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9e agenda et une première carte professionnelle de l’Université de Picardie Jules Verne. Comme souvent, les pages libres du début me servent de prise de notes. Les croquis de la semaine du 24 aout représentent les deux boxes de chevaux que j’occuperai pour une expo à Deauville.

Mardi 14 septembre, concert au Batofar. Je n’ai aucun souvenir de Ace (je ne vois même pas ce que c’est) mais le duo trompette/batterie des Anglais de Spaceheads me convainc totalement.

17 septembre, week-end avec la tribu familiale à Beaubois. Petit croquis avec Emma en train de lire devant la chapelle.

Jeudi 23 septembre, visite de l’exposition Propice à l’Espace Paul Ricard. J’esquisse quelques traits pour représenter une installation de Didier Marcel, je pense qu’il s’agit de tomates posées sur des sortes de cuillères plantées dans la cloison.

Le lendemain, tour des galeries. Peu de souvenirs sinon l’exposition d’Alain Declercq chez les Valentin.

Dimanche, reprise du foot à Cachan, et grande nouveauté : quelqu’un a acheté des chasubles jaune et bleu pour différencier les équipes (rarement lavées : leur odeur aigre me revient au nez en y pensant).

Mardi 28, ma première rentrée universitaire à Amiens. Je vois que les inscriptions dans les ateliers en première année étaient déjà chaotiques.

30 septembre, les Russes de Poutine bombardent la Tchétchénie pour une deuxième guerre qui conduira à la destruction quasi-totale de Grozny. C’est à propos de ces bombardements que Poutine prononce la fameuse phrase : « On poursuivra les terroristes partout, dans les aéroports s'ils sont dans les aéroports et, excusez-moi, mais, s'il le faut, on les attrapera dans les toilettes, on les butera jusque dans les chiottes ». Il y a 24 ans.

Dimanche 3. Alors que nous n’avons pas encore commencé à jouer, un jeune homme traverse notre terrain de foot poursuivi par deux autres en scooter. Ils l’attrapent et un des deux le passe à tabac très violemment sous nos yeux tandis que l’autre répète que, lui, ne le frappe pas, tout en nous tenant à distance. Pascal s’approche et s’écroule, fauché par un puissant jet de gaz lacrymogène. Certes, je suis loin mais je reste stupéfait, sans agir. Nous finissons par créer un mouvement qui fait fuir les agresseurs. Nous comprenons qu’il s’agit d’un règlement de compte entre deux cités rivales depuis toujours. Traumatisant.

Samedi 9, après quelques glissades sur les toboggans du parc de Belleville (qui n’existent plus) avec Léonie et Robinson, nous allons prendre un verre chez Fadil où un de ses amis polonais soigne mon mal de gorge par un shot de Spiritus (95° ai-je noté). Radical.

Dimanche 10, je ne l’ai pas écrit mais je crois bien que « l’exposition vidéo » de la Ferme du Buisson est celle de Jordi Colomer, une de ses premières en France je pense.


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Agendas # 9 - 1999/2000

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Lundi 31 janvier, Emma fait le tour des grands hôtels parisiens en repérage pour le tournage du film Carrément à l’ouest de Jacques Doillon. Ce même soir, je termine L’adversaire d’Emmanuel Carrère qui m’a pas mal obsédé par la suite. Je me dis, en observant la monomanie de mes agendas, que l’idée de modifier totalement sa propre histoire m’angoisse terriblement.

Mercredi 2 février, je vais au CRDP pour emprunter des diapositives pour mon cours : tellement 20e siècle !

Samedi 5 février, les nazillons du FPÖ de Jörg Heider entrent au gouvernement autrichien. Vive l’Europe.

Dimanche, je dessine la petite Louise C. avec des Gazelle toutes neuves aux pieds et des expressions toutes neuves en bouche :)

Jeudi 10, Emma est pompette devant un plat d’endives au jambon (ou de quenelles lyonnaises ?). Énigmatique.

Samedi 12 février, Screamin’Jay Hawkins est mort. Ce jour-là je visite l’expo Michael Snow au CNP et je rencontre Daniel L, un artiste de Jeune création, qui n’est pas encore mon collègue à Amiens. C’est avec lui (entre autres) que nous fonderont Suspended spaces. L’exposition présente surtout des photos de M. Snow, aussi intéressantes que ses films. Le diptyque que je dessine joue sur la présence d’une carte postale de montagne sur le mur d’une chambre. Je me souviens aussi d’une très grande photo posée au sol, en plongée avec une envolée de perroquet au-dessus d’un tapis.

Dimanche 13, le Cameroun est champion d’Afrique dans une belle finale (2-2 puis tirs au but) contre le Nigeria où marquent les magiques Eto’o et Okocha.

Jeudi 24, en réponse à un sujet sur le détournement, une étudiante dont j’ai oublié le nom (Clara Brailly, les réseaux m’ont permis de l’identifier) a, dans la nuit, planté plusieurs dizaines de croix blanches sur les pelouses de la place Gambetta d’Amiens, transformant le centre-ville en cimetière militaire. Elle arrive en atelier avec le Courrier Picard : son installation en fait la une. Le journal se demande qui et pourquoi. Bingo !

Vendredi 25, je pense que je découvre à la galerie 108 (juste au-dessus de la galerie Lambert) le travail de Valérie Mrejen. Une série de photos sur son monstrueux grand-père je crois.


Dimanche 2 avril, nous partons en famille skier sur le glacier de la Meige. Je crois que c’est moi qui suis dessiné à l’arrêt… je ne pensais pas avoir été spécialement en difficulté… J’ai dû enjoliver mes souvenirs.

Lundi 3 avril, Emma commence le tournage nocturne de Carrément à l’ouest de J. Doillon dans l’hôtel Nikko. Le soir, elle apporte les pellicules du jour dans un labo d’Epinay-sur-Seine et elle n’est pas à l’aise avec son permis de conduire tout frais, alors je l’accompagne et me dessine un peu terrorisé (mardi 4 et dimanche 9).

Semaine du 12 avril, croquis de l’installation que je vais présenter à Jeune création : 4 projections diapos sur un tapis. Les images reconstituent une vue d’un immeuble de la rue des Couronnes. J’ai découpé des fenêtres où le tapis est retourné pour rendre l’image visible, mais malgré cela, je cherche une solution pour qu’un écran blanc se déplace et révèle mieux les détails. Eric V me fabrique un robot mais mardi 18, nous constatons qu’il n’est pas assez puissant pour rouler sur le tapis. Aaaargh. Avant le vernissage, Eric apporte un nouveau robot qui tombe sans arrêt en panne, il passe sa soirée à le remettre en piste. Je trouve une autre solution samedi 22. J’achète un train Lego (version TGV), me débarrasse des accessoires et fixe un écran circulaire. Un circuit de rail tourne autour de l’image déplaçant l’écran. Ça marche enfin !

Vendredi 14, je me souviens surtout de la musique du film Sign & Wonders de Jonathan Nossiter (celui qui fera le docu sur le vin), signée Adrian Utley de Portishead.

Lundi 17 avril, nous emmenons le matos d’exposition dans l’espace Eiffel-Branly et je pile au dernier moment devant le tunnel sous la Seine : le camion de location dépasse la hauteur possible !! Sueur froide.

Mercredi 19 avril, pour la première fois, je note le nom des membres du jury des prix Jeune création et les lauréats. Nous nous réjouissons d’imaginer les échafaudages d’Hidéo Morié sur la grosse moquette de l’espace Paul Ricard.

Dimanche 23, croquis de la partie « accueil » de l’expo Jeune création. Chaque artiste inventait sa boîte aux lettres, permettant de recevoir des messages du public et aussi de l’association. On voit sur le dessin qu’elles étaient d’une grande diversité, souvent en lien avec l’œuvre exposée pour aider les visiteur·euse·s à identifier l’artiste. Je n’ai aucune photo de ça.


Samedi 29 avril, Assemblée générale de Jeune création dans l’amphi des Beaux-Arts de Paris. Les exposant·e·s sont invité·e·s à candidater puis à élire les futurs comités d’organisation et de sélection de la prochaine expo. Ce fonctionnement horizontal reste exemplaire et inédit (et tellement rare dans le monde de l’art). Hélas, j’écris ces mots au moment où l’actuelle association Jeune création est fortement remise en question. Le comité d’organisation n’est plus élu parmi les artistes, le budget est opaque et la colère gronde, à juste titre.

L’après-midi, je dois faire la visite à Jacques Toubon, qui nous a permis d’obtenir un local dans le 13e et qu’il faut donc caresser dans le sens du poil, même si à l’époque il était encore une crapule du RPR et pas le mec de gauche défenseur des droits.

Jeudi 4 mai, tiens pendant mon cours, j’ai projeté une photo de Richard Long (Walking a Line in Peru), je le reconnais dans mon petit dessin.

Dimanche 7, sur le terrain et en tenue de foot, Dominique fête son poste au CNRS et moi je prends mon premier coup de soleil sur le crâne de l’année. Misère.

Vendredi 11, nous retournons dans le resto Juan et Juanita (rue JP Timbaud), où nous sommes déjà allés jeudi 4. Julien F habitait juste au-dessus des propriétaires, un couple de filles très sympa qui avait la fâcheuse habitude de mettre de la techno à fond en rentrant chez elles après le service, puis d’exprimer leur amour de manière très explosive (dixit Julien).

Dimanche 21 mai, Pascal S abuse encore de son jeu de tête désordonné et envoie Sélim à l’hôpital.

Et Lars von Trier obtient la palme d’or avec Dancer in the Dark.


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Samedi 8 janvier, anniversaire de Lola (avec Ben depuis l’an 2000) et anniversaire de mariage de ses parents. Yannick, a l’habitude de tomber quand il a trop bu. Il nous fait ici une belle chute dans les escaliers, les yeux fermés et avec le sourire.

Dimanche, malgré la gueule de bois, je vais jouer au foot à Cachan, où les arbres ne sont pas en meilleur état que moi.

Mercredi 12, contre mon avis, Emma achète une télévision (et je comprends donc mieux pourquoi nous allions jusqu’alors passer nos soirées « Urgences » chez Marc).

Vendredi 15. Chez Thomas, je dessine une télévision où je crois lire Noirmoutier. Est-ce que nous avons visionné les vidéos de la fiesta sur l’île ?

Dimanche 23, « visite de l’expo Jour de fête » à Beaubourg. Le centre est resté fermé 27 mois pour rénovation et c’est plutôt Poetics Project de Mike Kelley/Tony Oursler qui me marque. Cette installation riche et brouillonne tourne autour de leur ancien groupe punk The Poetics.

Mardi 25, je suis invité à exposer à Deauville dans des boxes de chevaux et je pars repérer les espaces (schémas montrés dans les premières pages de l’agenda, plus haut).

Samedi 29, Hervé fête sa crémaillère dans son loft de Croix-de-Chavaux. Une petite bande de gars du quartier s’incruste. Surpris d’être plutôt bien accueillis, ils se se calent dans le canapé, dansent un peu, tandis que Ben et moi nous relayons pour surveiller la porte de la chambre où sont posés tous les sacs. Quand les invité·e·s ont commencé à partir peu à peu, nous avons décidé d’annoncer la fin de la fiesta avant de nous retrouver moins nombreux que les squatteurs. Pris au dépourvu par cette rapide fin de party, les garçons ont cherché à emporter à tout prix un souvenir de la soirée, et l’un d’eux est sorti en avec la chaîne hifi… Que nous avons récupérée dans les escaliers tandis que la police attendait à l’extérieur pour veiller à ce que nos adieux se passent bien. Je me souviens que les flics les connaissaient par leurs prénoms, ils ne les ont pas insultés, tabassés, emmenés en GAV. Ce devait être ce qu’on appelait à l’époque la police de proximité.

Jeudi 14 octobre, je visite l’exposition Farniente à la Maison de la Culture d’Amiens, commissariée par Olivier Grasser. Je griffonne ce qui doit être une photo de plage de Massimo Vitali.

Lundi 18 octobre. Je ne savais plus si j’avais déjà vu Peau de vache de Patricia Mazuy, et bien oui je l’ai vu ce jour-là, à la télévision.

Thomas habite en collocation, Passage de la Fonderie, avec un Japonais prénommé Ko. Je ne me souviens plus bien de lui sinon qu’il cuisine des excellentes tempura. Et qu’il chante Brassens avec un drôle d’accent japonais, comme mardi 19 aux Couleurs (rue St Maur), bar où nous passons de plus en plus de temps.

D’ailleurs samedi 23, aux Couleurs, un mec torse nu pète les plombs et saute sur le bar en agitant une grosse chaine, pour un différent de 40 centimes (c’est ce que j’ai noté, je ne m’en souviens pas). Effrayant.

Jeune création me prend beaucoup de temps, car en plus des activités habituelles (réunions et sélections des prochain.e.s artistes), deux missions décisives sont en cours : monter un dossier nous permettant de créer un emploi jeune, et trouver un local.

Mercredi 27, j’ai rendez-vous chez Jean-Louis Déotte pour parler de la publication à venir de ma thèse. Chouette !

Jeudi 28, je termine la lecture de Sutree, le chef d’œuvre de Cormac McCarthy qui vient de mourir.

Samedi 30, grosse fête à Ancy, dans une ancienne école qui appartient à la famille de Fred. Quatre anniversaires pour l’occasion : 30 ans de Didier, Fred et moi, et 25 ans de Joël (gamin !). Je reçois une caméra minDV en cadeau, qui va grandement changer ma pratique artistique. J’ai filmé cette fête mais la cassette est la seule que je n’ai jamais pu dérusher : en la rembobinant, la bande magnétique s’est décrochée de la petite roulette. J’ai donc quelque part 1h de vidéo que je n’ai jamais regardée, sur une cassette qu’il faudrait que je répare et transfère sur un disque dur.

Vendredi 5 novembre, c’est mon vrai anniversaire. Je me souviens que ce trentième anniversaire me fait comprendre pourquoi je me sentais un peu triste, un peu déprimé à cette période : 30 ans, c’est vraiment l’âge adulte.

Ce jour-là nous visitons l’expo Chardin au Petit Palais et nous devons sortir car il y le feu dans le musée. Aucun souvenir !

Dimanche 7, soirée Urgence chez Marc, le compagnon d’Ophélie.

Les semaines sont très remplies par 3 activités qui laissent peu de place à autre chose : la fin de la thèse, les cours au collège et la sélection des artistes pour l’expo Jeune Peinture.

Mardi 10 novembre, fête chez Guillaume pour le départ de Christophe au Mexique. Quelqu’un se coince la main dans la porte et personne ne s’en rend compte. Mais qui ?

Mardi 17, mort de Jacques Médecin (maire de Nice crapuleux), 1 an d’inéligibilité pour le père Le Pen et Emma a son code : champagne !

Samedi 21, travail de fou : découper toutes les illustrations de ma thèse et les coller à la bombe une par une dans les 8 exemplaires du mémoire (si je compte bien ceux qui sont sur le bureau dans le dessin). Assisté par Emma !

Dimanche 22, Lola nous rend visite avec quelques enfants (de la même famille si je me souviens bien) des Courtillières (Pantin) acteur.ices du film Petit Frère.

Samedi 28, voilà, la thèse est imprimée !

Dimanche 29 novembre, concert de Cat Power au Café de la Danse. Autant le précédent était une merveille de grâce tendue et délicate, autant celui-ci est un concentré de malaise. Chan Marshall va mal et ça se voit, elle interrompt presque tous ses morceaux, jure, recommence, laisse ses musiciens seuls de longs moments… Sortir vite.



100e dimanche que je publie ici mes agendas. Certain.e.s me disent les attendre comme un rendez-vous dominicale auquel il.elles sont attaché.es (merci Philippe pour ton dernier post ;). Beaucoup s’en foute ce que je comprends bien. Je ne sais toujours pas si c’est le bon lieu pour le faire, la lisibilité n’est pas terrible. Mais la règle que je me suis imposée atteint son objectif premier : numériser mes carnets donc les sauver d’un éventuel accident (Mais je n’ai pas d’avance, il en reste encore 21 non numérisés !).

Mardi 9 novembre, Cécile D nous conduit au Centre Photographique d’IdF de Pontault Combault. La performance toute en précision de Claudia Triozzi a bien justifié cette expédition sous la pluie. Je dessine la séquence où, si mes souvenirs sont bons, elle éponge une table de cuisine avec un bras mécanique, en fumant une cigarette, assise sous une sorte de casque en saucisses.

Jeudi 11 novembre, nous sommes un certain nombre à découvrir un autre Kurosawa, Kiyoshi de son prénom, avec ce film glaçant Cure.

Samedi 13, Pascal S nous propose une place au Stade de France pour France-Croatie, dans la tribune de presse (via Dominique, son frère journaliste sportif). Je suis ému de voir Zidane (une seule mi-temps, c’était un match amical) et j’avais oublié que j’avais pissé à côté du grand José Touré, quelle chance !!

Vendredi 19, nous avons obtenu un local pour Jeune création, 77 rue du Château des Rentiers dans le 13e. Coup de peinture.

Dimanche 21 (tien j’ai oublié de noter la date en haut), je n’ai aucun souvenir de ce Moby Dick de Laurie Anderson, mais si le petit dessin à droite représente nos têtes, nous avons l’air plutôt fâchés (ce qui expliquerait mon amnésie).

Dimanche 28, première réunion dans le local de Jeune Création, dans le froid malgré le radiateur électrique.

Mardi 30, L’Association fête la sortie de son Comix 2000, un OVNI éditorial de 1000 pages de BD sans texte. Je m’amuse à dessiner les auteurs dans le style qu’ils utilisent pour se représenter.

Samedi 4, croquis du salon de la maison de Noirmoutier, qui a bien changé aujourd’hui. Le livre posée sur la table est Le théâtre de Sabbath de Philippe Roth.



Jeudi 9 décembre, une nouvelle au téléphone me surprend. Je ne note pas laquelle. Mon entourage est habitué à feuilleté l’agenda et la nouvelle ne devait pas être connue de tous. Je n’ai aujourd’hui aucune idée de quoi il s’agit.

Lundi 13, « rendez-vous avec Ivane Chapuis décommandé ». Idem samedi 18. J’avais oublié que nous avions proposé à Yvane un « regard-critique » dans notre catalogue Jeune création. Je ne la connaissais pas encore à cette époque et apparemment je n’étais pas très content de m’être déplacé 2 fois dans le 13e pour rien . Ce travail bénévole demandait pas mal de travail aux critiques : choisir un.e artiste parmi les 150 dossiers, le ou la rencontrer puis écrire un article.

Samedi 18 décembre 1999, le pétrolier Erika, sous pavillon maltais (La Valette), fait naufrage au large de la Bretagne. La presse montre l’image de la poupe du bateau, sur laquelle on lit clairement Erika Valletta. C’est de là que vient le nom de mon compte insta.

Samedi, Dominique B soutient sa thèse d’histoire, lundi 20, Sébastien soutient sa thèse de philo. J’arrive trop tard pour entrer dans la salle alors j’attends le pot. Je pioche dans un pain « surprise » : une couche de toasts au roquefort se cache sous une couche de toasts au pâté. J’ai le fromage en horreur mais j’ai dû faire bonne figure dans les boiseries de la Sorbonne, en avalant ma bouchée qui reste encore gravée dans ma mémoire gustative. Beuark.

Mardi 21 décembre, j’accompagne Emma et Lola voir Peau neuve d’Emilie Deleuze. Je note « rencontre Isilde ». Elles étaient en train de travailler sur le prochain film de Jacques Doillon où jouera Isild Le Besco.

Mercredi 22 décembre : Jeune création a obtenu le droit de créer un emploi-jeune !

24 décembre, réveillon de noël dans le nouvel appartement d’Hervé (croquis), un loft à Montreuil qu’il partage avec Bruno U.

Les 27 et 28 décembre 1999, la tempête Martin balaye le pays. Nous partons fêter l’an 2000 à Noirmoutier mais notre train est supprimé, le pont est fermé, il faut dans la panique trouver un hôtel tandis que tout s’envole autour de nous.

Le croquis représente l’appartement que nous avions loué à Noirmoutier. Nous étions déjà très nombreux, dans 3 maisons et Marc (d’Ophélie) avait également loué une grande maison avec ses amis au Vieil. La fête du 31, chez eux, réunit nos deux bandes pour une fiesta particulièrement mémorable. J’ai des images (dont une danse diabolique de JC Menu) mais comme déjà dit : la miniDV a cassé, je n’ai jamais pu transférer ces vidéos sur mon ordinateur.

L’île est couverte de galettes de mazout de l’Erika que la tempête avait rabattues sur les plages. La moquette de notre location ne s’en ai pas remise.





Jeudi 22 juin, je filme en Super 8 un bloc en béton sur la plage de l’Herbaudière, film qui sera projeté sur une toile pour une installation à venir.

Dimanche 25, le local de Jeune création a un petit jardin où nous organisons notre premier barbecue.

Mardi 27 juin, à Amiens, Bertrand G, alias Paul Ardenne, offre le champagne. Pour fêter son poste de Maître de conférence ?

Mercredi 28, je programme l’enregistrement de la ½ finale France-Portugal et je la regarde seul devant ma TV après la réunion Jeune création. Je ne me souvenais pas avoir été capable de ça…

Vendredi 30 juin, nous avions proposé un entretien d’orientation à tous les lycéen·ne·s intéressé·e·s pour venir en fac d’arts plastiques l’année suivante, afin d’évaluer leur motivation (et décourager celles et ceux qui feraient fausse route). L’idée est de lutter contre les abandons massifs en première année. Résultat : cela n’a rien changé.

Samedi 1er, fête à Bagnolet, où je coupe des orties, où nous mangeons de la jelly vodka et où Nadia (ceci explique cela) tombe dans les fleurs (et moi j’ai mal à la tête). Mais chez qui est cette fête ??

Lundi 3 juillet : signe que c’était encore un truc pas si simple, Emma vient faire des recherches sur internet au local de Jeune création (meilleur ordinateur ?).

Samedi 8 juillet, je visite ma grand-mère Joséphine à l’hôpital de St Symphorien-sur-Coise. A-t-elle quitté définitivement son appartement ?

Lundi 10, nous partons à Avignon pour le festival et la grande expo Beauté in Fabula. Emma est en mission casting (je note samedi 15 qu’elle caste des Allemands !?). Nous logeons à Vacqueyras chez Olivier et Manue que je n’ai jamais revus depuis, je crois bien. Nous avons dû mal nous comporter.

Une petite touche de rose dans ce dessin, clin d’œil à l’habillage visuel de la cité des Papes proposé par Christian Lacroix.

Jeudi 13, après un tour rapide à Arles (où je dessine une One Minute Sculpture d’Erwin Wurm, peut-être la première fois que je vois son travail ?), le Médée de Jacques Lassalle, avec Isabelle Huppert, nous laisse une bien tiède impression, perdu dans la cour d’honneur.

Samedi 15, nous passons quelques jours de camping avec Nat & Sylvain. Leur fille Emma ne s’endort pas facilement alors je lui dis simplement « dors ». Et elle s’endort. Magique.

Jeudi 20, je m’amuse pas mal avec mon train Lego et ma caméra. Première vidéo de la série Love Train.

Samedi 22 : nous entrons dans le long tunnel de la série Twin Peaks et son frissonnant générique que je dessine ici.


Vendredi 3 mars, Jeune création, à la pointe de la modernité, investit dans un superbe iMac G4.

Dimanche 5, exposition importante de Douglas Gordon. Et c’est encore une fois à l’ARC (Musée d’Art Moderne) que ça se passe. Je pense que c’est là que j’ai vu 24h Psycho (le film d’Hitchcock ralenti à 2 images/seconde pour durer 24h). Je ne me souviens pas bien de cette baignoire que j’ai dessinée.

Edward aux mains d’argent de Tim Burton (samedi 4) est resté dans ma mémoire, et j’ai quelques flashs de M/Other de Nobuhiro Suwa, (dimanche 26) mais il y a de plus en plus de films qui ne me disent plus rien (La vie moderne, vendredi 3, Les savates du bon dieu, samedi 11, Une femme d’extérieur, samedi 18, Bulworth, dimanche 26). Je ne sais pas si c’est parce que les souvenirs les plus lointains sont les plus profondément gravés dans ma mémoire ou si c’est juste que je vais voir des films moins déterminants que les années précédentes (plus de films qui viennent de sortir aussi). Peut-être un peu les deux.

Mardi 14 mars, croquis du colloque organisé à la Maison de la Culture d’Amiens par mes collègues Ghislaine Vappereau et Françoise Coblence avec Sylvie Couderc du Musée de Picardie. Françoise et Sylvie sont aujourd’hui décédées. Je me souviens avoir étés impressionné par Pierre Damien-Huyghe et avoir froncé le nez face au discours un peu réac d’Hubert Tonka, qui allait pourtant éditer (de belle manière) les actes du colloque.

Samedi 18 mars, l’AG de Jeune création réunit les futur·e·s exposant·e·s dans l’amphi des Beaux-Arts de Paris. C’est toujours un moment très excitant, où on rencontre des artistes dont on a choisi les dossiers, souvent un peu inquiets et inquiètes.

Mercredi 22, Emma se fait opérer et repart au bloc après une hémorragie. Je sèche mes cours pour être avec elle et la dessine sur son lit médical.

Samedi 25 mars, en sortant du local de Jeune création, je croise une manifestation de cathos intégristes anti IVG. Véner.

Je suis surpris de voir que ce soir-là, Cécile D, de retour de Vallauris, nous prépare de la jelly à la vodka. Comme par hasard, le lendemain, Vladimir Poutine devient président.

Mercredi 24 mai, je note que Tsahal quitte le sud Liban après 18 ans d’occupation, mais c’est le 25 qui est aujourd’hui connu comme « jour de la libération ». Le Hezbollah prend le contrôle des positions israéliennes et se proclame vainqueur.

Ce jour-là, je fais mes premiers essais de projection diapo sur asticots avant d’aller visiter la Grande-Halle de la Villette ou nous espérons pouvoir organiser la prochaine expo Jeune création.

Vendredi 26, dans la magistrale pièce Körper de Sasha Waltz, une séquence surtout m’a marquée : des corps glissent dans une boîte vitrée très étroite qui permet au danseur·euse·s de défier la gravité, en se mouvant au ralenti et dans toutes les directions, jusqu’à un amoncellement sensuel et effrayant, qui évoque parfois les images de la Shoah.

Mardi 30, Jeune création invite ses membres et quelques complices à balayer devant l’Ambassade d’Autriche, pour protester contre l’alliance du parti conservateur autrichien avec le FPÖ de Jorg Heider. J’ai retrouvé un article du Monde sur cette opération, où est cité notre communiqué qui précise qu'il ne s'agit ni d'un acte artistique, ni d'une performance : « balayage d'une situation ; balayage de cette propreté immonde. (…) Cet engagement n'a rien à voir avec notre œuvre, elle est en dehors. Du "désœuvrement", si on veut. ».

Mercredi 7 juin, montage de l’expo L’homme et l’animal : Animalia, dans des boxes de chevaux à Deauville. Nous sommes logé·e·s dans les chambres de l’école de Jockeys. Je fais la connaissance de David Cousinard qui fabrique des armures sur des tourteaux. Il y a aussi un jeune des Beaux-Arts de Paris, qui vient de la Réunion et peint des requins marteaux (Thomas ou Yann).

Les filles débarquent en bande pour le vernissage (Emma, Lola, Ophélie, Anne-Ga, Annabelle, Sarah, Ben et Hervé) et nous terminons le vernissage dans le bar Les Vapeurs à Trouville. La troupe continue en boîte de nuit, sans moi. L’expo est très sympathique mais un peu foireuse, organisée par le sinueux Alin Avila, ni très clair ni très réglo. Par peur de ne pas revoir mon matériel, je démonte mes installations avant la fin de l’expo.

En rentrant, je fais un petit croquis depuis l’appart d’un bâtiment en feu rue des Envierges.

Jeudi 15, j’apprends que Fabienne et Sébastien attendent un enfant. Le soir, il fête son poste de Maître de conférence en philo à Clermont-Ferrand.

Vendredi 16 : On me propose de devenir programmateur d’un espace d’expo universitaire à Amiens, le Trapèze (aujourd’hui l’espace Camille Claudel)… Mais ça sera foireux.


Vendredi 28 juillet, attention, back to the future : En 2000, je cherche des billets d’avion sur un Minitel !!

Samedi 29 juillet, marquante expo Voilà, le monde dans la tête. Je dessine Eins-Un-One (1984) de Robert Filliou, un tas de 5000 dés qui ne possèdent que des faces à un seul point. Dans ma mémoire les dés étaient blancs mais ils sont en fait multicolores. J’ai dû déformer mon souvenir à cause de mon dessin en noir et blanc. C’était moins dessinable, mais je suis particulièrement fasciné par une vidéo où Gilbert & George expliquent leur méthode de travail d’une précision délirante. Tout ce qu’ils font (inventaire de crottes de chiens, de chewing gum, etc) est systématiquement classé, mis en boîte, archivé. Bien loin de l’esthétique pop que je connaissais d’eux. C’est aussi dans cette expo que j’ai vu Intervista, où Anri Sala interviewe sa mère à partir d’une archive vidéo, tendrement mais sans concession.

Je me souviens qu’en cette fin de juillet, je bous de ne pas m’échapper dans un pays lointain. Je ne sais plus trop pourquoi nous n’avions rien organisé, mais je suis en colère quand on me dit mardi 1er que les vols pour Bombay sont complets, et déprimé le soir. Le lendemain j’annule la réservation pour Delhi. L’été sera Noirmoutrin avec plein d’ami.e.s de passage. Ben et Lola (toujours ensemble) viennent nous chercher au car jeudi 3 août dans une voiture à toit ouvrant ( ?).

Dimanche 6 : j’ai la preuve que je faisais des châteaux de sable même avant d’avoir des enfants. Le soir, chez les grands parents d’Emma, nous buvons une bouteille de pineau (maison) à deux… ce n’est pas sérieux.

Samedi 12 août, je me dessine en otage de Noirmoutier filmant une « preuve de vie » : un running gag quand on me demandait si finalement j’étais heureux d’être resté en France, je répondais « tout va bien, je suis ici de mon plein gré ».

Ce jour-là, je termine de lire un livre de Houellebecq (pas le pire) et le lendemain nous allons voir Jackie Chan au cinéma : la dépression n’est pas loin.


Damien est de passage à Noirmoutier et je le dessine en « roi du beach ball » lundi 21 août. Il faut dire qu’il fait sensation avec son string panthère sur la plage de Barbâtre.

Mercredi 23, je vais filmer des otaries avec Lola à l’aquarium de Noirmoutier. Je n’ai jamais utilisé ces images.

Jeudi 24, ouf, nous sortons quand même de France pour un petit (et premier) séjour au Portugal. Départ en train de nuit mais manque de chance, les chemins de fer portugais sont en grève et nous terminons le voyage en car.

Vendredi 25, arrivée à Lisbonne. Emma arrête d’arrêter de fumer.

Dimanche 27, je fais un croquis Place do Carmo (pas sur l’agenda, ici c’est un croquis depuis un belvédère mais je ne me souviens plus lequel) et oublie mes lunettes sur le banc, des superbes Persol données par Hervé ! J’y ai repensé chaque fois que je suis repassé par cette place. Trop dégouté.

Mardi 5 septembre, les examens de rattrapage se passaient encore après les vacances. L’amphi est clairsemé (je crois reconnaître le vieil amphi de l’école de médecine).

Dimanche 10, je suis invité à participer à une exposition dans un moulin à Heutrégiville près de Reims (et pas Heutriville). Je pars visiter les lieux et choisir mon espace. Petite partie de flipper (je crois me souvenir qu’il y avait quelques vieux flipper dans le moulin).

Glissée dans le rabat de mon agenda, ma fausse carte internationale de journaliste qu’Eric C m’avait envoyée depuis Bangkok. Elle m’a fait entrer gratuitement dans pas mal d’expos, je la regrette.