©

Dans le revers de l’agenda 2003-2004, j’ai glissé un article de journal découpé, relatant un accident de voiture. Je ne reconnais aucun nom, je me demande pourquoi je l’ai conservé. Il semble très vieux. Je l’ai peut-être trouvé chez ma grand-mère et me suis aussi demandé pourquoi elle l’avait gardé. En première page, un autocollant du collectif AAA Corp. peut-être récupéré à l’occasion d’une expo à la Maison des Métallos (par Alain Declercq), ou dans l’expo Hardcore du Palais de Tokyo, je ne sais plus.

Sur la double page libre de la semaine du 5 août, Mia dort dans le train. Dans les pages suivantes, quelques prises de notes d’expositions, General Idea, Martin Arnold, le magnifique plan séquence de Mark Lewis pendant une tempête de neige dans l’aéroport de Toronto…

Semaine du 1er septembre, fin de vacances à Noirmoutier puis retour à Paris. Samedi 6, les habitudes reprennent, avec apéro au Chéri(e), déjeuner chez Alex (Wen Zhou) et balade au parc de Belleville.

Dimanche 7 septembre, Emma et moi avons de fausses cartes de journaliste (made in Bangkok) qui nous permettent d’entrer au zoo gratuitement alors nous allons régulièrement au Jardin des plantes voir les fascinants orang-outan.

Vendredi 12 septembre, cousinade au bord de l’Ardèche, dans le super gîte du vieil Audon à Balazuc. Samedi 13, nous trinquons au mariage de Véro et Abdel.

Mardi 16 septembre 2003, la FRAAP organise les premières rencontres nationales des artistes à la Villette. J’y prends part comme « président d’honneur » de Jeune création (et trésorier de la FRAAP ?), avec Alain K le vendredi et président Matthieu le samedi. Je rencontre Mariusz G de Marseille, dessiné ici (la carte de visite de sa galerie RLBQ est glissée dans le revers de l’agenda en page 1). Je ne l’ai jamais plus recroisé, mais je sais qu’il bosse aux Beaux-Arts de Marseille aujourd’hui.


Semaine du 22 septembre, c’est vraiment la rentrée : copies, soutenances de Maîtrises et Mia malade après une semaine de crèche.


Samedi 28, fête de rentrée chez Alain K. Doucement.


contactmailto:mail@ericvalette.net?subject=objet%20du%20courrier
contactmailto:mail@ericvalette.net?subject=objet%20du%20courrier
contactmailto:mail@ericvalette.net?subject=objet%20du%20courrier
 
actualitéActualite.htmlActualite.htmlshapeimage_8_link_0

Mardi 8, Daniel arrache les feuilles de notre ficus pour une vidéo cruelle. A mon retour, je les re-scotche une par une pour une vidéo bienveillante. En réponse.

Mercredi 10 mars, aucun souvenir de ces Tambours battants de Koen de Sutter vu à Bastille avec Emma, Pauline et Ivana.

Jeudi 11 mars 2004 : Al-Quaïda fait exploser 10 bombes dans des trains de banlieue à Madrid (près de 200 morts). Aznar accuse immédiatement les Basques d’ETA. Ces basses manipulations lui coûteront les élections 3 jours plus tard. Cheh !

Mardi 16, nouvelle série de tournage Love Train chez les ami·e·s. La caméra placée sur un train électrique Lego filme la chute d’objets sur le trajet. D’abord chez Daniel, puis chez Tom et Alain K (vendredi). Nadia, Christophe, Franck et Valérie suivront. 

Mercredi 17, Nathalie, copine d’Albane, propose de venir au vernissage d’une petite galerie nouvellement ouverte à Belleville par un ami. Je me souviens du vilain carrelage blanc. Je ne suis pas très convaincu par le travail des Prinz Gholam mais le galeriste Jocelyn Wolff est sympathique et curieux de nos avis. Il fera du chemin depuis !

Mercredi 24, vernissage de l’expo Entre chien et loup d’Anri Sala au Couvent des Cordeliers. Je suis particulièrement ému par Time after time, un plan fixe nocturne sur un vieux cheval au bord d’une route. La caméra peine à faire le point et l’image se floute régulièrement jusqu’à ce que des phares révèlent la silhouette de la carne, surgissant comme une apparition.


Jeudi 25 mars, tournage de Love Train Périphérique avec mes étudiant·e·s.


Samedi 27 mars, Pierre Mabille présente une belle expo aux Beaux-Arts de Rouen. Petit passage par Honfleur / petit croquis.

Dimanche 28 mars 2004. La gauche remporte 24 régions sur 26.

Lundi 29, diner-réunion au resto Le Président avec les collègues et artistes pour l’expo Périphérique. Je termine au Zorba avec Fabien L.

Samedi 3 avril, visite d’une maison à vendre dans le haut Montreuil. Je crois que la connerie de notre voisin du dessous nous donne envie de fuir. 

Lundi 5 avril, suite des tournages Love Train, chez Hervé puis chez Sarah, le lendemain.

Mardi 6 avril 2004, je nous dessine, Emma et moi, très surpris. Je me souviens que le dessin est resté plusieurs semaines sans commentaire parce que la nouvelle que nous venons d’apprendre ne doit pas fuiter avant que nous soyons certains de l’information. J’ai ajouté plus tard en tout petit : « Emma enceinte ». Olga est en route.

Entre les chiites de Moqtada al-Sadr et l’insurrection sunnite de Falloujah, la première armée du monde s’enlise en Irak.

Dimanche 11 avril, Mia part une semaine à Noirmoutier avec Hervé et la Mabille’s family. Retour illico au cinéma (pas de souvenir de Naomi Kawase) et au resto.

Lundi 12, Brown Bunny du sulfureux Vincent Gallo. Et resto à nouveau.

Mardi 13, vernissage de l’exposition Périphérique intérieur dans la galerie de l’ESAD à Amiens. J’y présente la vidéo tournée avec les étudiant·e·s, captée par une caméra fixée sur un train électrique posé sur une table de ping-pong. Performance de Fabien L.

Mercredi 14, petit croquis de Miguel E. pendant qu’il lit son texte sur la notion de périphérie, en tournant en cercle dans l’espace d’exposition.

Mardi 20 avril. Depuis ce jour, dessiner les araignées de mer ou les crabes avant de les manger deviendra presque un rituel.

Lundi 26 avril. Daniel et moi sommes invités par l’Université de Thessalonique dans le cadre des échanges Erasmus. Jeudi, nous présentons nos travaux aux Beaux-Arts et vendredi, à l’Université. Puis nous allons voir ce que font les étudiant·e·s. Nous manquons de temps et proposons d’y retourner le lendemain. En fin de journée, un petit groupe nous fait visiter le haut de la ville.

Samedi 1er, l’appartement prêté par l’Université accueille également un chercheur belge spécialiste de l’autisme, arrivé dans la nuit. Je me souviens de son discours très virulent contre la France, engluée dans une lecture psychanalytique des troubles autistiques consistant à en chercher la cause dans le rapport à la mère. Il était très remonté contre ces points de vue « culpabilisants ». Nous n’avions pas vraiment d’avis. Surtout tôt le matin.

RetourAgendas.html
AgendasActualite.htmlAgendas.htmlshapeimage_10_link_0

Mardi 30 septembre, petit tour chez Ikea pour acheter un nouveau grand lit (comme Mia passe très régulièrement ses nuits avec nous, autant avoir de la place). Il est dessiné ici. C’est toujours dans ce lit que nous dormons.


Dimanche 5 octobre 2003, deuxième Nuit Blanche et toujours beaucoup d’attentes et de frustration. Nous attendons longtemps sous la bruine devant l’Hôtel d’Albert, pour voir l’écran de 1500 ampoules de Xavier Veilhan. J’ai le souvenir que dans la fraîcheur de la nuit, la chaleur des ampoules donne à ces images d’une plongeuse une saveur particulière. L’installation plutôt réussie de Samuel Rousseau sur les vitres de la Gaité Lyrique m’invite à conclure, comme l’année dernière : quelle mauvaise idée que d’installer une œuvre seulement pour une nuit ?

Mercredi 8 octobre. Réunion de profs pour parler du passage au système LMD (Licence – Master – Doctorat). A cette époque nous sommes quasi tous parisiens donc la réunion se fait au Café Beaubourg. Le soir concert de Bastien Lallemant au théâtre du Renard. Je ne l’avais pas encore vu depuis la fin des Joueurs de bique et la sortie de son premier album solo.

Jeudi 9, je me souviens bien de cette visite à la Fiac avec Daniel (où je croise les Marseillais Katia B et Lionel S, et Delphine également), parce que j’ai pris ma caméra pour filmer quelques œuvres et proposer une sorte de visite aux étudiants lors de mon prochain cours.

Vendredi 10 octobre, Project / It de Wim Vandekeybus et Sidi Larbi Cherkaoui (et un âne sur scène) nous laisse un peu dubitatif : trop de virtuosité et d'esbroufe. Nous terminons la soirée au Bal Jaune Place Vendôme mais la foule nous fait rebrousser chemin.

Dimanche 12, super expo Valie Export au CNP.

Mercredi 15 octobre, des émeutes enflamment la Bolivie dans ce qui a été appelé la « guerre du gaz », qui fera plus de 70 morts. Je pense que j’ai noté cette information parce que j’ai très envie d’aller en Bolivie.

Jeudi 16 octobre, rentrée universitaire (le 16 octobre !!) dans notre nouveau bâtiment rue des Teinturerie. Classe.





Samedi 25 octobre, j’emmène Mia chez mes parents. Une semaine sans enfant et c’est 3 séances de cinéma, un spectacle de danse et un resto ! Nous sommes impressionnés par The Cost of Living de la compagnie DV8 Physical Theatre, qui comme son nom l’indique met en scène des corps déviants. Le danseur homme-tronc David Toole en est le protagoniste principal.

Samedi 1er novembre, retour à Lyon. Je dessine ici l’impressionnante installation militaro-sexuelle de Mike Kelley et Paul McCarthy présentée à la Biennale de Lyon au MAC. Waou ! Après ça, Cosmodrome de Dominique Gonzalez-Foerster, à l’esthétique chic, semble bien fade au Rectangle, place Bellecour.

Lundi 3 novembre, je note «Emma commence le travail». Quittant le monde du cinéma, elle intègre l’équipe de Cité Culture (à la cité internationale universitaire de Paris). Où elle apprend très vite qu’il n’y a plus de budget.

Dimanche 9, nous avions décidé, entre artistes/enseignant·es de la fac d’Amiens, de nous réunir dans les ateliers des chacun·es. Ce jour-là, nous allons jusqu’à Friville Escarbotin, chez Denis Pondruel.

Samedi 15 novembre, mythique fête Moustaches et bigoudis chez Alain K. Grosse soirée. Le dress code est simple : une moustache ou une mise en pli (avec ou sans bigoudis). Ceux qui arrivent sans moustache doivent accepter qu’Alain lui la dessine au marqueur indélébile (un seul refus qui a fait demi-tour). Succès évident pour la moustache, mais résultat décevant pour les bigoudis (malgré des heures d’effort, certains cheveux n’y arrivent pas, n’est-ce pas Christine D. ?). Ce qui est drôle c’est que le lendemain, alors que nous essayons de nous raconter la soirée, nous nous heurtons à des phrases du genre : « mais si, tu sais, c’est le mec qui avait une moustache ! ». Aujourd’hui, cette thématique paraît bien binaire… et je ne me souviens pas qu’il y ait eu des filles avec moustaches et des gars à bigoudis (j’aurais eu beaucoup de mal). Une soirée de boomer quoi.

Sur le dessin, de gauche à droite, Eric C, myself, Alain K, Christophe, Éric V. Au-dessus, Nadia, Emma et ?

Dimanche 16, fin de saison pour Urgences. Qu’allons-nous faire le dimanche soir ??

Samedi 8 mai, Mia tombe sur une chaise qui garde la trace de sa dent plantée dans le bois. Ouch !

Lundi 10 mai, vernissages des Félicités aux Beaux-Arts de Paris. Je dessine l’installation vidéo d’Isabelle Ferreira. Je crois que c’est cette année que j’avais remarqué les sculptures étonnantes de Guillaume Constantin (j’ai le souvenir d’une sorte de frigo).

Mercredi 12 mai 2004, les premières photos de torture dans la prison d’Abou Ghraib commencent à circuler. Je ne sais pas pourquoi je l’ai noté ce jour-là car les images ont été publiées le 28 avril par CBS. Amnesty International avait dénoncé dans un rapport les violations des droits de l’homme dans la prison américaine dès l’été 2003. Mais ce sont ces images prises par des soldats avec leur téléphone qui font surgir l’horreur au grand jour.

Jeudi 13 mai, Jeune création organise une projection de vidéos au Divan du Monde, sur 3 écrans en demi-cercle. Invité à y participer, je monte la vidéo Love Train 4 (tournées dans les appartements des amis les semaines précédentes) de manière à proposer 3 séquences différentes, projetées simultanément en triptyque.

Samedi 15, je ne sais manifestement pas dessiner un lama.

Dimanche 16, je n’arrive décidément pas à orthographier correctement notre cantine de Belleville Wenzhou (qui ne précisait pas encore « chez Alex »).

Semaine du 17 mai, petit croquis de Collioure où je ne crois pas être retourné depuis. Achat d’épuisettes pour Rob, Leo, Mia et Sim jeudi 20.

Nous informons Mia qu’il y a un être à venir dans le ventre de sa mère le vendredi 21.

Mardi 25, nous observons l’intérieur du ventre d’Emma avec Mia, et c’est plutôt émouvant.

Vendredi 28, Anne-Ga et Paco nous rejoignent (de Brest) à Noirmoutier.

Samedi 29, je ne dessine pas les araignées de mer, ce qui me fait mentir par rapport à la « tradition » annoncée plus haut. 

Mardi 16 décembre. À l’occasion de la sortie du dernier numéro de la revue AREA (du trouble Alin A) à laquelle je participe, je présente une installation vidéo dans « La réserve » (chez AA).

Samedi 20 décembre 2003, j’apprends la mort de ma grand-mère. Ce n’est pas une surprise, elle était tombée et souffrait beaucoup de multiples fractures qui ne guérissaient pas. La veille, les médecins ont proposé d’augmenter la dose de morphine pour la soulager de la douleur, au risque d’un arrêt du cœur. J’ai compris ce jour-là que c’est ainsi que la médecine française aide à mourir légalement. Et c’est une bonne chose.

Lundi 22 décembre, drôle d’expérience. Nous passons l’après-midi puis la matinée du lendemain auprès du corps de ma grand-mère. Un grand nombre d’habitants du village de Saint Symphorien-sur-Coise passent en visite. Je ne connais personne. Chacun parle un peu de la défunte, beaucoup d’eux même. Ma grand-mère avait tenu un bar-coiffure sur la place centrale du village, repris par Maurice son fils aîné, qui veille avec nous et connaît tout le monde, lui.

Les journées suivantes enchaînent les festivités de noël à Paris, puis Noirmoutier, puis Lyon, avec l’invasion de la dînette dessinée ici. Tandis que la terre tremble en Iran…

La semaine suivante se passe autour du poêle du chalet de Luth. Et l’arnaque du siècle le soir du 31 décembre : nous avançons les horloges pour pouvoir coucher les enfants dès 23h en leur faisant croire qu’ils avaient eu la permission de minuit. « Ça se fait trop pas » nous ont-ils dit quand on leur a révélé la forfaiture quelques années plus tard.

Vendredi 9 janvier, Lola fête son anniversaire chez Cédric K. Je suis impressionné par l’appart et surtout les sushis à volonté proposés pour le buffet. La fête est belle donc le lendemain difficile.

Samedi 10, Sarah est enceinte. Et Mia est à nouveau malade.

Mardi 13 janvier 2004, je dessine Mia dans notre lit, malade.

Samedi 17, après la belle expo d’Eija-Liisa Ahtila à l’Institut Finlandais, j’entre dans le Couvent des Cordeliers pour « Ailleurs, ici ». Je suis seul dans une salle occupée par une installation de Didier Faustino, surveillée par deux gardiens en costumes. Soudain les gars se mettent à danser autour de moi en chantant Oooooh this is so contemporary, contemporary, contemporary ! Puis se rassoient. Wouaou. C’est ma première expérience d’une œuvre de Tino Seghal. Je la reverrai 10 ans plus tard dans le pavillon allemand de la biennale de Venise et ça n’aura plus rien à voir. Des duos de gardiens enchaînent la performance autour des visiteurs qui défilent, il fait très chaud, on a de la peine pour eux, il n’y a plus rien de la magie suspendue de ma première expérience.

Dimanche 18, nous continuons la visite des ateliers des collègues, chez Michel Séméniako. Fabien Lerat expérimente un objet de performance.

Mercredi 21. Le mercredi après-midi, nous passons très souvent au Centre Pompidou. La grotte de Dubuffet devient la grotte de Mia.

Mercredi 28, Thomas Hirschhorn transforme la galerie Chantal Crousel en chalet Suisse, avec du scotch et des cartons mais aussi un usage inhabituel de peinture pour dessiner les veines du bois. Efficace. Puis nous retournons à Beaubourg.

Samedi 31 janvier 2004, nous avons plein de trucs à fêter avec la familia dans le chalet ASPPT du Grand Bornand.

Vendredi, spectacle d’Akram Khan que nous rangeons lui aussi dans la catégorie « élégant ennuyeux » (avec Preljocaj et Larbi Cherkaoui).

Samedi 7, nous regardons Mods de Serge Bozon. Bozon est passé par le lycée Lumière à Lyon mais nous ne nous sommes pas croisés. Julie Desprairies a fait la chorégraphie de cet OVNI cinématographique, tourné dans la Cité Internationale ou bosse Emma (et où elle a rencontré Julie).

Dimanche, découverte des jeux de lumière du photographe Philip Lorca-Dicorcia, qui donne des airs hollywoodiens à des scènes de rue, par l’usage d’un éclairage déclenché au moment de la prise de vue. Le soir, je termine Pastorale américaine de Philip Roth. Il faut bien lire puisque la saison d’Urgences est terminée.

Samedi 14 février 2004, Martina et Delphine fêtent leurs 30 ans chez Alain K. Retour à 4h et ça semble tendu avec Emma (aucun souvenir).

Lundi 16, Mia a la varicelle.

Mardi 17 février, Playlist au Palais de Tokyo. Pour annoncer l’exposition, une planche d’autocollants évoquant chaque artiste a été diffusée. Ici, j’ai mis le sticker de Jonathan Monk (série « Waiting for famous people ») et un autre le 24 février (Bruno Peinado).

Mercredi 18, « Mia a des verres » (lire « vers » bien-sûr). Elle appréciera aujourd’hui cette attention pour l’état de ses intestins.

Jeudi 19, C’est la première fois (et dernière) que j’associe mes étudiant.e.s à un de mes projets artistiques, une vidéo avec train électrique Lego, pour une expo que nous sommes en train de concevoir avec les collègues.

Samedi 21, je me souviens encore précisément de ce terrarium de Miltas Manetas à la Cosmic Galerie. Le peintre qui peuple ses tableaux de joysticks et consoles de jeux, y a mêlé des serpents jaune et noir et des câbles électriques. J’ai vu les serpents seulement quand l’un d’eux s’est mis à ramper entre les fils.

Dimanche 22, retour de fête compliqué même si Mia nous fait la grâce d’une grasse matinée.

Jeudi 26 février, vernissage de l’expo « Mon manège à moi » par Laurent Quenehen, dans la galerie Éof (dessinée ici). Je montre des projections sur velours de plan fixes du parc de Belleville filmés depuis mon 16e étage. Angelika Markul, qui présente une belle installation, vient visiter l’expo avec son ancien prof Christian Boltanski, que je rencontre à l’occasion. Fier de ses mots.

Vendredi 27 février 2004, concert de Fantazio au China Club, sinistre lieu.

Mon vélo est vieux : je l’achète ce 29 février 2004 chez Décathlon. Toujours vaillant.

Lundi 1er mars 2004, Jean-Bertrand Aristide, le prêtre des pauvres, président d’Haïti pour la deuxième fois, est chassé par un coup d’état soutenu par les Etats-Unis, après un bilan décevant.

Mercredi 3 mars. Je fais une grossière erreur en nommant AZT (le médicament anti-VIH) le groupe terroriste AZF (comme l’usine de Toulouse) qui place des bombes sur le réseau ferré contre demande de rançons.

Le lendemain, mort du toulousain Claude Nougaro. Coïncidence ?

Mardi 1er juin, nos nouveaux voisins Frédéric et Camille obtiennent un autre logement de la ville de Paris… alors ils nous donnent la cloison qu’ils venaient de construire pour diviser leur double living. Nous allons avoir une vraie chambre isolée du salon.

Jeudi 4, accrochage dans mon atelier de Montreuil, en vue de la visite de Cécile Bourne Farrell, rapporteuse DRAC, le lendemain. J’ai demandé une aide. Je ne l’ai pas obtenue.

Dimanche 6. Lionel retrouve un journal télé d’Antenne 2 de 1987 sur le site de l’INA. À Lyon, quelques journalistes étaient montés dans notre car jusqu’à Paris pour la grande manifestation contre le projet Devaquet. Je n’avais jamais vu le reportage diffusé ce même soir mais je me souviens parfaitement du moment où Laurent G est interviewé. En voyant les images, je me rends compte que ma mémoire a complètement déformé mon souvenir. J’ai vieilli son visage de manière à le faire ressembler à une version « jeune » de ce qu’il est aujourd’hui. Sauf que le lycéen qui parle au journaliste, avec sa mèche new-wave devant les yeux, est vraiment un gamin. Mais vraiment. Il n’a rien à voir avec le Laurent adulte devant moi, 17 ans plus tard. J’ai compris ce jour-là que les images souvenirs qui semblent les plus figées dans nos mémoires sont en fait totalement reconstruites. Sentiment de trahison.

Mercredi 9 juin, anniversaire surprise d’Emma au Coin de Verre, ce restaurant de la rue Sambre et Meuse qui n’a pas de devanture, aujourd’hui fermé.

Samedi 12 juin 2004, l’Université française doit appliquer le processus de Bologne en se calant sur le principe Licence-Master-Doctorat. Nous organisons une première réunion au café Beaubourg, sans Daniel qui est à la maternité car Gaspard est né.

Jeudi 24 juin, nous empruntons la voiture de Frédéric et Camille et allons à Pomeys. En route, nous écoutons le quart de final de la coupe d’Europe, où l’Angleterre est éliminée par le Portugal parce que David Beckham rate son tir au but.


Vendredi 25, retour dans l’appartement de ma grand-mère où nous faisons venir un antiquaire puis Emmaüs pour vendre et donner les meubles. La maison est vidée et je me souviens encore de chaque objet, chaque bibelot, chaque odeur.

Lundi 28 juin Mia reste chez mes parents, à nous le cinéma et les resto (R. Depardon/sashimi, Hong Sang-Soo/nems, Doillon/raviolis, A. Cavalier/?).

Jeudi 1er juillet, j’achète mon premier téléphone portable !! Mon premier? En 2004?

Vendredi 2 juillet 2004, Marlon Brando est mort (la veille). J’ai parfois pensé que son charme troublant aurait pu avoir raison de mon incurable hétérosexualité.

Samedi 3 juillet, soirée soupe chinoise. Depuis le balcon, nous suivons une dispute entre un mec agressif et le groupe qui traine au pied de l’immeuble d’en face (ceux que j’ai souvent filmés). Le gars s’en va, puis fait demi-tour et repasse devant la cité. 5 ou 6 personnes encapuchées sortent alors de nulle part, vident une gazeuse sur son visage et le tabassent au sol à coup de pied, sous nos yeux,16 étages plus bas. Ça ne dure pas plus de 20 Secondes. Il reste sur le trottoir, des voisins lui apportent de l’eau jusqu’à l’arrivée des pompiers. Glaçant.

Lundi 5, je récupère Mia à Lyon et file à Diemoz chez Pierre et Christine (en dessin, la vue de la piscine depuis la chambre d’Anouk).

Vendredi 9, Mia se réveille en hurlant qu’une baleine l’attaque dans son lit. Elle a vu les aventures du poisson Némo la veille, trop flippant (elle est toujours aussi sensible aux images aujourd’hui). 

Mercredi 21, je n’ai pas dessiné Sous vent d’Annette Messager au Couvent de Cordelier : c’est indessinable. Car dans cette installation, rien n’est vraiment visible, les objets (parmi lesquels des masques d’hommes politiques, vocabulaire peu « messagériens »), sont seulement devinés sous un voile de soie noire qui se gonfle par vague. Elles étaient bien, ces expos au Couvent des Cordeliers, devenu aujourd’hui une sorte de salle polyvalente.

Jeudi 22, découverte de Paris-plage et petit croquis avant la pluie.

Jeudi 23, départ à Noirmoutier avec Nadia. Julien nous rejoint vendredi, avec sa guitare.

Lundi 26 juillet, pêche à la palourde minable. J’ai progressé depuis.

Croquis de la plancha nouvellement installée par Alain. Elle est encore là aujourd’hui.

Vendredi 30 au soir, Emma est en colère, je ne me souviens plus du tout pourquoi.

Agendas # 13 - 2003/2004


Lundi 2 août 2004, échographie et tout premier portrait d’Olga (nous n’avons pas encore choisi son prénom, nous venons tout juste d’apprendre son genre biologique).

Dimanche 8 août. En arrivant à Marrakech, Thomas se rend compte que son passeport est périmé. Le douanier lui fait comprendre que pour 20€, il fermera les yeux. Nous prenons ensuite la route jusqu’à Essaouira. Olga fatiguée mais excitée par le voyage parle tout au long du parcours. Marie, Pauline, Sandy et Angèle sont déjà sur place.

Jeudi 19 août, croquis de la vue de la terrasse pendant la sieste.

Samedi 21, retour à Marrakech. Emma enceinte est éprouvée par la route et la chaleur, elle reste à l’hôtel pendant que nous découvrons l’animation de la place Jemaa El-Fna avec Mia.

Idem dimanche 22, avant le vol retour pour Paris, Emma se repose et je vais me perdre dans le Souk avec Mia sur les épaules, ce qui est un génial moyen de déambuler, parler avec les vendeurs, sans harcèlement commercial.

Lundi 23 août, semaine de vélo au départ du Vigan. Quand j’avais expliqué notre parcours à Tom qui connaît bien la région, il avait rigolé. Je comprends pourquoi. Mardi, pour rejoindre Lanuéjols, nous commençons tout simplement par 21km de montée. À froid. Au col, en attendant Eric et Pascal fous de rage de ne pas avoir été attendus plus tôt, Florent me demande de lui raconter Nelson Goodman. On s’occupe comme on peut.

Vendredi 27, montée sur le magnifique Causse Méjean.

Dimanche 29 août 2004, retour à Nantes par train couchette pour être à temps à Noirmoutier, voir Mia souffler ses trois bougies.

Dans le revers de l’agenda, l’invitation pour la soirée vidéo Jeune création au Divan du monde. Sur la couverture de l’agenda, deux images extraites de la vidéo Love Train que j’ai montré là-bas.

Lundi 17 novembre, deuxième automne à la crèche et Mia est toujours aussi souvent malade. Emma bosse alors je la garde souvent à la maison. Mes journées sont rythmées par Midi les Zouzou et le grelot de Oui Oui.

Vendredi 21 novembre. Pierre Mabille m’a prévenu que Pierre Ardouvin, son voisin d’atelier à Montreuil, cherche à partager le sien. Je visite les lieux et nous tombons d’accord pour cohabiter. Youpi, j’ai un atelier !

Mercredi 26, Mia est toujours ou à nouveau malade…

Vendredi 28, dans Projet de Xavier Leroy, des personnes jouent à des jeux de ballons dont nous ignorons les règles. Divisés en équipes identifiées par des vêtements de couleurs plus ou moins superposés, les séquences se terminent par un coup de sifflet et l’annonce de scores. C’est déroutant, amusant, et je me souviens être sorti du Théâtre de la ville en me disant : quel culot de proposer cela comme spectacle de danse ! C’est mon premier Xavier Le Roy.

Samedi 29 : Laurent Quénéhen propose une programmation vidéo à la Maison des métallos, l’occasion pour moi de montrer Love Train 3.

Jeudi 4 décembre, Olivier Michel expose à la Maison de la Culture d’Amiens. Françoise Parfait et Olivier Grasser ont aussi inventé un nouveau rendez-vous, « Lèche vitrine » : projection nocturne d’une œuvre vidéo visible toute la nuit depuis l’extérieur. Ce soir-là, Maïder Fortuné présente Everything is going to be alright où elle a cadré un homme qui saute sur un trampoline dans un white cube, en coupant tous les moments de rebond pour monter bout-à-bout seulement les chutes et les ascensions.

Samedi 6, nous fêtons chez nous quelque chose (?), avec Pascale, Matthieu, Alain et Nathalie T. Quel qu’en soit la raison, le lendemain est difficile. Je dessine Emma qui fait la sieste.

Vendredi 12, premier (et dernier je crois) spectacle d’Angelin Preljocaj que nous allons voir. Je n’en ai presque aucun souvenir sinon celui d’une esthétique élégante et ennuyeuse sur une musique de Air.

Dimanche 14 décembre 2003 : Saddam Hussein a été capturé dans une cachette souterraine au sud de Tikrit. Les images qui le montrent hirsute, se faisant ausculter les dents et les cheveux par un médecin de l’armée américaine, sont sidérantes.