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Dans le revers de ce 16e agenda, la fausse carte internationale de journaliste périmée qu’Éric C m’avait envoyée depuis Bangkok (avec une vilaine imitation de ma signature).
Sur les pages « emploi du temps », un aide-mémoire de la position des pions de backgammon, dessiné dans un café chypriote.
Je me suis trompé d’une semaine pour commencer cet agenda alors j’ai corrigé manuellement les dates. Cela libère une double page pour un croquis.
Jeudi 24 août 2006, à notre arrivée à St Gervais-sur-Mare, au 3e jour de notre traditionnelle rando cycliste, nous constatons que le gîte n’est pas exactement où nous pensions qu’il était, mais 600m plus haut dans la forêt. Dur. Le patron y a longtemps vécu seul avec sa mère atteinte d’Alzheimer. Un peu sympathique, un peu alcoolique, il nous fait une tarte au pastis, des tours de magie gênants, des blagues sexistes puis racistes. Pas du tout sympathique en fait.
Jeudi 25, après une journée de pluie, nous arrivons dans un gîte tenu par une famille un peu misanthrope, et beaucoup complotiste, abonnée à une surprenante revue Nexus (dont je dessine la couverture « La science nous ment »). Le père fait du Quad et pense que le monde est peuplé de 99% de couillons. Il pleut. La Salvetat ne nous fait pas rêver. J’ai vidé le ballon d’eau chaude. Mon pneu est crevé. Blues. Heureusement Gilles anime notre journée en relevant le défi de descendre vers le lac à pied, vélo sur l’épaule. Absurde donc joyeux.
Samedi 26 ou dimanche 27 août, Sébastien lance un débat sur Philippe Descola, qu’il trouve peu intéressant, tandis que Gilles ou Eric défendent le contraire. La discussion dure longtemps et je n’interviens pas parce que je ne connais pas du tout Descola. En fin de discussion, Sébastien avoue qu’il ne l’a pas lu non plus.
Lundi 28 août, retour à Noirmoutier pour fêter le lendemain les 5 ans de Mia.
Mercredi 11 octobre, Pierre s’est laissé pousser la barbiche façon Perec, pour un résultat… étonnant.
Samedi 14 octobre, nous partons avec Mia, Daniel et Valentine à Amiens en bus-navette pour une tournée des expos de tous les lieux culturels de la ville. Les filles jouent dans le brouillard de la belle installation d’Anne Veronica Janssens dans la galerie de l’ESAD.
Vendredi 13 octobre 2006, le concert de Pere Ubu au Nouveau Casino, où D. Thomas a de violentes quintes de toux entre deux gorgées de bourbon et est très énervé par le médiocre groupe d’ouverture, Frigo (JC Menu en témoignera dans sa BD Loop Groove).




Mercredi 7 mars 2007, petit croquis d’un de ces drôles d’appareils qui habitent les jardins d’enfants, ici celui du Parc de Belleville.
Mardi 13 mars, Olga a attrapé le virus pied-main-bouche qui porte ce nom à cause des irruptions localisées à ces endroits.
Lundi 19 mars 2007, départ pour Chypre à l’occasion de la dernière étape du projet Crossings, avec quelques étudiant·es. Même si nous connaissions son histoire, découvrir la réalité de la division de Nicosie, les miradors, sacs de sables et buffer zone, est un vrai choc. Petit croquis de Françoise Coblence pendant une partie de backgammon dans un café du vieux centre. Brent Klinkum arrive le soir. Triste d’écrire leurs deux noms alors qu’elle et il ne sont plus de ce monde.
Mercredi 21 mars 2007, jour de la naissance du projet Suspended spaces. Enfin non, pas encore vraiment, mais disons que c’est le jour de l’expérience originelle : la découverte avec Daniel et Françoise, non sans difficulté, de la « ville fantôme » à Famagusta, dans la partie nord de l’île. De cette expérience pleine d’émotion et de points d’interrogations naîtra le projet dans les prochains mois. Arrivée de Nasan Tur, Yourgos Sapountzis, Phanos Kyriacou, Joseph Dadoune, Fabrice Flahutez…
Jeudi 22, Retour au Centre d’Art. Le bassin de mon installation fuit. Le soir, Daniel et Joseph dansent. En toute fin de soirée, nous restons longtemps à discuter devant l’hôtel Averof, avec Brent, Daniel, Fabrice et Androula, qui me compare à un kangourou, je ne me souviens plus pourquoi.
Vendredi 23, vernissage de l’exposition. Didier Courbot organise un free market.
Samedi 24, nous montons sur une tour pour une vue panoramique sur la partie nord de la ville que je dessine rapidement ici.
Dimanche soir, champagne chez Sarah et Stéphane pour la naissance de Marius. Sarah, troisième amie décédée dans une même semaine d’agenda.
Samedi 31 mars, projection du premier film de Lola, au Cinéma des cinéastes pendant qu’Hervé garde les filles.
Mardi 3 avril 2007, mon petit croquis indique que Sandy et Marie sont enceintes.
Mercredi 4, mon petit croquis indique que Lola est enceinte.
Le soir, j’écris que Martina est enceinte. C’est de saison semble-t-il.
Dimanche 8 avril, visite du zoo de St Martin-la-Plaine pour lequel nous avions un attachement particulier. Créé par un couple avec des animaux recueillis et soignés (suite à des abandons, des guerres ou saisis par les douanes), sa grande serre des gorilles vient d’ouvrir et la rencontre avec ces presque humains est toujours terriblement troublante. Alexis, premier gorille du parc, est mort 6 jours plus tard. Je ne sais pas si c’est lui que j’ai dessiné.
Mardi 10 avril, j’indique la mort de Sol LeWitt en imaginant une tombe de son style. Il est en réalité décédé deux jours plus tôt.
Lundi 16 avril, Cho Seung-Hui, étudiant en lettres, exécute une trentaine d’étudiant.e.s au pistolet dans son Université Virginia Tech, 8 ans après la tuerie de Columbine. Je ne m’en souviens pas.
Jeudi 19, la chatte a fait 5 petits, que le voisin viendra discrètement faire disparaître dans les prochains jours, sans nous demander notre avis. Mais à qui est ce chat ?
Lundi 23 avril, mort de Boris Eltsine. Je le dessine avec une bouteille de vodka. À bien y réfléchir, il est à l’origine de l’état actuel de la Russie, avec des privatisations sauvages au profit d’une bande d’oligarques, la corruption généralisée, la première guerre de Tchétchénie et l’arrivée au pouvoir de Poutine. On connaît meilleur bilan.
Mercredi 25 avril, encore un croquis des appareils du square de Bellleville.
Le soir, nous voyons pour la première fois Charlotte sur scène, dans une pièce de Thomas Bernhard montée par Blandine Savetier à la Colline. Je me souviens d’un rôle assez muet et plutôt burlesque.
Samedi 28, Olga fait sa première performance actionniste trash.
Dimanche 29 avril, la fête des tulipes à St Denis est perturbée par la pluie. Je ne me souviens ni de cette fête ni du trio de théâtre de rue que je dessine ici.

Samedi16 septembre, enchaînement tomates farcies - fête d’anniversaire de Mia -fête chez Alain K. Sieste méritée dimanche. Tiens à cette époque, nous faisions des réunions du centre de recherche le dimanche !
Jeudi 21 septembre 2006, binge-watching de la série 24h. Je me souviens une sensation nouvelle à la fin de cette série : le sentiment d’avoir vécu une expérience fabriquée, sans réel intérêt. Du temps passé pour une forme qui n’a pour seule qualité que de nous tenir en haleine.
Samedi 23 septembre, je commence des cours de guitare dans un cours collectif aux Amandiers (devenu Plateaux Sauvages). C’est une vielle frustration que de ne pas savoir en jouer mais je galère avec mes cordes inversées pour gaucher.
Mercredi 27 septembre, vernissage de Jeune création à la Bellevilloise, mes potes Matthieu et Alain ne sont plus dans l’équipe, est-ce pour cela que je n’ai aucun souvenir de cette édition en deux parties, comme la précédente ? Ni même de son titre « Riches… » (« …Célèbres » plus tard).
Vendredi 29, Adel Abdessemed expose au Plateau Practice Tolerance Zero, un impressionnant moulage échelle 1 en céramique d’une voiture calcinée. Son chef d’œuvre ?
Lundi 2 octobre, en fin de la séance Vidéo & Après en hommage à Nam June Paik au centre Pompidou, Jean-Jacques Lebel casse un violon sur la scène. Un peu poussive, pas très étonnante, la performance est fade au regard de la malice contagieuse de Paik.
Dimanche 8, octobre repas chez Sarah (enceinte) et Stéphane, et petit croquis de leur appartement du haut Belleville.
Mardi 1er mai 2007, sieste obligatoire au lendemain de l’anniversaire de Serge, puis échouage collectif au Parc de Belleville.
Mercredi 2 mai, je dessine la vidéo Guitar Drag de Christian Marclay (2000) où l’artiste filme une Fender Stratocaster attachée par une corde à l’arrière d’un pick-up, trainée au sol comme un corps supplicié tandis qu’une enceinte fait entendre le son du lynchage de l’instrument. Juste.
Le soir, débat de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle : Ségolène Royal défend sa « colère saine » face à Nicolas Sarkozy.
Samedi 5 mai visite au Palais de Tokyo (sculptures moisies et habitées en peaux d’oranges de Michel Blazy).
Dimanche 6 mai 2007, après un pique-nique au Buttes-Chaumont (croquis), nous assistons accablés à la victoire de Sarkozy, fêtée place de la Concorde avec une brochette de personnalités toutes aussi moisies mais moins habitées que les oranges de Blazy, consacrée par la performance apocalyptique de Mireille Mathieu. Le cauchemar a commencé.
La semaine suivante, Sarko se repose sur le yacht de Vincent Bolloré, ce qui est déjà un scandale, alors que nous ne savions pas encore que le milliardaire était aussi crypto-fasciste.
Jeudi 10 mai, dans l’expo Logique du rêve éveillé aux Instants Chavirés, Rufus se jette la tête la première sur un gros tuyaux et part aux urgences.
Samedi 12, j’emmène Mia à la Manufacture de Sèvres où Julie Desprairies présente une étape de travail dans les ateliers de céramique. Des danseuses reprennent les gestes experts des artisans dans un parcours tout en finesse et poésie. Je me souviens de cette chorégraphie des mains qui prolonge celle du chef d’atelier lorsqu’il trempe des objets dans le bain d’émaillage et veille à faire tomber la dernière goutte.
Jeudi 17 mai, départ en Bretagne avec Matthieu & Pascale’s Family, pour un week-end de l’ascension à Étables-sur-Mer. Petit croquis du barbecue au fond du jardin et de la plage de Bréhat beaucoup plus belle que ce dessin. Dimanche 20-lundi 21 : plus jamais de départ en grand week-end par la route.
Mercredi 13 décembre, vernissage au Plateau. Il m’arrive de ne pas noter complètement une information dans l’agenda et de compléter plus tard, lorsque j’ai sous la main le titre exact d’une expo par exemple. Mais là, je n’ai jamais rempli la case « vernissage ». C’était pourtant une expo collective dont j’ai quelques souvenirs, Sudden Impact. Avec des œuvres de Pierre Bismuth, Antony McCall, Michel Blazy, Bruno Peinado, Walter Niedermayr. Encore une expo pleine de mecs, c’est dingue comme ça saute aux yeux aujourd’hui alors que ça n’était relevé par personne en 2006.
Vendredi 23 décembre, je termine la compil de noël de Mia. C’est peut-être sa première ? En tout cas ce sera bi-annuel jusqu’à aujourd’hui encore.
Bouffe chez Christophe et Cécile, Pekka marche !
Lundi 25 décembre, James Brown est mort.
Mercredi 27, retour à Lyon, je dessine le lavoir dans le jardin de la maison de mes parents, où j’ai tellement joué enfant.
Jeudi 28, nous avons tous très froid dans le square de la Croix Rousse.
Vendredi 29 décembre, Mia joue dans les faisceaux des projections d’Anthony McCall (encore lui) à l’IAC de Villeurbanne.
Samedi 30 décembre 2006, la pendaison de Saddam Hussein est filmée au téléphone tandis qu’on entend des spectateurs crier Moqtada ! (du nom du leader chiite Moqtada al-Sadr). J’ai l’image en tête, donc le film a dû circuler.
Mardi 2 janvier 2007, départ pour Noirmoutier, pour un séjour dans l’appartement des grands parents d’Emma à L’Herbaudière (dessiné ici).
Jeudi 4 janvier, fin de la saison 2 de Six Feet Under.
Dimanche 7 janvier, repas chez les grands parents à Barbâtre pour les 81 ans d’Armande. Croquis d’Isham qui dort, et aussi de Mia, Olga et Emma sur le canapé.
Jeudi 11 janvier 2007, je repeins la galerie de l’ESAD avec des étudiant·es pour une exposition parallèle à Crossings, organisée par Androula. Le soir, je termine l’écoute des sons proposés par Serge pour mes vidéos qui seront exposées dans l’espace Camille Claudel.
Samedi 13, Olga est malade après une semaine de crèche (habituel) et Mia a une dent qui pousse derrière la première rangée (moins habituel). Sa cousine Léonie avait vu sortir une dent au milieu de son palet. Sans doute le caractère requin de leur patrimoine génétique.
Mardi 16 janvier, semaine consacrée au montage de l’exposition Crossings accompagnée d’un colloque (où je dessine Bertrand Gervais alias Paul Ardenne et Yiannis Toumazis). Le motif qui occupe la double page est l’identité graphique inventée par un étudiant de l’ESAD pour la manifestation.
Samedi 20, les ami·es viennent aux vernissages amiénois en bus navette, squatté ce jour-là par des pique-assiettes qui ont repéré l’activité gratuite. Le retour sera épique : un couple alcoolisé se bat, le conducteur doit arrêter son car. Après ce voyage cauchemardesque, les navettes depuis Paris ont été supprimées. Serge n’est pas content de la qualité du son dans ma projection vidéo et il a raison. Une bonne partie de son travail est inaudible.
Dimanche 21, nous pensions rester un peu pour profiter du fait que les filles étaient gardées par mes parents, mais après avoir libéré la chambre d’hôtel, nous constatons que tout ou presque est fermé à Amiens alors nous sautons dans un train et retournons manger une phô à Belleville. Ouf !
Lundi 22 janvier 2007, L’abbé Pierre est mort. L’omerta aura duré longtemps quand même !
Mercredi 24, visite de Mia chez un pneumologue pour sa toux incessante.
Vendredi 26, la radio et la prise de sang révèlent dans ses poumons une atélectasie du lobe moyen. Je fais l’erreur d’aller sur internet qui m’informe qu’elle est causée par une forte pneumonie (mais Mia n’a pas de fièvre) ou par un cancer. Panique. Je passe une des pires nuits de ma vie, je crois.
Lundi 29, la prise de sang révèle que Mia a une vilaine bactérie. Chiant mais pas si grave. Ouf.
Lundi 5 février 2007, les cours à Amiens sont banalisés toute la semaine pour des programmes à partir de la collection Nouveaux Médias du Centre Pompidou. Dans l’amphi bondé, François Michaud montre des vidéos de Vito Acconci qui s’écrase une tomate sur le sexe ou se plâtre l’anus. Sans trigger warning, inimaginable aujourd’hui. Lundi matin, c’est costaud.
Le soir, je file au Centre Pompidou : Dan Graham (himself) présente Rock My Religion dans une salle pleine (je suis assis par terre), vidéo mythique que je présente justement jeudi 8 (avec Dara Birnbaum, Raymond Pettibon, Sadie benning, Cameron Jamie et Mark Leckey).
Le programme de la semaine est génial et cette organisation collégiale enthousiasmante n’est pas étrangère à la constitution dans quelques mois du collectif Suspended spaces, avec déjà Françoise, Daniel, Brent, Maïder, Léa, Jacinto,
Vendredi 9, les résultats des examens pulmonaires de Mia ne sont toujours pas bons.
Nous emmenons Brent visiter l’expo Crossings dans l’espace Camille Claudel puis à la Maison de la culture pour un spectacle de Pippo Del Bono. Dans deux ans, Brent sera commissaire de la première exposition Suspended spaces dans cette même Maison.
Dimanche 11 février, l’institutrice de Mia confie la poupée Mémé Bisous aux enfants avec la mission de la prendre en photo dans ses activités. Ce jour-là, elle visite le Musée Picasso.
Samedi 17 février, Olga attrape une varicelle carabinée dont elle garde encore des cicatrices. Les nuits suivantes sont difficiles pour elle comme pour nous.
Mardi 20 février, je dessine la mousse qui déborde en continue des poubelles de Michel Blazy au Palais de Tokyo. Je me souviens aussi des installations de Tatiana Trouvé, dans la période de son travail que je préfère.
Samedi 24 février, double otite pour Olga en plus de sa varicelle géante. Quand ça va pas ça va pas.
Dimanche 25 février, les filles restent à Corrençon avec mes parents et nous retournons à Paris pour une orgie de cinéma. Super expo Fischli & Weiss au Musée d’art moderne.
Jeudi 1er mars, Matthieu est en campagne pour Bayrou. Dur de le lui rappeler aujourd’hui mais je n’y peux rien, c’est écrit.
Mercredi 30 mai 2007, le film Still Life de Jia Zhangke (Lion d’or à Venise) inscrit durablement dans ma mémoire : les hommes de mains qui chassent les derniers habitants des villages inondés par le barrage des Trois-Gorges, la cérémonie toute en lumière oligarchique de l’inauguration. Ces images ont été ravivée l’année dernière par Les feux sauvages (titre pourri) qui se passe aussi dans la région du barrage des Trois-Gorges à partir de rushs de ses précédents films.
Mardi 5 juin, je dépose mes dvd chez Benjamin pour le programme que nous allons montrer à La Générale. Je n’avais jamais revu Benjamin depuis 2007. Drôle de hasard du calendrier, je l’ai croisé la semaine dernière, 18 ans plus tard donc, justement au moment où il apparait dans mes publications rétrospectives.
Samedi 9 juin, fête chez Alain pour l’anniversaire d’Emma. Le lendemain, le premier tour des élections législatives annonce une vague bleue déprimante ce qui ne sera pas vraiment le cas le dimanche suivant.
Mercredi 13 juin, une mauvaise nouvelle va être un tournant de notre vie : Emma n’est pas admissible au concours d’orthophonie de Paris. Notre réaction est beaucoup plus rapide que dans mon souvenir. La formation à l’orthophonie (logopédie) en Belgique n’est pas sur concours alors nous décidons d’aller habiter à Bruxelles pour qu’Emma puisse reprendre ses études. Cinq jours plus tard (lundi 18 juin), des déménageurs viennent repérer nos meubles et mardi 19, nous cherchons des appartements. Ce n’est pas simple : je n’ai jamais mis les pieds à Bruxelles.
Dimanche 24 juin, j’aime tout particulièrement la vidéo de Pierre Huyghe, Streamside Day, vue au Mac/Val, pour la douce bizarrerie qui s’installe dans cette fête de lotissement encore en chantier, qui mêle le merveilleux enfantin et la dépression des banlieues pavillonnaires. Cette mélancolie peuplée d’enfants, de cartons de déménagement, d’une communauté à construire, raisonne peut-être particulièrement avec mon humeur du moment, alors que nous venons de décider de quitter Paris. Joie, excitation et mal au ventre.
Mardi 26 juin 2007, soutenance de Master. Je ne note pas le nom de l’étudiant mais à la vue du petit croquis, je pense qu’il s’agit de Grzegorz P qui est maintenant un collègue maître de conférence à Paris.
Mercredi 27 juin, départ à Bruxelles que je découvre en visitant des appartements. Nous avons demandé autour de nous et on nous avait globalement conseillé de chercher à St Gilles, alors nous obtempérons. Nous inscrivons les filles à l’école. C’est parti.
Vendredi 29 juin, avec Benjamin et Daniel, nous organisons une séance de projection à La Générale, ce squat d’artiste dynamique et mal équipé (je dois aller chercher mon vidéoprojecteur).
Samedi 30 juin 2007, une fête de l’école un peu particulière pour Mia, qui quitte la maternelle de la rue des Couronnes comme toutes celles et ceux de la « grande section », mais qui fera sa rentrée à Bruxelles l’année prochaine.
Jeudi 5 juillet, je quitte mon atelier de Montreuil. Je n’ai jamais repris d’atelier depuis. Nous partons le soir à Noirmoutier pour une arrivée nocturne par le Gois.
À notre arrivée, je dessine plusieurs changements dans la maison : une porte fenêtre coulissante et du lambris dans le salon, une nouvelle fenêtre dans la cuisine, une table extérieure. Un nouveau chauffe-eau ?
Lundi 9 juillet, nous laissons les filles à Marie-Claude et retournons à Paris puis Bruxelles pour continuer à chercher un appartement.
Mercredi 11 juillet, déjeuner avec Carine V que je n’avais pas revue depuis au moins 20 ans.
Jeudi 12, voilà, nous avons un appartement en rez-de-chaussée au 9 rue de Bordeaux à St Gilles. Son propriétaire vient de s’installer dans une sorte de grande maison acheté à plusieurs à Ittre, au sud de Bruxelles, où nous allons signer les documents sur la route de Paris.
Retour à Noirmoutier.
Vendredi 13, j’avais oublié cette cabane en plastique au fond du jardin. Le soir, les Diam’s nous font une nouvelle fois guincher.
Mardi 17 juillet, nous accompagnons Marie-Claude à Nantes : elle repart à Mayotte. Petit tour aux machines de Nantes où l’éléphant a fait son apparition depuis quelques semaines. Le soir, arrivée de Joël.
Dimanche 22, croquis de la maison. J’avais oublié que le bureau avait une simple fenêtre avant d’être agrandie en porte-fenêtre !
Mia perd ses dents et gagne de l’argent.
Agendas # 16 - 2006/2007
Mardi 13 novembre, Olga est malade et Mia vomit dans notre lit. Youpi.
Mercredi 14 novembre, formation FinalCut à la fac, puis réunion avec les étudiant·e·s pour décider d’une programmation quotidienne de vidéos à partir de la collection Nouveaux médias du Centre Pompidou, que nous allons bientôt recevoir en prêt.
Vendredi 17 novembre 2006, Ségolène Royal gagne la première primaire du PS, largement devant Strauss-Kahn et Fabius.
Samedi 18, Manu Rivière expose ses moulages en latex noircies à la mine de plomb.
Vendredi 24, repas chez notre nouvelle voisine Charlotte C. avec la moitié du 17e étage de la tour. C’est la première apparition de Charlotte dans ce carnet je pense.
Beaucoup de colloques organisés par les collègues à Amiens : « L’animalité » (22 novembre) et « Produire l’art » (30 novembre avec Pascal Beausse au micro). Trop peut-être : je note « 10 personnes dans le public » le jeudi…
Samedi 2 décembre, la soirée commence par une fête chez Charlotte puis une fête chez Alain à Bagnolet. Je ne me souviens plus si j’y suis allé seul, mais je rentre à 6h et c’est bien moi qui me lève pour préparer le petit déjeuner des filles à 8h. Hardcore.
Le dimanche termine par une réunion chez Françoise pour travailler sur l’organisation d’une semaine consacrée à la collection vidéo de Pompidou. Je ne devais pas être très brillant.
Mardi 5 décembre 2006, Olga a 2 ans, beaucoup de cadeaux charmants donc cette belle boîte à musique d’une famille de lapins.
C’est la semaine des anniversaires, Mia y passe son week-end.
Dimanche 10 décembre 2006, Pinochet est mort à 91 ans. En 1998 il est arrêté à Londres grâce au juge espagnol Baltasar Garzon pour « génocide, tortures, terrorisme international et enlèvements ». Les procédures judiciaires sont régulièrement suspendues au prétexte de la faible santé et de la « légère démence » du général. Le jour de son anniversaire deux semaines avant sa mort, il déclarait « assumer la responsabilité politique de tout ce qu’il a fait ». Crève charogne.
Mardi 24, petit croquis de Joël et de quelques mulets.
Jeudi 26 juillet 2007, chaque pauvre numéro de ce cirque (dont je n’ai pas noté le nom) est suivi par la vente de diverses marchandises puis un appel au don systématique, tout ça avec des animaux fatigués et malmenés. Sinistre.
Vendredi 3 août : j’avais restauré la voiturette familiale qui rouillait au fond du jardin. Privée de son moteur, elle devient un bel espace de jeu immortalisé dans une vidéo que les filles regardent souvent, où Mia tyrannise gentiment Olga qui résiste plutôt bien, l’air de rien.
Ce jour-là, je roule des makis pour la première fois, alors que je pensais que c’était Stéphane (cuisto) qui m’avait appris à le faire. Mais Stéphane et Sarah n’arrivent que le 5… Mystère.
Samedi 11 août, départ pour Saint-Véran où nous rejoignons ma sœur Annick et ses enfants aux Chalets du Villard (dessinés ici). Dans ce site magnifique, l’ambiance du séjour est bizarre : quelques jours auparavant, Vincent a dit à Annick qu’il la quittait. Les enfants ne sont pas au courant.
Dimanche 19, nous laissons les filles chez mes parents à Pomeys pour finir les cartons à Paris. Mia pleure à notre départ (inhabituel).
Lundi 20 août, il pleut à Paris, internet ne fonctionne plus et nous avons des démarches à faire. Nous allons au Cannibale pour avoir du wifi. Je ne comprends pas pourquoi je note « recherche appart » alors que nous avons déjà signé pour un appartement à Bruxelles.
Vendredi 24 août 2007, Vincent annonce la séparation à Rob, Léo et Sim.
Samedi 25, après une semaine de cartons (et de cinéma, resto et bouffes avec les potes), nous retournons à Pomeys où les filles sont joyeuses de nous retrouver !
Dans le revers de cet agenda, la carte de visite de Brent, au-dessus de ma carte de prof, avec ma jeune tête !
La couverture de cet agenda est customisée avec des autocollants de The Information de Beck (2006). L’album était vendu avec une pochette quadrillée blanche et une planche de stickers.
Vendredi 20 octobre, premier atelier Nouveaux médias de notre nouveau Master, mené à deux avec Françoise P, grâce au regroupement M1 et M2.
Dimanche 22 octobre, je dessine 2 œuvres de 5 milliards d’années, première expo du nouveau commissaire du Palais de Tokyo Marc-Olivier Wahler : les Patman de Michel Blazy et Flying Tape, l’installation d’une bande magnétique suspendue dans les airs entre 4 ventilateurs de Žilvinas Kempinas. Magnétique !
Lundi 23 octobre. James Cameron projette sa vidéo J.0, qui alterne les prises de vue d’une cérémonie qui choisit chaque année une jeune fille pour représenter Jeanne d’Arc à l’occasion d’un défilé à Orléans, et des images inversées d’un concours du plus gros mangeur de hot-dogs. Les bouches qui expulsent des saucisses et les militants fascistes qui paradent font corps avec le mur de son de la musique de Keiji Hano joué live, mais l’ensemble n’est pas si grossier, la jeune Jeanne d’Arc ne manque pas d’une certaine grâce tandis que le gagnant du concours n’est pas l’un des concurrents white trash attendu mais un jeune homme à l’allure d’étudiant. C’est la première fois que je me bouche les oreilles à un concert.
Jeudi 26 octobre, j’ai invité Julien Berthier à participer à un colloque sur la notion de Parasite. Il m’a confié récemment que c’est la première fois qu’il a été invité à une conférence. Je crois que c’est le premier artiste que j’ai invité. En bout de table, je dessine Denis Briand que je rencontre aussi pour la première fois ou presque.
Samedi 28, soirée à l’Atmosphère sur les pentes de la Croix-Rousse. Ca danse sur les tables, je crois me souvenir que c’était Françoise et ses copines institutrices.
Dimanche 29, croquis d’emma qui fait la sieste sur la terrasse de Pomeys pendant que Mia lit derrière.
Vendredi 3 novembre, départ pour Noirmoutier Je dessine le salon.
Dimanche 12 novembre, fin du week-end, Mia vomit dans son lit. Comme Olga lundi 30 octobre. Comme Isham samedi 4 novembre. Les enfants vomissent. On l’oublie. Tant mieux.