny Game. Je m'en souviens car elle a passé la séance entière sous le siège et est sortie énervée.

Jeudi 5, aucun souvenir de Dans la jungle des villes de Brecht monté par Bronschweig. Mais je me souviens parfaitement d'Holocauste de Charles Reznikoff mis en scène par Claude Régy, vu le lendemain à la Colline. Un gradin face à un mur (je ne me souviens pas si c'est une palissade, un mur en brique, ou autre chose) : le comédien entre et commence son monologue dos au public. Il se déplacera très lentement pour une traversée qui durera le temps du spectacle, ne tournant son visage vers nous qu'au milieu de son parcours. Plongée dans l'effroi.

Samedi 7, réunion parents-profs au collège, tout le monde s'en fou de rencontrer le prof d'arts plastiques :)

Lundi 9, nous prenons l'habitude de squatter la collocation de Anne-Gaëlle, Lola et Ophélie.

Vendredi 13, la collaboration entre Meg Stuart et Gary Hill (Splayed Mind Out) m'a laissé des souvenirs précis et flous à la fois. Je me souviens de cette séquence que j'ai dessinée : une caméra filme le dos d'une danseuse et projette son image en gros plan tandis qu'elle le plisse, malaxe, griffe, tire. La musique était mixée en live je crois. Et le spectacle se terminait par la boucle sans fin d'une danse, nous invitant à quitter la salle quand bon nous semble.

Jeudi 19 février : la recherche d'images pour illustrer ma thèse consistait à feuilleter tous mes Art Press, Beaux Arts Magazine et autres revues conservées précieusement, puis à découper les photographies qui allaient ensuite être insérées dans mon texte (avec de la colle!). Quelle préhistoire !



Jeudi 3 octobre : les immeubles de la rue Robineau, sur laquelle donne la fenêtre de notre chambre, sonr rasés. La couverture de cet agenda est recouverte d’une photo de ces immeubles quands ils étaient encore debout.

Ce jour là, je note «rencontre George Rousse» à la FIAC. J’ai le vague souvenir que je lui avais parlé effectivement, sans doute pour lui dire bêtement : «j’aime beaucoup ce que vous faites».

Lundi 6 octobre, regarder Urgence chaque semaine devient un rituel.

MArdi 14 octobre, Valérie avait invité Les Chats Pelés, la branche graphique des Têtes Raides, au lycée Maximilien Vox. Ell était fan. Ils avaient fait leur conférence coiffés de ces drôles de masques.

Vendredi 17 octobre, fête jusqu’à 3h du matin (chez un type rencontré à l’Atmosphère ai-je écris, je n’en ai aucun souvenir); samedi matin, cours au collège dès 8h30; samedi soir, fête jusqu’à 5h30 du matin; dimanche après-midi, foot à Cachan; dimanche soir, cinéma. Je suis tellement nostalgique de ces aisance à enchaîner!

Je me souviens quand même arriver souvent un peu en retard le samedi matin. Au collège Rabelais, les 6e et 5e devaient attendre leur enseignant.e dans la cour. En arrivant à la gare de St Maur-des-Fossés, depuis le RER, j’ai souvent vu mes petit.e.s seul.e.s et bien en rang à m’attendre dans la cours... La hchouma!

Vendredi 24 octobre, le retour des Voleurs de biques. Et encore une belle brochette de bars dans le week-end : Le Piston pélican, l’Attirail, L’Art brut, Le soleil de Montmartre, L’Eurobar, Le Bartok (celui-là je ne m’en souviens pas). On terminait souvent le dimanche au Paradis, le restaurant chinois en face du Président (Belleville). Il s’appelle Pho 168 maintenant (vientnamien plutôt que chinois, donc).

Lundi 27 octobre : la sélection des dossiers pour le prochain Salon Jeune Peinture prenait du temps. Il y avait presque un millieur de dossiers à consulter et évaluer. Ce jour-là, je regarde une seconde fois tous les dossiers laissés en suspens (les «points d’interrogation»). ça se passait dans une cave de la rue des Immeubles Industriells.

vendredi 31 octobre, Louise est née (la veille je crois bien) : champagne chez Pierre et Christine!

Jeudi 6 novembre, revoir Blue Velvet !

Samedi 8, j'ai bien souvenir de cette soirée où Sébastien s'est fait passé toute la nuit pour un Roumain prénommé Bogdan, j'ai moins de souvenir de Gaëtan portant un bonnet de bain et des lunettes de piscine, et j'ai totalement oublié qui est cette Caroline chez qui nous étions... En me couchant à 6h, ma lucidité avait dû être plutôt mise à mal pour cette longue journée finale de sélection des artistes de la prochaine exposition Jeune Peinture, dès 10h !!

Mardi 11 novembre, ah oui Emma avait une frange à cette période (cf Valérie-coiffeuse-bourreau évoquée la semaine dernière).

Samedi 15 novembre, fête dans l'appartement de Gambetta, sans doute pour mon anniversaire, puisque je reçois des cadeaux, dont une belle paire de chaussures de foot à crampons moulés et ce qui semble être un « bon pour » un fauteuil club (que je récupère mardi 18 et qui deviendra vite un outil de travail essentiel comme on peut le voir dans les jours suivants). Valérie m'avait customisé un lampadaire qui est aussi dessiné le 18.

Dimanche 16 novembre, mort de Georges Marchais.

Lundi 17 novembre, fusillade à Louxor en Egypte. 6 terroristes islamistes entrent dans le temple d'Hatshepsout et tuent systématiquement tous les touristes présent.e.s pendant 45 minutes. 63 personnes sont tuées.

Vendredi 21 novembre, nous allons voir Hana Bi de Takeshi Kitano. Je sais que la séance était à Odéon car nous mangeons avant à Pasta'si, un fast food de pâte qui n'a pas existé très longtemps, place de l'Odéon.

Dimanche 23, retour à l'appart à 7h du matin après une fête chez Muss, Fadil et Anne-Gaëlle, avec bataille de gâteau au chocolat et amende de la police. Encore un dimanche sans foot.

Mardi 25 novembre : Barbara est morte (la veille). J'ai écouté relativement tard mais intensément Barbara, grâce à Emma.

Jeudi 27 : sélectionner 150 artistes, avant les e-mails, cela voulait dire envoyer autant de courriers pour les prévenir, et renvoyer plus de 800 dossiers refusés. Nous avions créé un fichier des « amis de Jeune Peinture » qui soutenaient l'association, et ce matin-là nous leur faisons un envoi : une matinée de travail à quatre (sans compter le dépôt à La Poste).

Samedi 29, je me souviens de ce showcase de Jay Jay Johanson (et pas Johnson, pfff) à la Fnac. Dans une lieu hyper difficile, il avait chanté avec grâce et réussi à nous faire oublier les rayonnages et l’éclairage criard. So tell the girls that I am back in town, you'd better tell them to beware.

Le même soir, concert de Gnawa Diffusion à Montreuil puis soirée « incruste » dans un appart de bourges boulevard Sébastopol. Je me souviens avoir trouvé assez dingue la présence d'un vidéoprojecteur dans une des pièces (tout ça pour projeter Men in Black). C'était encore très rare à l'époque. Petite bataille de mousse à raser et hop, au lit, demain il y a foot avec mes nouvelles chaussures ! (Romain se bloque le dos, le début d'une grande série!).



Lundi 1er décembre : commencer la semaine par La maman et la putain.

Et la finir par une retrospective Georges de la Tour au Grand-Palais.

Le travail sur la thèse redevient très présent.

Et je découvre une nouvelle activité exaltante : remplir les bulletins scolaires.

Samedi 13 décembre, spectacle de Peter Greenaway à Bobigny. J'ai l'impression que Peter Greenaway a complètement disparu, qu'il n'est plus une référence pour personne, c'est toujours bizarre de constater que des artistes qui semblent être incontournables un jour deviennent invisibles 20 ans plus tard. Le soir, dernière fête de la collocation de Laplace. Je dessine « vin rouge sur le mur », je ne m'en souviens pas et je ne me souviens pas de cette dernière fête. Fin d'une période.

Samedi 20 décembre, Claire et Franck emmènent Louise à la crémaillère de Dominique et Didier où le cousin Philippe est en grande forme.

Lundi 22 décembre, Annick et Vincent déménagent en quittant non sans tristesse leur bel appartement du vieux centre de Grenoble. Je ne me souvenais pas qu'il y a avait eu tous ces accidents (pare-brise cassé, déménageur à l'hôpital).

Le nouvel appartement est à deux pas du Magasin (et pas magazin) où je visite l'expo Dramatically Different d'Eric Troncy, le grand défenseur des »expositions d'auteur ». J'y avais eu une drôle d'expérience : le principe de Troncy est de  composer des ensembles d'oeuvres qui semblent ne pas se soucier de leur contexte historique ni même de leur sens, en jouant sur des connivences formelles, des liens narratifs. Il avait ainsi placé une sculpture hyperréaliste de Duane Hanson devant une large installation d'objets disparates posés au sol (je ne me souviens plus de qui). J'étais totalement seul dans le Centre d'art, et j'ai vraiment mis plusieurs minutes, jouant de stratégies d'approche dignes d'un chasseur, pour constater que oui, cette dame consternée un peu mal habillée était bien une sculpture.

Mercredi 24 décembre : croquis de « mon » escalier, celui au pied duquel j'ai joué toute mon enfance. J'aime bien le voir là.


Mardi 30 décembre, la grippe aviaire de Hong Kong (que j'appelais « grippe du poulet ») se glisse dans mon agenda.

Le soir, beau spectacle de Richard Brook aux Bouffes du Nord (où je note la présence de Lionel Jospin, Jacques Toubon et Catherine Deneuve dans la salle!) et le lendemain nous fêtons le nouvel an dans la maison de Fred alias Joao, une ancienne école en région lyonnaise, idéal pour les fiestas.

Samedi 3 janvier, très belle exposition de Ann Hamilton dans l'intégralité du Musée d'Art contemporain de Lyon. Le dernier étage était occupé par un immense voile de tissu rouge-orangé, animé par un mécanisme qui produisait des vagues. Sous cette masse flottante, se trouvaient quelques paons en liberté. Assise en haut d'une sorte de mat, une performeuse dévidait un long fil recouvert de pigment bleu, qui se déversait sous la toile et s'entassait au pied du mat.

Le lendemain, je note « plus de 400 tués en Algérie ». Le dimanche 4 janvier, les communes de Had Chekala, Ramka et Ain Tarik sont le lieux de terribles massacres, puis le hameau de Sid Maamar le lendemain (plus de 300 morts). Mais je pense que je faisais plutôt allusion au massacre de Relizane, vendredi 30 décembre, premier jour du Ramadan (plus de 400 victimes).

A cette époque, j'achetais encore des CD (Pixies et Natacha Atlas le 6 janvier, Air et Bashung le 22).

Mercredi 7 janvier, Regarde la mer, un troublant premier film (enfin premier moyen métrage) de François Ozon, au final glaçant.

Samedi 10 janvier, c'est reparti pour les soirées à rallonge à l'Eurobar (ramadan : ouverture toute la nuit).

Mercredi 14, je retourne dans l'expo La Tour au Grand Palais, mais c'est pour un repérage d'une action secrète menée avec l'association Jeune Peinture. Je crois me souvenir que nous avions prévu d'enfiler des gants blancs, tous au même moment, puis après un signal (sifflet), de décrocher des tableaux pour les poser au sol. Ce dont je ne me souviens pas, c'est la cause d'une telle action. Mais je note vendredi 16 : « Commando De la Tour abandonné, le ministère à cédé ». Il s'agissait donc d'un bras de fer avec le ministère de la culture, sans doute à cause d'une baisse de subvention annoncée. Je me souviens très bien avoir été déçu.

Samedi 24 janvier, retrospective Bruce Nauman (et pas Naumann) au Centre Pompidou. Rare.

Dimanche 25, encore un déjeuner chez le père d'Emma à Mennecy avec un casque à plomb (Eurobar, ramadan, retour à l'appartement à 5h30 du matin...) La partie de trivial Pursuit Disney (!?) de l'après midi n'a pas dû être brillante, pardon Chloé et Camille !



C'est parti pour 2 mois de déambulation en Chine où je vais beaucoup dessiner, plus que dans tous mes voyages précédents. Nous avions le temps et Emma aime lire pendant que je dessine.

Mardi 14 juillet. Dans le taxi sur l'autoroute en direction de l'aéroport, nous entendons un grand bruit, et voyons une roue nous doubler sur la gauche à grande vitesse. Notre roue arrière. Le chauffeur s'arrête, récupère la roue, enlève un écrou à chacune des autres encore en place et fixe celle qui s'était échappée avant de repartir. Tranquille. Nous sommes en Chine depuis seulement 2 jours.

Jeudi 16 juillet, première journée à Dali dans le Yunnan, nous découvrons le Jack's Café. Jack parle anglais et nous sympathisons rapidement avec lui et son ami Langer (deux pseudo à usage des touristes bien-sûr). Samedi 18, nous partons ensemble jusqu'à un marché de l'autre côté du lac, car ils souhaitent voir si c'est une excursion qui pourrait intéresser les touristes. Sur le parcours, nous passons par un village qui aurait été particulièrement touché par la grande famine qui suivi le Grand Bon en avant. Ils nous parlent de rumeurs concernant des bébés morts de faim et et mangés par les parents affamés.

Au retour Jack me propose de dessiner la carte de son resto en échange du couvert pour nous deux, le temps que durera mon travail.

Mardi 20 juillet, Emma souffre d'une rage de dent tenace. Nous décidons d'attendre à Lijiang pour voir comment ça tourne. Si la douleur dure, il faudra retourner dans une grande ville parce que les dentistes aperçus ressemblent plus à des barbiers qu'à des médecins... Lijiang est peuplée de la minorité Naxi, une société matriarcale où les hommes s'accouplent avec les femmes la nuit, furtivement, avec leur accord seulement. Les femmes peuvent donc avoir des partenaires multiples, tous les enfants vivent avec leur mère et ne connaissent parfois pas leur géniteur. Ce dont je me souviens surtout, ce sont des hommes dans les espaces publics, qui s'occupent des enfants, petits enfants, et font chanter des oiseaux. Et des femmes entre elles, qui fument.

Vendredi 24, Emma va mieux et nous retournons à Dali. Je continue mon travail au Jack's Café. La veille de notre départ, Jack  nous invite dans un restaurant spécialisé en Lamb Pot, une fondue chinoise délicieuse (qui est encore meilleure avec du chien d'après lui).

Jack nous confiait trouver fou que lui, à moins de 30 ans, était déjà propriétaire d'un café-restaurant et d'une moto, quand son père qui avait travaillé toute sa vie n'avait rien. J'ai souvent pensé à ces deux gars de Dali, à ce qu'ils deviennent. Il semble qu'il existe encore un Café de Jack à Dali.En cherchant des infos, je suis tombé sur le livre d'un écrivain voyageur australien, Peter Moore, titré No Shitting In The Toilet, expression empruntée à une affichette trouvée dans les toilettes du Jack's Café de Dali. Je ne me souviens pas l'avoir vue mais ce dont je me souviens bien, c'est qu'aller aux toilettes en Chine à cette époque nécessitait du courage.

Chaque dessin me rappelle des anecdotes, trop, d'autant plus que je pense avoir déjà beaucoup raconté ce voyage et que ma mémoire est sans doute un peu formaté par ces récits. Je me rends compte cependant que des prénoms sont mentionnés (Laetitia et David, Stéphane) mais je ne me souviens pas du tout de ces compagnes et compagnons de voyage...



Samedi 28 mars 1998. Je ne me souvenais plus comment j’avais noté cette terrible nouvelle. Le hasard de ces publication hebdomadaires fait que dans 3 jours, cela fera  25 ans que Pierre s’est donné la mort. Je l’ai glissée au fil de la journée, le plus discrêtement possible on dirait. Et la chronique de cette semaine et de la suivante semble encore plus factuelle que d’habitude.

Les deux dernières semaines sont fortement consacrées à la réalisation et la mise en place d’une installation un peu complexe pour l’expo Jeune Peinture. Des projections diapositives sur toiles via le reflet dans des miroirs posés au fond de bassins d’eau étaient animées par des gouttes-à-gouttes. Ne plus jamais travailler avec de l’eau!

Vendredi 19 juin, encore une soirée à l'Association, pour le vernissage de la « chambre de Marcello », une installation de Thomas Ott. Christophe avait le blues mais je ne sais plus pourquoi.

Mardi 23 juin, petit croquis d'une réunion de profs du collège...

Vendredi 26 juin, « assassinat de Matoub Lounès », en fait tué la veille sur la route entre Tizi Ouzou et son village natal. Sa voiture a reçu 78 impacts de balles.

Dimanche 28 juillet, pique nique de famille à Châtelus. Nous nous serons devant un petit téléviseur en noir blanc que je qualifie de « cryptée » (et pas cripté), pour voir la qualification pénible de la France contre le Paragay.

Jeudi 2 juillet, préparation du voyage en Chine : je vais chercher des traveller's chèques à la Banque de France. Est-ce que ça existe encore ?

Vendredi 3 juillet, nous sommes de plus en plus nombreux dans ce bar dont j'ai oublié le nom (juste à côté du lycée Charlemagne dans le Marais) pour voir le ¼ de finale France-Italie. Di Biago rate son tir au but. Cheh:)

Beaucoup moins de séance de cinéma ces semaines, mais une claque quand même avec Les idiots de Lars von Trier, samedi 4 juillet.

Mercredi 8 juillet, nous sommes vraiment nombreux pour la ½ finale contre la Croatie. Le patron du bar nous offre le champagne pour fêter la qualification. Pas si fréquent !

Je me presse de finir les dernières relectures de ma thèse avant le départ pour 2 mois en Chine. C'est étonnant mais je n'avais pas souvenir d'être parti en Chine avec une soutenance de thèse à programmer à mon retour. Et je n'ai aucun souvenir d'avoir été stressé par cette perspective (c'est le cas de le dire).

Samedi 11 juillet, départ pour Beijing (Pékin). Nous avions lu que l'été, il était possible de louer des chambres d'étudiant.e.s aux Beaux-Arts ; nous entraînons avec nous une voyageuse rencontrée dans l'avion (Gabrielle la chanteuse). Nous étions un peu épuisé.es à cause de la nuit dans l'avion, la forte chaleur et le décalage horaire, mais comme il y avait miraculeusement une télé dans notre chambre, nous mettons notre réveil à 3h du mat pour voir la finale de la coupe du monde. Gabrielle se joint à nous et nous fêtons un peu bruyamment les 3 buts de l'équipe de France. Une dame en pyjama est venu nous en faire le reproche. Les semaines suivantes, mon crâne rasé eu un certain succès grâce ma ressemblance supposée avec nos héros crânes d'oeuf, Franck Leboeuf et Fabien Barthez.



Suite du voyage en Chine et fin de ce 7ème agenda.

J'ai beaucoup de plaisir à revoir ce croquis de Langmusi où nous avons sans doute passé les moments les plus magiques du voyage. A plus de 3000 m d'altitude, le village est au bout du monde, sur la route du Tibet. Les habitant.e.s sont bouddhistes tibétain.e.s et musulman.e.s (Hui) dans une cohabitation qui semblait harmonieuse et loin du contrôle des autorités centrales, totalement invisibles là-bas. Le soir, nous nous réchauffons au Leisha's café (dont j'ai dessiné la façade dimanche 16 août) tenu par un couple hui magnifique, qui sert des bières et des improbables chaussons aux pommes roulés sous nos yeux et cuits au feu de bois.

Samedi 29 août, fin du voyage. J'apprends quels sont les deux collèges de Seine-St Denis (à Drancy et Livry-Gargan) où j'enseignerai la semaine suivante. Retour sur terre.

Mardi 1er septembre, nous fêtons la fin du tournage de Petit frère de Jacques Doillon, pour lequel Emma a travaillé à la préparation avec Lola. Quand elle avait été engagée dans le projet, nous avions déjà nos billets pour la Chine, donc elle savait qu'elle manquerait le tournage estival. Mais c'était quand même un peu triste de ne pas en être et les retrouvailles avec les enfants sont très chaleureuses.

Vendredi 4 septembre, grand week-end familial en Vanoise, pour les 60 ans de ma mère.

Sur la couverture de cet agenda, j'ai collé des photos de l'immeuble promis à la destruction en face de notre fenêtre (rue Robineau dans le 20e).